Transition énergétique : comment inclure les consommateurs

Chiffres clés La boucle locale cuivre en France, c’est : 39 millions de lignes ; 126 000 sous-répartiteurs ; 13 000 répartiteurs téléphoniques ; 18 millions de poteaux, dont 5 millions gérés par ERDF ; un coût de mise en œuvre estimé à 28 milliards d’euros par l’Arcep.

L’Ignes a organisé le 26 juin dernier une table ronde au Conseil économique, social et environnemental (CESE). L’objet de la réunion : trouver des solutions pour que les citoyens se sentent concernés par la transition énergétique, qui ne pourra pas avoir lieu sans eux. Dans l’hémicycle, des chefs d’entreprises, des représentants institutionnels et des consultants donnent leur point de vue et proposent des solutions pour aller dans ce sens.

« Impossible de rénover 500.000 logements sans consulter le consommateur ». Voilà ce qu’a déclaré Sophie Breton, directrice générale de l’Ignes (Industrie du génie numérique, énergétique et sécuritaire), pour ouvrir la réunion. Le ton est donné. Simplifier les offres pour les utilisateurs, clarifier les aides apportées : la filière des énergies renouvelables doit séduire le grand public. D’autant que selon Yvon Merlière, directeur général du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), « les consommateurs ont pris conscience depuis 5-6 ans qu’il fallait faire des économies d’énergie ». Le sujet semble donc enfin faire consensus.

Le sujet est d’autant plus délicat que depuis le développement des énergies renouvelables pour les particuliers, les escroqueries ont été nombreuses : installations non-conformes, délais d’amortissement des travaux fallacieux, normes incompréhensibles autant pour les consommateurs que pour les professionnels… La filière doit clarifier et sécuriser ses offres et répondre à des normes strictes mais compréhensibles. Autrement dit, le temps de la séduction est arrivé. Selon Fabienne Chol, directrice générale de l’INC (Institut national de la consommation), « la confiance du consommateur est toujours la clé du changement, surtout pour la transition énergétique ».

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Simplifier les offres

Exemple concret de la complexité des normes : la RT2012, qui comprenait 1.300 pages de recommandations, était incompréhensible pour l’usager, mais chose plus gênante, pour les professionnels aussi. « Le projet de loi va dans le bon sens, car il vise à simplifier les démarches », explique Fabienne Chol. L’objectif est donc de faire participer le consommateur et de l’aider à changer progressivement ses habitudes : « On ne peut pas imposer une technologie et demander au consommateur de s’adapter immédiatement. Il faut laisser du temps », explique Yvon Merlière.

L’objectif de la table ronde était donc de trouver des solutions pour inclure le consommateur dans la transition énergétique. Selon Pascal Payet, co-président du Comité efficacité énergétique au Medef et président de la Fédération française du bâtiment (FFB), « pour convaincre les consommateurs, il faut d’abord les écouter et chercher chez eux les modifications qu’il faut apporter ». Le changement doit donc se faire progressivement et dans la conciliation, et le consommateur doit y trouver son propre intérêt autant au niveau du confort que des économies réalisées. Il faut également que l’usager bénéficie d’une garantie pour son installation, autant au niveau conventionnel qu’au niveau des résultats. La domotique pourrait également permettre de rendre l’offre plus attractive, en donnant la possibilité au consommateur de consulter à tout moment sa consommation d’énergie sur des applications pour smartphones ou tablettes.

Aider financièrement le consommateur

Mais l’un des principaux leviers d’action devrait se situer au niveau des avantages fiscaux. Pour encourager le consommateur, des aides au financement seront mises en place sous trois formes. D’une part, le CIDD (crédit d’impôt développement durable) accorde au consommateur des avantages fiscaux s’il effectue des travaux d’isolation ou qu’il installe une source d’énergie renouvelable. D’autre part, le CPE (contrat de performance énergétique) qui permet de récompenser les foyers les moins énergivores. Enfin, de nouvelles aides fiscales seront mises en place pour aider les foyers les plus précaires énergétiquement à financer leurs travaux.

Les grands oubliés de la transition, ce sont les foyers souffrant de précarité énergétique. Comment forcer une copropriété qui ne peut déjà pas payer la mise aux normes de l’ascenseur ou le ravalement de la façade à effectuer des travaux coûteux de mise aux normes énergétique ? Comme c’est déjà le cas, l’Agence nationale de l’habitat (Anah) sera en charge de fournir une aide aux foyers les plus défavorisés. D’autres organismes ou associations locales pourraient également participer, comme c’est déjà le cas pour certains projets.

La transition énergétique semble enfin faire consensus autant au niveau des responsables politiques que des industriels. Tout l’enjeu consiste à séduire une grande partie du public, encore frileuse à l’idée d’investir dans la transition. La mise en place d’aides et d’avantages fiscaux combinés à des garanties solides pour le consommateur devrait permettre d’accélérer le mouvement.

Présentation du rapport Carbone 4 – CSTB

À l’occasion de la table ronde au CESE, les agences Carbone 4 et le CSTB ont présenté une étude menée conjointement, sur la gestion des solutions actives et passives d’efficacité énergétique. Pour définir les postes de consommation les plus gourmands dans un logement moyen, l’étude s’est focalisée sur une habitation existante, en analysant point par point sa consommation. Ce qui en ressort est assez clair : la consommation d’énergie pour le chauffage représente les trois quarts de la consommation totale du foyer. C’est donc sur ce point que les plus gros efforts peuvent facilement être réalisés. Une simple gestion du chauffage permet d’importantes économies d’énergie. Et les résultats sont encore plus frappants en combinant gestion du chauffage et changement d’équipement, avec une éventuelle amélioration de l’isolation. Mais pour une consommation minimale, les agences Carbone 4 et CSTB préconisent une combinaison de solutions actives et passives, qui permet de réduire la consommation des logements de près de 34 %.

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