La domotique pour gagner en autonomie

Sous le terme de « maintien à domicile », souvent employé pour désigner la domotique, l’électricien/intégrateur doit entendre comment la domotique peut se mettre au service des personnes dépendantes. Cette notion s’exprime dans la filière Silver économie qui a pour objectif global d’améliorer des conditions de vie des seniors. Pour répondre à une partie du problème, il faudra intégrer toutes les innovations offertes par la domotique et ce, selon trois aspects : la mobilité, la santé et l’organisation de l’habitat. Les industriels se sont lancés dans une course effrénée pour simplifier des solutions autrefois hyper-technologiques uniquement maîtrisées par les connaisseurs. Aujourd’hui, la réflexion des industriels doit porter à la fois sur la simplification, l’ergonomie et la compréhension des besoins de cette population afin d’offrir des solutions adaptables à chaque cas et donc chaque domicile. Electricien3e se penche sur cette filière depuis plusieurs numéros afin d’accompagner au mieux les électriciens et les intégrateurs dans cette démarche.

La durée de vie s’allongeant, il n’est pas possible de disposer d’autant de places en établissements spécialisés que de seniors en ayant besoin. Le choix a donc été fait par les gouvernements de tout mettre en oeuvre pour que les personnes âges restent le plus longtemps possible chez elles.

La chute : source première d’hospitalisation
Parmi les accidents de la vie courante, les chutes sont la cause d’environ 4 000 décès par an chez les personnes âgées. Un tiers des personnes de plus de 65 ans font une ou plusieurs chutes par an et le risque de rechute est multiplié par 20 après une première chute. Si la personne âgée a perdu confiance dans ses capacités et vit dans l’anxiété de tomber de nouveau, elle va réduire ses sorties et ses déplacements. Cette attitude, souvent associée à une dépression, entraîne une diminution des contacts avec d’autres personnes, un appauvrissement de sa vie sociale et une forte dépendance vis-à-vis des proches ou des aides à domicile.

Un système complet de détection de chute associant la domotique.
Un système complet de détection de chute associant la domotique.

Dans le cas le plus classique, la position de départ est la station debout et la position d’arrivée est couchée au sol. Mais si la personne anticipe la défaillance, elle peut s’appuyer, s’adosser voire s’asseoir. La chute survient de moins haut et doucement. Les chutes sont donc de natures différentes et peuvent être classées en deux grandes catégories : la chute « lourde » et la chute « molle ». La chute lourde correspond à un changement rapide d’état de la station verticale à la position couchée au sol avec contact brutal avec le sol. La chute molle correspondant à une transition lente de la station debout à une position couchée. Ce genre de chute peut correspondre à différents types de situations. Les causes premières de chute sont les obstacles (objets, tapis, porte-manteau, fil électrique…) en travers du passage.

Chutes : que peut apporter la domotique ?

Détecteur de chute Elsi Technologies.
Détecteur de chute Elsi Technologies.

La domotique peut constituer, en matière d’autonomie, une aide précieuse pour les personnes âgées, seules, handicapées ou dépendantes. Plusieurs dispositifs existent déjà sur le marché et de nombreuses recherches sont encore en cours pour améliorer la qualité de l’analyse. Pour éviter aux individus d’être placés en établissements spécialisés, différentes fonctions peuvent être contrôlées, comme la détection de la chute (perte de verticalité par un mouvement rapide et soudain, impact ou onde de choc au sol), la détection d’une position horizontale prolongée du corps au sol, l’analyse du niveau d’activité de l’individu visant à repérer les arrêts inattendus et prolongés des activités quotidiennes ou des mouvements, le suivi des données biologiques (rythme cardiaque, pression artérielle, température, poids).

Pour cela, les dispositifs de contrôle peuvent être embarqués sous forme de collier pendentif, de bracelet, de boitier ceinture, patch cutané, téléphone portable spécialisé, etc., ou intégrés à l’habitat (détecteurs de présence, capteurs d’impact au sol, caméras….). Rendre un logement « rassurant » et confortable est l’enjeu actuel de la domotique axée aménagement PMR (personne à mobilité réduite). Dans le cas d’un handicap, la multiplication des points de commande et l’utilisation de télécommandes domotiques permettent à l’utilisateur de contrôler son environnement sans avoir à se déplacer.

Déficience cognitive
Les troubles de l’orientation ou de la mémoire peuvent être très déstabilisants pour ceux qui en sont victimes. Des solutions domotiques très simples à mettre en place sont spécialement conçues pour adapter le logement à ce type de troubles. Déjà décrite dans les précédents Electricien3e, l’installation d’un système de balisage lumineux et/ou un système d’allumage et d’extinction automatique des lumières aide la personne à se déplacer dans son logement, la nuit notamment. Pour les personnes souffrant d’Alzheimer, il est préférable d’installer des détecteurs d’inondation, de fumée ou de gaz. Si l’occupant oublie d’éteindre le gaz ou de fermer un robinet, les détecteurs lui enverront un signal sonore ou lumineux et, si souhaité, aux soignants ou autres personnes autorisées. Au-delà d’un certain laps de temps, s’il n’y a pas de mouvements dans la maison (sanitaires, porte du réfrigérateur, chambre, pièce de vie…), une alerte peut être envoyée par courriel, SMS…, en cas de chute et sans perte de conscience, la personne âgée appuie sur un bouton d’appel qui alerte la famille, l’assistante de vie, les pompiers…

Personnes à mobilité réduite : sécurité et confort Qu’il s’agisse d’une personne handicapée ou même d’un très jeune enfant, la domotique apporte des aides essentielles pour assurer la sécurité au quotidien. L’utilisation d’une simple télécommande infrarouge permet de régler la luminosité sans se déplacer jusqu’aux interrupteurs. Un système de transmission téléphonique peut également être installé et un signal d’alerte sera diffusé par téléphone aux proches de la personne en cas de besoin.

Les issues de la maison sont débloquées pour laisser le passage des secours.

L’ouverture et la fermeture automatisées des portes et fenêtres éviteront à la personne de se déplacer trop souvent : il lui suffira de programmer l’heure de la fermeture selon son mode de vie, la centrale domotique s’occupe du reste.

Les solutions domotiques pièce par pièce
La salle de bains
16.2Au-delà de l’installation d’une douche à l’italienne à la place de la baignoire et d’un miroir de plain-pied, il est impératif de sécuriser cette pièce humide propice aux chutes.
Scénario :
Installer des détecteurs de présence et de luminosité ambiante qui déclenchent les éclairages.
Il est intéressant d’installer un lavabo et des WC montés sur vérin, car ils se règlent à la taille de la personne.
Pour détecter les chutes, installer une ou plusieurs réglettes Elsi Technologies équipées de 2 détecteurs de présence s’avère très efficace et peu onéreux.
Contrôle de la température d’eau chaude sanitaire pour éviter les brûlures.

17.1
Le Digicode du futur selon Urmet Captiv.

Les volets
Il est très difficile pour une personne valide d’imaginer la difficulté que représente la fermeture et l’ouverture de volets pour quelqu’un d’affaibli. Chaque année, on compte 250 victimes par défenestration, dont 25 décès et 50 handicaps lourds. Il est impératif de motoriser les volets, que ce soit en termes de sécurité physique, de cambriolage et d’efficacité énergétique.
Scénario :
Associée à une station météo (thermomètre, anémomètre et capteur de luminosité), la domotique permet de fermer les volets en fonction des apports calorifiques du soleil. En hiver, en cas de froid intense et de luminosité faible, les volets descendent. En été, la protection des rayonnements solaires est accrue et maintient une température modérée du logement.

La cuisine
Cette pièce est la plus dangereuse. La majorité des accidents y ont lieu et pourraient être évités.
L’eau chaude sanitaire est à l’origine d’un tiers des brûlures de l’enfant et de nombreuses brûlures très graves des seniors. Le placement des prises électriques s’avère très important pour éviter les électrocutions. Il est préférable de recourir à des prises protégées IP44. 100 décès par an sont dus au monoxyde de carbone et 650 sont causés par des incendies ayant principalement lieu dans la cuisine.
Scénario :
Associé à des détecteurs spécifiques (fumée, inondation, gaz, ventilation, monoxyde de carbone, thermomètre), le système domotique gère la sécurisation du logement. Les détecteurs de présence sont asservis à l’éclairage et à la ventilation pour augmenter la vitesse et éviter les intoxications. En cas d’alerte, ouverture automatique des portes et fenêtres. Des signaux lumineux et sonores peuvent être asservis aux détecteurs, mais également à une alarme. Un contrôle de la température de l’eau chaude sanitaire est souhaitable.

Pièces de vie
Grâce à l’utilisation de sondes de température et de luminosité, le système domotique agit sur l’éclairage, le chauffage et les ouvrants pour assurer un niveau de confort qu’il est difficile d’atteindre avec une installation électrique traditionnelle. Toujours lumineux, toujours à la bonne température, le logement devient un vrai espace de bien-être sans que l’occupant ait à s’en soucier.

16.1Les parties communes
Pour ceux, nombreux, vivant en appartement, se charger des poubelles est un motif de discussion. Mais lorsque les parties communes sont mal aménagées (porte très lourde, minuterie inaccessible…), rendant difficile, voire impossible, toute entrée ou sortie du logement, cela devient un motif de repli chez soi.
Scénario :
Installer un système d’ouverture automatique en cas de porte d’entrée trop lourde
Bien positionner le Digicode. La loi accessibilité impose une hauteur maximale de la pose des appareillages entre 110 et 130 cm pour les lecteurs de badges et les portiers vidéo.
Prévoir une luminosité suffisante pour rassurer, branchée sur des détecteurs de mouvements.

L’impact de la révolution numérique
L’E-santé est un moyen pour répondre aux défis que sont le maintien à domicile d’une majorité de personnes âgées en perte d’autonomie, le nombre croissant de séniors en ville, les pénuries localisées de professionnels ou encore la crise des finances publiques. Cette nouvelle domotique, bien plus abordable, est le fruit de la généralisation de l’Internet haut débit, des tablettes et smartphone, des box domotiques et de l’arrivée massive des objets connectés. Allier domotique, connectivité et objets intelligents permettra de relever le défi du maintien à domicile de la population. Des solutions émergent, comme celle de Vity Technology, sous la forme d’une box reliée à différents capteurs sans fils (tensiomètre, pulsomètre, alarme, détecteur de fumée, bouton de panique…) qui donnent en temps réel et via une connexion ADSL les informations clés facilitant la surveillance de la personne par un médecin ou par ses proches. « Nous travaillons également sur des programmes comportementaux qui seront de véritables relais pour les personnes âgées. Sur la base des habitudes des particuliers, nous pouvons élaborer des scénarios de vie qui seront modélisés dans le fonctionnement au quotidien de la domotique installée au domicile. Nous sommes entrés dans une ère où les objets intelligents révolutionnent notre vie au quotidien » explique Eric Berthaud, PDG de Vity Technology.

Comme le précise Alexandra Bouchet, d’EDT/MDT, « notre entreprise de domotique trouve des solutions pour améliorer le quotidien des personnes à mobilité réduite (PMR), mais ne nous mentons pas, la domotique ne peut pas tout faire. Sans carreleur, peintre, plaquiste, chauffagiste, plombier, maçon, menuisier… l’accessibilité sera embryonnaire. » C’est donc bien un défi qui est lancé à la filière du bâtiment.

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INTERNET CONTRE LA DÉPRESSION

Une récente étude démontre qu’Internet permet aux personnes les plus âgées de surmonter les barrières sociales et l’isolement censés alimenter la dépression. En effet, selon les résultats de cette étude américaine publiée en ligne dans « The Journals of Gerontology, Series B: Psychological Sciences and Social Sciences », utiliser Internet réduirait le taux de dépression des personnes âgées de 30 %, tout particulièrement chez ceux vivant seuls.
Il semble donc nécessaire d’encourager les personnes âgées à utiliser Internet pour chercher des informations, communiquer via des forums, etc., car il peut aider à diminuer l’isolement, la solitude et la dépression.

CALYXIS

Le pôle d’expertise du risque pour la prévention des accidents domestiques et des risques de la vie courante.
Calyxis entend fédérer l’ensemble des acteurs (professionnels de l’assurance et de la prévention des risques, universités locales et laboratoires de recherche, structures nationales, ministères, industriels…) autour d’actions de prévention des risques à la personne et dynamiser les collaborations pour favoriser les échanges. C’est ainsi que l’intégrateur EDT/MDT intervient sur les solutions qu’offre la domotique en matière de prévention des risques.

LES CONSÉQUENCES DE LA SOLITUDE

La solitude causerait deux fois plus de problèmes de santé que l’obésité
Selon les résultats d’une étude américaine, le sentiment de solitude chez les personnes âgées de plus de 50 ans causerait deux fois plus de problèmes de santé que l’obésité. L’étude a été menée par des chercheurs de l’université de Chicago, aux Etats-Unis : durant 6 ans ils ont suivi 2 000 personnes, hommes et femmes, âgés de 50 ans et plus.

19 % de probabilité de mourir de plus
Les nouvelles technologies sont également efficaces pour lutter contre l’isolement des personnes âgées en leur permettant de rester en contact avec leur famille et leurs amis. Sans oublier que l’on trouve sur Internet de plus en plus de réseaux sociaux dédiés aux seniors, qui sont par ailleurs de plus en plus nombreux sur Facebook.

DES CAPTEURS SANTÉ SUR LA PEAU

18.1Un tatouage électronique en guise de capteurs ultrasophistiqués pour sauver des vies. « Electronic Tattoos », un procédé développé par une scientifique chinoise de l’Université du Texas, est un tatouage truffé de capteurs qui peuvent surveiller les paramètres de santé et les transmettre directement au médecin traitant lors du suivi d’un traitement ou au lendemain d’une opération chirurgicale.
Collé sur la peau il transmet les informations sur la fréquence cardiaque et l’activité du cerveau. Placé sur la gorge, il reconnaît même les mouvements nécessaires pour prononcer certains mots.

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