SMART Grids, City, Building, Home, Energy, Meter… a-t-on réellement besoin de tant d’intelligence ?

Ghislain de Pierrefeu / (c) DR

Les concepts SMART sont partout, sans doute devrions-nous être rassurés par des réseaux, des environnements et des objets presque aussi intelligents que nous. Mais de quoi parle-t-on vraiment ?

Les SMART Grids consistent à piloter en quasi temps réel l’utilisation d’un réseau qui devient de plus en plus souvent multidirectionnel (tout point pouvant aussi bien injecter que soutirer un « fluide » dans le réseau) ; il peut être à maille variable, du continent au quartier.
Ce concept n’est pas nouveau et les réseaux sont déjà intelligents (supervision et opérations à distance, Scada). La vraie nouveauté réside dans le développement de moyens de production injectant des fluides de manière intermittente et peu prédictible, et dans le nécessaire interfonctionnement de ces réseaux multiples.
Les SMART Cities recouvrent un concept plus large d’amélioration du vivre ensemble dans des zones urbaines de plus en plus peuplées ; les transports « doux », les énergies propres, les économies d’énergie et les technologies digitales, mais aussi les citoyens y tiennent évidemment les rôles clés.
Des initiatives intéressantes voient le jour mais restent limitées (éco-quartier, véhicules électriques, transport multimodal). Même les  villes les plus avancées (Tokyo, Issy, Lyon…) sont encore très loin d’être de vraies SMART cities (exception faite de quelques villes nouvelles comme Masdar).
Les SMART Building et SMART Home recouvrent la capacité à maîtriser l’utilisation des énergies grâce à des systèmes de pilotage simples et ergonomiques à l’intérieur de la maison ou de l’entreprise.
Des solutions techniques existent depuis bien longtemps (GTB/GTC*, Energybox, boîtier d’effacement…) mais peinent à percer. Ce manque d’appétence des entreprises et des particuliers s’explique : le coût de l’énergie n’est pas encore un sujet de préoccupation majeur et les gains d’échelle ne sont atteignables que par des investissements significatifs (rénovation de logements, refonte des processus industriels…).
Le SMART Metering est la capacité à mesurer automatiquement les consommations de différents fluides, il constitue la frontière entre l’aval (Home/Building) et l’amont (Grid) et est plutôt un outil au service des autres concepts SMART.
Les industriels cherchent-ils à tout prix à faire décoller des marchés qui ne rencontrent pas encore un réel besoin ? Et l’automatisation (SMART) permet-elle hypothétiquement de contourner le manque d’engagement des parties prenantes ?

La réalité est plus complexe et engageante.
Les SMART Grids sont absolument nécessaires pour accompagner la transition énergétique des pays et collectivités, les réseaux n’étant historiquement pas conçus pour supporter une part significative d’énergies renouvelables souvent intermittentes : le décollage réel dépendra essentiellement des ambitions politiques en termes de transition énergétique.
Les SMART Cities restent dans une phase transitoire où il s’agit souvent davantage de donner à voir des « initiatives gadgets » que de vraiment penser et construire une ville intelligente dans toutes ses dimensions. La transition sera très longue en raison des difficultés d’investissement des collectivités et de l’historique lourd (seuls des quartiers neufs peuvent aujourd’hui réellement être pensés Smart) ; pour autant, certaines initiatives engagent réellement les villes dans cette voie-là (Nice, Lyon, Bordeaux, Brest, Nantes…).
Le SMART Home / Building est le sujet le moins évident tant les acteurs peinent à trouver un modèle d’affaire efficace : la réalité demeure aujourd’hui un désintérêt pour les économies d’énergie. La clé du succès passera par trois axes : l’inéluctable hausse du prix de l’énergie, l’enchantement client par la mise à disposition d’objets désirables (le smartphone non plus n’avait pas de modèle d’affaire évident au départ) et la bonne utilisation des données énergétiques pour rendre possible des modèles d’affaires innovants.
Cette intelligence sera pourtant nécessaire a minima pour le fonctionnement des réseaux et le vivre ensemble et bientôt pour maîtriser sa consommation d’énergie. La SMART Energy sera bien une réalité dans toutes ses dimensions, à la seule condition que les acteurs n’oublient pas que c’est bien autour du Smart-utilisateur que se valideront les solutions de demain.

SOLUCOM_Ghislain_de_PIERREFEU_300_dpi pixlrTribune rédigée par Ghislain de PIERREFEU, senior manager chez Solucom

Ghislain de Pierrefeu est senior manager au sein du cabinet Solucom. Diplômé de l’École Centrale Paris et doté de 12 ans d’expérience, il accompagne les transformations du secteur de l’énergie tant sur les dimensions stratégiques et métier que sur les innovations technologiques afférentes.

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