Lyon : Hikari, premier îlot urbain à énergies positives d’Europe

l'îlot urbain Hikari inauguré le 17 septembre 2015. (c) Creative Commons

Inauguré le jeudi 17 septembre dernier à Lyon, en face du centre commercial de Confluence, l’îlot urbain Hikari (lumière en japonais) est le premier îlot urbain à énergies positives d’Europe. Conçu par l’architecte nippon Kengo Kuma, c’est la première fois que la construction de logements ou de bâtiments à énergies positives dépasse le stade des logements individuels ou des bâtiments isolés.

Un mélange de bureaux et de logements, qui n’ont pas le même cycle de consommation d’énergie, pour répondre au mieux aux besoins des usagers. Tel est le projet innovant démarré il y a plus de 10 ans qui a été inauguré jeudi dernier à Lyon. Hikari, qui sera définitivement en service fin 2020,  est le seul écoquartier parrainé par le Fonds National pour la nature (WWF) avec une consommation de 1500 Megawattheure d’énergie primaire, soit 50 à 60% de moins que les normes de la réglementation thermique. Qui plus est, il produit un léger excès de 0,2% d’énergie par rapport à sa consommation, un petit plus qui montre sans équivoque ses performances en matière de production et de consommation d’énergie.

Panneaux photovoltaïques et huile de colza
La construction de ce complexe est basée sur l’utilisation des meilleures techniques d’architecture bioclimatique. La lumière du jour pénétrant par les grandes façades en verre est captée par des panneaux photovoltaïques installés sur le toit et sur les loggias de quarante-deux appartements. En complément, un cogénérateur carburant à l’huile de colza assure la production suffisante d’énergie nécessaire à la vie quotidienne du bâtiment. En matière de climatisation, l’architecte a conçu un système permettant la production d’eau glacée à partir de la chaleur du cogénérateur et du froid de la nappe phréatique. S’ajoute à ce système un dispositif géothermique qui puise directement la fraîcheur des eaux de la Saône pour la réutiliser dans le système de climatisation. Toutes ces installations sont régulées par un cerveau central situé au sous-sol, qui, à l’aide de capteurs détectant le  CO2 et l’activité humaine, ajuste en temps réel la consommation (ou non) d’énergie. L’îlot urbain à 18 mois pour faire ses preuves, tandis que les concepteurs évalueront les performances et analyseront le fonctionnement de ces équipements, pour ainsi ajuster au mieux la consommation, et le rendre le plus productif possible.

Des bâtiments communicants pour une meilleure répartition de l’énergie
En France, il n’existe à ce jour que 333 bâtiments de ce genre. Dans ce complexe, la nouveauté réside dans le fait que les trois bâtiments communiquent entre eux pour répartir au mieux l’utilisation et la consommation d’énergie. L’échelle d’application du principe d’éco-consommation n’est plus limitée aux logements individuels ou aux bâtiments isolés, elle s’applique  désormais à tout un quartier marchant entièrement à l’énergie propre, et ce à l’aide du cerveau central. Grâce à lui, l’excédent d’énergie peut être stocké pour être réutilisé au mieux à tout moment de la journée, là où la consommation d’énergie est la plus forte, et c’est dans cette optique là que joue l’intérêt de mélanger bureaux et logements. Dans la journée, les bureaux ont de forts besoins en énergie, mais le soir, quand les bureaux sont vides, c’est dans les logements que la consommation d’énergie est maximale. Un système malin qui permet une utilisation importante, mais pas considérable, en énergies propres du matin au soir.

Le complexe compte aussi sur la participation des usagers, et utilise la domotique pour améliorer ses performances. A l’aide d’une tablette, les habitants et les usagers sont informés des performances énergétiques de leurs bureaux ou de leurs logements, mais aussi de l’ensemble du bâtiment, ce qui leur permet d’ajuster leur consommation d’énergie au plus juste. Ce projet, bien qu’important dans le cadre de la transition énergétique, a quand même un coût. L’ensemble de la conception et de la construction s’élève au total à 60 millions d’euros. Mine de rien, c’est un investissement qui doit être rentabilisé, et pour les habitants des lieux, le prix au métre carré est équivalent à celui des plus beaux quartiers de Lyon. Si ce projet est innovant, il ne reste malgré tout accessible qu’à une partie de la population ; Dans l’avenir, il conviendra de concevoir des projets peut être moins coûteux, ou de trouver d’autres moyens de les rentabiliser, pour que ces logements écologiques soient abordables financièrement à toutes les classes sociales.

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