One Planet Summit : quand les signataires de l’Accord de Paris font pression sur Trump

Séance plénière du "One Planet Summit". (c) AA

Le One Planet Summit réunissait mardi 12 décembre, soit deux ans jour pour jour après la signature de l’Accord de Paris, une soixantaine de chefs d’États et de gouvernements, des entreprises, des philanthropes et des organisations internationales, sur invitation du Président de la République française Emmanuel Macron, des Nations Unies et de la Banque Mondiale. Un Sommet aux airs de démonstration de force, qui semblait être fait pour persuader le Président américain de revenir dans les Accords de Paris.

À la Seine Musicale, la nouvelle salle de concert parisienne posée sur l’île Seguin à Boulogne Billancourt sur le site des anciennes usines Renault, la sécurité est à son plus haut niveau : policiers et CRS verrouillent les abords de l’îlot, aux allures de bunker. La salle de spectacle flambant neuve, caution « durable » du « One Planet Summit » avec ses panneaux solaires mobiles et sa forme futuriste, n’avait pas encore vécu un moment comme celui-ci.
Dans les couloirs, l’on pouvait croiser tous les acteurs du développement durable, de Bertrand Piccard, célèbre pilote de l’avion solaire « Solar Impulse », à Arnold Schwarzenegger, en passant par Ségolène Royal, ambassadrice des pôles nord et sud ou encore Yann Arthus Bertrand, photographe et cinéaste engagé.

Le matin, des conférences, organisées en différents « Panels », abordaient des thèmes liés au développement durable et au changement climatique, mais principalement abordés sous l’angle des financements : « Changer l’échelle de la finance pour l’action climat », « Verdir la finance en faveur d’une économie durable », ou encore « Renforcer les politiques publiques pour la transition écologique et solidaire ». Des thèmes volontairement financiers, pour un évènement sponsorisé notamment par la Banque Mondiale, les Nations Unies, la CCNUCC (Conférence cadre des Nations Unies sur les changements climatiques), l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), la Commission européenne, mais aussi Sodexo, Engie, L’Oréal, Michelin, Schneider Electric… Un Sommet aux airs de levée de fonds verts.

Mais aussi d’avertissement à l’encontre d’un président américain, bien loin d’avoir mis au premier plan les enjeux environnementaux. La veille du Sommet, Emmanuel Macron avait pris la parole à la télévision américaine, sur la chaîne CBS, pour dénoncer le désengagement de l’administration américaine des Accords de Paris. Premier coup d’éclat du Président français pour faire monter la pression autour de son homologue américain. Premier coup de communication aussi, car Emmanuel Macron semble, par cette initiative d’organiser le « One Planet Summit », vouloir tirer vers lui la couverture du leadership mondial sur les questions climatiques.

Un coup de maître en diplomatie : il réussit à faire se déplacer à ce Sommet prétexte, sans leur donner la parole, une soixantaine de chefs d’État et de gouvernements dont Theresa May en plein Brexit, le roi du Maroc Mohammed VI, les premiers ministres espagnol et grec, le prince Albert de Monaco, les présidents mexicain, bolivien… Mais aussi le Secrétaire général des Nations-Unies en poste António Guterres et ses deux prédécesseurs Kofi Annan et Ba Ki Moon, le président de la Banque mondiale Jim Young Kim, ou encore le Président de la Commission européenne Jean-Claude Junker… Mais aussi des philanthropes ou des influenceurs tels que Bill Gates, Richard Bronson, Sean Penn, Marion Cotillard, John Kerry…

Que ce soit lors des différents panels organisés dans la matinée ou lors de la séance plénière, réunissant tous les chefs d’États et de gouvernements, le Trump bashing était le mot d’ordre. Une première déclaration de John Kerry dans la matinée venait donner le ton, évoquant les raisons du retrait américain de l’Accord de Paris qui relevaient selon lui de la bêtise et de l’ignorance en ne se basant sur aucun fait scientifique, qualifiant cette décision de « honte ». Les Etats-Unis n’ont effectivement envoyé à cet évènement qu’un chargé d’ambassade, comme pour montrer leur désintérêt pour ces questions.

Selon le discours d’ouverture d’Emmanuel Macron : « On est en train de perdre la bataille climatique », mais de son côté, il remporte la victoire du Trump bashing et récupère de fait le leadership mondial sur les questions climatiques. La principale annonce de ce Sommet est venue du Président de la Banque Mondiale, qui a fait savoir que son institution arrêtera de financer l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz, mais ce, à quelques exceptions près… La révolution climatique est en marche !

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