Le suivi du tableau de bord énergétique, un générateur d’économies d’énergie.

Marc-Antoine Micaelli (c) Axel Saxe

Marc-Antoine Micaelli est le créateur et l’administrateur du groupe DomoConsulting fondé en 2006. Composé de 12 sociétés d’ingénierie spécialisées en domotique et efficacité énergétique, le groupe est  le partenaire de plus de 400 installateurs. Après plusieurs milliers de réalisations à son actif, aussi bien en assistance au client qu’en services aux installateurs, DomoConsulting crée un centre de formation indépendant de toute influence de fabricant ou de technologie. 200 installateurs par an sont formés à être opérationnels sur plusieurs technologies, dont KNX, IP et bientôt EnOcean. Et prodigue son enseignement sur plusieurs domaines de la domotique comme l’audio-vidéo, la supervision et, surtout, l’efficacité énergétique.

Après un an d’application de la RT2012, Marc-Antoine Micaelli nous fait un état des lieux pratique de la relation entre la domotique et l’efficacité énergétique. C’est l’occasion de revenir sur sa contribution puisque c’est en 2008 qu’il a présenté, durant Batimat à M. Jean-Louis Borloo, ministre en charge de l’époque, le premier tableau de bord énergétique organisé par usage de l’énergie. M. Borloo avait déclaré qu’il fallait généraliser ce tableau de bord, et c’est le cas aujourd’hui dans la RT2012.

Avec un peu de recul, cela a-t-il été bénéfique ?

M.-A. M. – Clairement oui, aussi bien pour le client que pour les professionnels, même si les compteurs ne sont pas très précis en résidentiel, ils sont largement suffisants pour donner une tendance claire aux utilisateurs, l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’Énergie) a d’ailleurs quantifié le gain énergétique lié à la seule information donnée à l’habitant.

Pour les professionnels, c’est un outil indispensable pour vérifier l’efficacité des optimisations que les domoticiens et les bureaux d’étude thermiques mettent en place. En analysant les résultats, quelques informations inattendues nous on fait changer nos préconisations.

Nous pressentions déjà que la régulation de chauffage et de climatisation, étendues par des sondes et des informations extérieures était plus efficace, mais sur les premiers tableaux de bord énergétiques nous avons constaté que quelques petites fonctions donnaient des résultats aussi intéressants que la mise en place de gros systèmes et, de fait, remet dans la course de l’efficacité énergétique un système de chauffage que nous pensions tous rendu obsolète par la RT2012 : le chauffage électrique !

Comment un système de chauffage aussi ancien et énergivore peut-il redevenir énergétiquement intéressant ?

M.-A. M. – Le chauffage électrique n’est toujours pas intéressant lorsqu’il est utilisé seul, il le devient lorsqu’il fait partie d’un système global qui tient compte en temps réel des conditions intérieures et extérieures du bâtiment. Plus généralement, ce sont les systèmes à faible inertie qui sont les plus efficaces, car ils permettent une régulation liée au besoin réel, avec une vitesse de réaction la plus courte possible. Et lorsque l’ont fait intervenir le coût de l’investissement dans l’équation, ce mode de chauffage redevient compétitif.

Quel système global est nécessaire pour tirer avantage du retour du chauffage électrique ?

M.-A. M. – C’est bien la conjonction de tous les éléments détaillés ci-dessous qui permet d’atteindre l’objectif :

–       la bonne exposition du bâti, la qualité de l’isolation et de l’étanchéité à l’air ;

–       une bonne information des conditions extérieures (T°, humidité, ensoleillement) ;

–       un renouvellement de l’air adapté au besoin réel ;

–       une circulation d’air maîtrisée et une déstratification des grandes hauteurs ;

–       une détection automatique et fiable de l’absence des habitants ;

–       une information du mode d’utilisation automatique (nuit, jour, présent, absent) ;

–       une détection des fenêtres et portes ouvertes ;

–       une régulation du chauffage qui anticipe les heures d’occupation ;

–       la récupération des énergies perdues ou gratuites ;

–       une limitation des pertes d’énergies nocturnes par la fermeture de volets roulants ;

–       des protections solaires dynamiques pour le refroidissement.

Si un de ces éléments n’est pas géré, le rendement s’effondre rapidement, car bien que l’on trouve aujourd’hui la majorité de ces éléments dans les maisons modernes, ils ne sont juste pas utilisés au bénéfice du chauffage. Pour optimiser le processus, il est indispensable de gérer ces éléments en leur permettant de communiquer, et c’est bien là que la domotique trouve son intérêt.

Cela représente beaucoup d’informations, n’est-ce pas un peu complexe à mettre en œuvre ?

M.-A. M. – Pas réellement, car il y a un dénominateur commun à bon nombre des éléments contrôlables et des informations utiles : le thermostat d’ambiance. Toutefois, le choix d’un thermostat électronique communiquant avec un système global est déterminant, mais pas suffisant, il faut aussi ajuster certains automatismes au bâtiment et à son usage, une partie logique, voire statistique, doit être mise en place, par exemple via ces actions :

–       il faut bloquer le chauffage en cas de détection de porte ou fenêtre ouverte ;

–       il est possible de réduire le renouvèlement d’air lorsqu’un bâtiment est inoccupé ;

–       il est inutile de renouveler un air humide par un air encore plus humide venant de l’extérieur ;

–      il est possible d’ouvrir des volets exposés au sud pour bénéficier de la chaleur du soleil quand le bâtiment est inoccupé.

Grâce à cette communication, des systèmes plus simples, donc moins coûteux, peuvent être sélectionnés et se comporter comme un système perfectionné bien plus coûteux. L’exemple de la VMC répartie illustre parfaitement cet avantage : ces extracteurs sont localement automatiques, mais régulés de manière centralisée, ce qui permet par exemple de choisir la zone dans laquelle le renouvellement de l’air doit être augmenté.

Enfin, le tableau de bord énergétique présente la consommation en fonction de l’usage que l’on fait de l’énergie. C’est une information cruciale, non culpabilisante et qui donne des clés aux habitants leur permettant d’adapter, améliorer ou équiper tel ou tel usage de l’énergie comme le chauffage, le refroidissement, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage, ou encore les prises électriques. La nouvelle génération de tableau de bord énergétique ne se contente plus de présenter une tendance de consommation aux habitants, mais les prévient en cas de consommation anormale, ce qui permet d’éviter, voire d’anticiper de nombreux problèmes techniques bien plus graves.

L’interaction avec les objets connectés élargira encore le domaine de détection et la manière dont les informations seront disponibles pour l’utilisateur à condition de leur trouver à eux aussi un dénominateur commun.

 

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