Projet Solaris, le Bepos reproductible

© DR. Le jardin intérieur du bâtiment Solaris contribue à son équilibre bioclimatique.

Économiser et produire de l’énergie

Avant de produire de l’énergie, un immeuble doit avant tout… en économiser. Le premier objectif lors de la conception de Solaris a donc été de réduire la consommation énergétique en deçà du seuil BBC.

Sercib, promoteur à l’initiative du projet, souhaitait également qu’au-delà du Bepos les volets confort et qualité de l’air soient particulièrement soignés, et que le bâtiment soit au maximum respectueux de l’environnement.

« Enfin, le bâtiment se devait d’être reproductible en milieu urbain, et donc ne pas utiliser de terrain autour de son emprise au sol pour implanter les panneaux photovoltaïques, sa sobriété était donc de ce fait primordiale », ajoute Pascal Tigreat, responsable du département Automation de Wago.

 

La bonne coordination en conception est vitale

« La cohérence et la cohésion doivent être encore plus fortes et sans faille dès le début de ce type de projet. La coordination joue bien entendu un rôle clé et la phase de synthèse où l’on va vérifier tous les réseaux et leurs emplacements réservés est désormais acceptée comme un élément de contrôle incontournable », note Gérard Vidal, directeur général adjoint de Square Ingenierie.

Le BIM devrait d’ailleurs aider à lever les problèmes de synthèse, mais d’ores et déjà les promoteurs et assistance à maîtrise d’ouvrage ont compris l’utilité d’une bonne synthèse.

Le point névralgique reste cependant souvent le manque de temps et des délais trop courts imposés à toutes les étapes, note l’expert.

Que l’on choisisse une entreprise en macro-lot ou plusieurs sociétés chacune spécialiste de son corps de métier, il est important de privilégier la complémentarité et la solidarité entre celles-ci, et non la compétitivité afin d’atteindre un but commun, celui de la performance globale, en les synchronisant et en les suivant avec une coordination serrée.

Écran de supervision d’une zone d’un étage du bâtiment
Écran de supervision d’une zone d’un étage du bâtiment

 

De la nécessité d’un pilotage fin et efficace

« Les technologies de pilotage sont elles aussi essentielles, et le lot GTB doit faire l’objet d’un ensemble de tests et d’une optimisation adaptée », note Gérard Vidal.

Souvent pourtant c’est le premier lot que l’on cherche à réduire, parce que trop souvent certains décideurs ne comprennent pas toute son importance dans le suivi et la gestion de ces immeubles Bepos.

Il semble, actuellement, difficile de lui donner plus de légitimité sans inciter les décideurs, par exemple par des artifices fiscaux, à lui accorder une importance capitale dans la réussite de ce type de bâtiment, précise-t-il.

Pour Pascal Tigreat de Wago, « les deux points importants du bâtiment à la fois pour le confort et la sobriété énergétique sont l’éclairage et la gestion de la température ».

L’éclairage LED est géré sous Dali avec une gradation et une adaptation en fonction de l’occupant et des apports externes de lumière naturelle. Plus de 4 000 luminaires sont ainsi gérés par des automates par étage et par zone.

Pour compléter ces dispositifs, les façades sont agrémentées de façon différente en fonction de leur orientation : panneaux réfléchissant la lumière au nord, stores extérieurs au sud-ouest et à l’est et commandés en tout ou rien par la GTB, brises soleil au sud.

Pour la température, l’énergie (chaud ou froid suivant les saisons) est stockée dans les planchers grâce à l’inertie de la structure béton du bâtiment.

Le dégagement calorifique d’exploitation produit dans la journée est absorbé par les masses des structures et est évacué par surventilation nocturne, ou bien le jour, en cas de grosses chaleurs, par la circulation passive d’eau froide. La terre joue donc le rôle d’un stock qui fonctionne dans les deux sens.

En hiver, la chaleur est fournie par la géothermie et les pompes à chaleur ; compte tenu des apports internes en journée, le bâtiment se met en chauffe aux environs de minuit suivant les conditions données par la station météo locale et les prévisions Metéofrance, et s’arrête à 6 heures du matin. Il y a environ six heures de dynamique thermique avec la structure béton.

En cas de besoin de réaction rapide, le renouvellement d’air effectue un apport à 19 °C l’hiver et jusqu’à 26 °C l’été.

Les automates pilotent cette double régulation, ainsi que la gestion de la centaine d’aiguilles géothermiques, des PAC, et des vannes motorisées de distribution du chauffage.

Mais pas seulement : « En tout, ce sont environ 120 automates Wago qui sont installés pour gérer les régulations et automatismes et assurer la supervision du bâtiment », ajoute Pascal Tigreat.

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Pour l’ECS, des panneaux solaires thermiques sont installés sur le frontal d’entrée. Ils servent à la fois de casquette et de fourniture d’énergie pour 32 % de l’eau nécessaire aux besoins du restaurant et de la cafétéria d’entreprise tout proches.

Le bâtiment est occupé depuis fin juillet 2014, et le ressenti de confort global des usagers est des plus élogieux, souligne l’expert.

 

Les occupants, priorité au confort

Gérard Vidal insiste sur le fait que les occupants d’un bâtiment tertiaire, très souvent, n’ont pas le même comportement au bureau que chez eux.

Il est donc nécessaire d’agir sur le comportemental et notamment l’affichage des consommations en instaurant, par exemple, des challenges entre services au sein de l’entreprise.

« Comme le bâtiment a des fenêtres qui peuvent s’ouvrir manuellement, il est possible de pointer à l’usager l’impact de l’ouverture de sa fenêtre (en hiver comme en été) et la surconsommation possible qui y est associée », précise Pascal Tigreat.

Gérard Vidal ajoute que « pour garantir le bon niveau de confort, il faut impliquer les exploitants le plus tôt possible dans la construction ou la mise au point des systèmes afin qu’ils soient formés et qu’ils puissent bien assimiler tous les réglages et intégrer toutes les subtilités du fonctionnement et des asservissements réalisés. Pour cela, ces lots GTB et Régulation, qui dépendent de la fin des lots techniques principaux, demandent un peu de temps pour assurer une bonne mise au point, et c’est justement ce temps qui leur est rarement accordé à force de subir les retards cumulés de chaque lot concerné ».

 

Le volet financier du projet

Pour Solaris, le surcoût était de l’ordre de 9 % sur l’ensemble des coûts (construction et coûts fixes).

« Il y a forcément un surcoût qui devrait être largement compensé par la diminution du coût d’exploitation et des consommations énergétiques. Le hic, c’est qu’il y a deux intervenants qui n’ont pas les mêmes objectifs :

  • l’investisseur qui doit respecter son budget ;
  • l’utilisateur qui arrive après la construction, qui veut maîtriser ses consommations et réduire sa facture énergétique.

C’est pour cette raison que l’incitation fiscale de l’un permettrait une exploitation optimisée de l’autre », indique Gérard Vidal.

Pour Pascal Tigreat, au-delà de charges moindres, les atouts d’un tel bâtiment sont aussi dans sa valorisation en prix de location au m2, dans son confort et son excellent taux de service, mais aussi dans sa rapidité d’adaptation à de nouveaux usages.

Solaris, en synthèse, c’est : un bâtiment tertiaire de 31 000 m2 incluant un chauffage à géothermie composé de 116 aiguilles géothermiques descendant à 100 m de profondeur, couplé à des PAC eau/eau.

Situé sur la commune de Clamart, l’immeuble est composé de deux bâtiments de 15 000 m2 chacun avec des plateaux de 5 000 m2 en moyenne. Un jardin intérieur de 1 000 m2 participe également à l’équilibre bioclimatique du bâtiment.

Les panneaux photovoltaïques sont installés en toiture sur une surface de 4 223 m² et orientés plein sud à 17° d’inclinaison ; leur production vient en compensation de la consommation sur les 5 usages.

Le bilan :

  • Consommation en énergie primaire au sens de la RT 2005 : 43,49 kWhep/m²/an.
  • Production photovoltaïque : 58,1 kWhep/m²/an.
  • Gain en CO2 avec PV : 134,6 t équivalent CO2/an.

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