3 questions à Dimitri Carbonnelle, Livosphere

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Expert en objets connectés, fait partie du Plan Objets connectés du gouvernement, qui œuvre à la promotion des objets connectés de la French Tech et expert auprès de la BPI. Livosphere accompagne les entreprises qui veulent réduire leurs coûts, fidéliser leurs clients et en conquérir de nouveaux. Soit à travers la création d’objets connectés, ou la transformation de produits existants en produits connectés ou enfin l’adaptation d’objets connectés existants à leurs besoins spécifiques.

Sur quelles solutions emblématiques travaillez-vous ?

J’ai une démarche structurée pour accompagner les entreprises de l’identification des besoins, des usages et le modèle économique, le pricing et la partie commerciale : distribution des produits, le parcours client et jusqu’aux technologies à utiliser : capteurs, mode de transmission, infrastructures à mettre en place, plateforme de services etc.

Tout cela est réalisé en lien avec des designers, des entreprises de prototypage et d’industrialisation. Ensemble, nous sommes capables d’accompagner l’entreprise durant tout le processus et ce jusqu’à la commercialisation de ses produits.

Voici trois exemples récents sur lesquels j’ai travaillé:

Dans le domaine du mobilier connecté, par exemple, il s’est agi d’identifier les problématiques s des clients afin d’en déterminer les fonctions et usages qui pourraient en découler. L’objectif est d’éviter de créer un meuble connecté qui ne réponde pas à des besoins clients et ne soit pas utilisé.

Après la phase de recueil des attentes clients (à travers des focus groups), nous allons entamer la phase prototypage et l’industrialisation des meubles.

Une autre mission avait trait à la fabrication de matériel connecté pour les boulangers afin de prévenir les pannes et ajuster la température d’un « tunnel de fermentation » selon le type de pain à fabriquer (normal, spécial…)

Enfin, je citerai l’accompagnement de la start up Seven Hugs qui travaille sur la qualité du sommeil pour la famille. Au départ, elle avait un positionnement très large sur la domotique. La mission de conseil a eu pour but d’avoir un positionnement et une stratégie beaucoup plus percutante en se concentrant sur un usage, le sommeil.

 

Quel est votre diagnostic sur les objets connectés à l’issue de l’édition 2015 du CES ?

Le thème était certes déjà présent en 2014, où on parlait beaucoup d’objets connectés. Mais en 2015, on est dans l’action. Les entreprises passent de « j’en parle » à « je le fais ». Même si cela ne les concerne pas toutes et que cela vient au fur et à mesure, cela montre que les entreprises traditionnelles et pas seulement les start-up commencent à s’y mettre.

J’en veux pour preuve que la Poste et Dassault Systèmes étaient au CES, ainsi que Legrand à travers le stand ZigBee.

Il faut voir que ces entreprises sont dans une démarche partenariale. Elles reconnaissent qu’elles ne savent pas tout faire et s’appuient sur un écosystème d’innovation extérieur, à travers des partenariats avec des laboratoires de recherche, des start-up et des PME.

Enfin, avec la baisse de coût des capteurs, on commence à en voir un peu partout, sur les caméras, les écouteurs audio, les biberons, sur tous les objets. Dans certains cas cela a du sens, dans d’autres pas : le consommateur fera le tri.

 

Quels sont selon vous les enjeux post salon ?

L’enjeu pour de nombreuses startups est déjà d’industrialiser leurs produits et de les distribuer. C’est un énorme enjeu du fait du nombre d’acteurs présents sur le marché. Pour les entreprises qui sont déjà développées, type Withings, Netatmo ou Holî, ils se diversifient sur de nouveaux domaines.

Par exemple, Withings a lancé une caméra mesurant la qualité de l’air ; Netatmo, une ayant la reconnaissance faciale. Tous deux sortent de leur champ habituel pour intégrer un nouveau domaine, celui de la vidéo. MyFox et Awox ont aussi annoncé des caméras, toutes ne seront pas des succès commerciaux, seul un ou deux produits pourront l’être..

Deuxième enjeu : les entreprises traditionnelles qui ne font pas encore appel aux objets connectés. Beaucoup d’entreprises se disent : ce n’est pas pour moi ou pas tout de suite. Or les évolutions vont extrêmement vite et si elles ne se posent pas les questions aujourd’hui, elles risquent d’être dépassées dans trois ans, comme l’a été Kodak ou Nokia

Concrètement, il y a un risque de ce que l’on appelle « Uberification », c’est-à-dire que de nouveaux acteurs viennent se positionner en relation directe avec le client et que les entreprises traditionnelles risquent de ne vendre que des « commodités » dégageant moins de valeur que s’ils étaient en lien direct avec le client. L’industrie hôtelière et automobile commencent à faire face violemment avec l’arrivée de Booking et AirBnb, d’une part et Uber et BlaBlaCar d’autre part.

Les entreprises aujourd’hui ont un mode de vente indirect : elles vendent à un grossiste, qui vendent à un détaillant qui vend ensuite à un particulier. A partir du moment où on créée un objet connecté, l’entreprise crée un lien direct avec le client. Au lieu de servir des entreprises, vous devez répondre aux exigences croissantes de particuliers, ce qui nécessite des changements en termes d’organisation et de culture. Cela nécessite également de réagir beaucoup plus rapidement aux demandes des clients.

Toutes les entreprises sont potentiellement concernées, même si certains secteurs vont être plus touchés encore que d’autres. Le secteur de l’automobile, le domaine de l’hôtellerie le sont déjà avec l’arrivée de Uber et BlaBlaCar, d’une part et Booking et AirBnb d’autre part. Tous les fabricants de matériel qui peuvent détecter et anticiper les pannes, les usages grâce aux informations collectées sur leurs produits le sont aussi. Globalement, tous les équipements de maison, les produits électriques ou électroniques sont concernés au premier degré.

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