Projet Kergrid : la nouvelle donne Bepos, c’est le bâtiment connecté au smart grid

Vue aérienne du bâtiment Kergrid situé sur le quartier de Fétan-Blay, Vannes Ouest. Coût des travaux HT - 1 800 € HT / m2 . Crédit photo © p.labbe@balloide-photo.com

Marc Aubry, directeur général des Services du Syndicat d’énergie du Morbihan (SDEM), explique la genèse du projet Kergrid, initié en collaboration avec « Eau du Morbihan » et l’Association des maires et présidents d’Epci du Morbihan, en précisant que c’est tout d’abord la volonté de réaliser un bâtiment exemplaire concourant à deux objectifs :

  • La sobriété énergétique (le bâtiment est de niveau Passivhaus), son enveloppe a été particulièrement soignée (triple vitrage, isolation extérieure double couche et les systèmes de chauffage et ventilation performants (chauffage géothermique, ventilation double flux).
  • La mise en place d’un bâtiment Bepos connecté au smart grid, c’est-à-dire capable de s’effacer, de produire de l’énergie renouvelable, mais aussi de la stocker ou bien de la réinjecter sur le réseau.

« Le bâtiment peut soit être en autoconsommation et aller jusqu’à s’effacer complètement (2 heures d’autonomie avec le stockage par batterie) ou bien au contraire, si besoin, réinjecter de l’énergie au réseau », ajoute-t-il.

Ce fut le cas cet été où il a été effectué un premier test en injection avec la fourniture de l’électricité à un lotissement et une salle de sport. « Les flux d’énergie consommée sont liés aux flux humains, dans le tertiaire il n’y a en général personne le week-end et le soir : l’optimisation et la nouvelle donne Bepos passent par un territoire d’usage et non le bâtiment seul », précise Marc Aubry.

Principe des flux d’énergie et de données au sein des systèmes du bâtiment Kergrid
Principe des flux d’énergie et de données au sein des systèmes du bâtiment Kergrid

Cet effacement est géré par le système « Power Management System » (PMS) mis en place par Schneider Electric. La solution PMS gère les flux d’énergie entre le réseau de distribution, la production locale (photovoltaïque, éolienne), le stockage sur batteries, la recharge des véhicules électriques et, bien entendu, les charges du bâtiment. C’est également ce dispositif qui déclenche les mécanismes d’autoconsommation, de stockage ou de revente de l’électricité.

 

En 2015, capitaliser sur Kergrid pour bâtir un modèle de projet industriel Bepos reproductible

Le réseau électrique breton connaît des périodes de saturation régulières, notamment lors des pics de consommation. « Ainsi ce type de bâtiment, réplicable pour d’autres projets, nous aide à limiter les travaux de renforcement du réseau car le réseau doit être dimensionné pour la pointe électrique. Le temps de retour sur investissement est de l’ordre de grandeur de 7 ans. »

Multiplier ainsi les sources de secours à l’échelle du territoire sur un ensemble significatif de bâti tertiaire en période de pointe prend donc tout son sens.

« En 2015, nous allons continuer la préparation du business plan pour permettre de faire de Kergrid un projet reproductible applicable aussi bien à un bâtiment neuf qu’en rénovation. »

L’analyse des données de fonctionnement recueillies sur l’année écoulée va également aider en ce sens. EDF R&D a d’ailleurs décidé d’effectuer une étude comportementale d’analyse des données.

En parallèle, nous allons travailler à l’optimisation du bâtiment : la production n’est pas optimisée si, par exemple, les panneaux sont posés en inclinaison de 5-6° et sont non orientables. Idem pour le stockage à base de batterie lithium-ion, nous pourrions peut être tester d’autres technologies de batteries : électrolyte permanent ou volant d’inertie magnétique.

 

La technique a fait ses preuves, reste le volet juridique

Il n’existe pas en France de cadre juridique concernant la revente de l’électricité stockée. Le projet interroge l’autorité publique sur ce point et sur la possibilité de mettre à disposition sur le réseau, au moment opportun, l’énergie stockée par le bâtiment. C’est une des priorités du SDEM pour 2015.

 

Kergrid, en synthèse, c’est : un bâtiment de 3 300 m2 incluant un chauffage avec géothermie et pompe à chaleur eau/eau, triple vitrage, détecteurs de présence, luminosité, membrane d’étanchéité, VMC double flux, climatisation passive, une production de 126 kWC (soit 850 m²) de panneaux photovoltaïques, de deux mini-éoliennes de 2 kW et 2,5 kW, d’une batterie lithium-ion de 56 kWh et de bornes de recharge pour véhicules électriques d’une puissance comprise entre 3 kVA à 22 kVA.

Bâtiment prévu pour consommer moins de 15 kWhep/m2/an avec un objectif de consommation globale (tous usages confondus) d’énergie primaire inférieur à 120 kWhep/m²/an.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *