IoT : L’usager est-il au cœur du bâtiment connecté ?

Le bâtiment connecté est le nouveau majordome de l’usager et lui autorise davantage d’interactions avec son environnement. Du brancard connecté de l’hôpital à la possibilité d’indiquer avec son smartphone la panne d’un photocopieur, est-ce du gadget de technophile ? Une révolution ? Le marché mais aussi les offres sont-ils matures ?

« On a franchi un cap et les maîtres d’ouvrage sont dans une logique de demander des solutions de services afin notamment de les “vendre” au preneur du bâtiment. Qu’il s’agisse d’indicateurs comme des taux d’occupation de salle, de nouveaux processus pour améliorer la productivité ou les conditions de travail, ou encore de fonctions collaboratives s’appuyant sur les téléphones mobiles, la demande existe et l’usager ou salarié est au cœur du sujet », analyse Serge Le Men, en charge des Solutions SmartBuilding Newron de ABB.

Demain, un bâtiment non connecté pourra perdre jusqu’à 30 % de sa valeur, en vente ou locatif, la connectivité garantissant l’évolution des services dans le temps et suivant les usages, prédit-il.

Ce constat est partagé par Pascal Tigreat, responsable du département Automation au sein de Wago, qui ajoute que « d’une part, les usagers y voient intérêt, demandent de l’interactivité avec leurs environnements et que, d’autre part, les mainteneurs et directions techniques y voient également un bénéfice avec l’optimisation de la prise en charge et de la gestion des interventions et anomalies. »

Les clés pour mettre l’usager au cœur du bâtiment
« Une des clés, ce sont les datas. C’est le fondamental de notre applicatif baptisé UserX, car quelle que soit l’application qui sera développée pour l’usager, elle doit reposer sur des données structurées et fournir des informations qualifiées issues de différents systèmes. »

Solution UserX développée par ABB. (c) ABB

Pas question de recréer des silos de services avec tantôt du LoRa, du Bluetooth ou de la GTB. Il s’agit de s’appuyer au maximum sur une infrastructure mutualisée et sur un socle de données commun provenant de systèmes hétérogènes, introduit Serge Le Men.
La deuxième clé est l’usage de technologies de traitement de ces données. « Il s’agit de faire des applicatifs intuitifs, flexibles et évolutifs, en s’appuyant par exemple sur les données du BIM, de la GMAO, et des mesures remontées en temps réel par les objets connectés des sites », explique François Binder, directeur conseil au sein de la SSII Umanis.
Mais pour atteindre l’ensemble des objectifs comme de déployer une maintenance prédictive en mesure de débloquer toujours plus vite les usagers, ou leur offrir de nouveaux services, ces données devront être traitées différemment, et cela nécessitera de combiner différents outils comme des outils d’« analyse des données » ou Analytics, de l’intelligence artificielle (Machine Learning), des outils de traitement Big Data, des concentrateurs d’évènements (Hub), etc.

 

Enfin, les chatbots ou robots logiciels de dialogue, déjà présents dans la sphère privée du domicile, seront bientôt dans l’entreprise, complète l’expert d’Umanis : « Trouve-moi une salle de réunion », « Baisse la lumière », etc.

La troisième clé essentielle, c’est « la capacité à modéliser en 3D rapidement le bâtiment, fidèlement, en utilisant la réalité augmentée et l’Internet des objets. Cette modélisation avec réalité augmentée est le socle de l’offre applicative de Wago et permet à l’usager de s’informer, se guider, interagir, les objets ou éléments actifs de la CVC devenant des systèmes. Les hôtels, les grosses collectivités, et de façon générale les ERP sont en quête de ce genre d’aide pour les usagers », ajoute Pascal Tigreat. Les bailleurs sociaux, qui également cherchent à optimiser leur coût, s’intéressent notamment au sujet pour optimiser la maintenance et le nettoyage des parties communes, en fonction des occupations, des flux et mouvements de personne.

Exemple de modélisation 3D. (c) Wago

Simplifier le quotidien des usagers
« Le numérique ouvre le champ des possibles et casse les barrières », explique Olivier Marcelli, directeur du projet de restructuration de l’hôpital d’Amiens pour le compte d’Engie Axima.

« Face au contexte hospitalier avec sa multitude de bâtiments, usages et profils d’usagers – patients, soignants, chercheurs, etc. –, Engie Axima a lancé un appel à projets avec Amiens Métropole (le CHU étant une plateforme d’expérimentation possible) sur trois thèmes d’optimisation : le parcours patient, l’efficacité énergétique et l’amélioration du fonctionnement de l’hôpital, et en particulier de la qualité de vie au travail. » L’expert précise : « Nous avons pu ainsi confronter des visions de plus de 50 startups et en retenir trois, dont deux sur l’aide aux usagers. L’une sur les domaines de la géolocalisation sans balise et sans Wi-Fi dans un lieu intérieur, avec sa solution Sweepin Connect©, et l’autre centrée sur le guidage du patient à l’hôpital (comment s’y rendre, où trouver une place de parking, se rendre vers le bon bâtiment et service). Une vraie logique pour réduire le stress et le manque d’informations du patient. »

Solution CARL Flash, développée par Carl Software. (c) Carl Software

Avec la multiplication des objets connectés et l’habitude d’utilisation du smartphone ou de la tablette pour interagir, l’usager peut aussi appréhender facilement une application collaborative. Cette logique peut se traduire par exemple par la dématérialisation du processus de demande d’intervention. « L’idée est de limiter l’usage du mail, du téléphone ou de la page Web et de proposer un format d’intervention sur mobile avec une ergonomie simple, avec un mode le plus participatif possible, permettant ainsi à chacun de savoir si l’anomalie a déjà été signalée, si elle est similaire à une autre, si elle est en cours de traitement,, et de se tenir informé des suites », illustre Laurent Truscello, responsable produits de l’éditeur de GMAO Carl Software.

Les intérêts, les enjeux sont croissants
L’usager au cœur du bâtiment, on y est : décideurs, mainteneurs ou directions techniques du bâtiment n’y voient que des bénéfices, et avec la technologie d’aujourd’hui, on peut le faire ! À la condition de disposer d’une base de données d’informations structurée et ouverte, la création d’applicatifs sur mesure, flexibles et évolutifs va accompagner l’usager dans des situations très variées. Avec, pour seule limite, « de laisser l’humain au centre du sujet », souligne Olivier Marcelli. En somme, que la valeur ajoutée soit bien partagée entre les acteurs.

Jean-François Moreau

 

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