Finance verte : où en sont les institutions financières françaises ?

Au cœur des débats depuis les différents sommets internationaux sur le climat, le rôle des institutions financières dans la transition énergétique tend à s’affirmer de plus en plus. Deux pistes prioritaires sont évoquées pour maintenir le réchauffement climatique sous les 2° prévus par les Accords de Paris, le développement massif d’une énergie décarbonée et une réduction de la consommation globale. Des objectifs ambitieux qui nécessitent des financements de long-terme, uniquement possibles par la mobilisation de l’ensemble des acteurs publics et privés.

La bonne santé des places financières européennes

Une étude menée par l’institut Climate-KIC saluait l’avance des places financières européennes dans le verdissement de la finance. Parmi les bons élèves, Paris et Francfort occupent le haut du tableau. En termes de green bonds émis en France entre 2009 et 2017, la capitale française occupe de très loin la première place avec des montants levés atteignant 33,7 milliards de dollars.

L’organisation du premier Climate Finance Day fin 2017 témoigne du rôle de premier plan joué par les pouvoirs publics. Bruno le Maire, Ministre de l’Economie et des finances, avait posé les bases de cette implication majeure lors du discours de clôture du CFD, en affirmant que « le climat a besoin de la finance mais la finance a besoin de trouver du sens et devenir une finance verte. ». Pour donner l’exemple, les investisseurs publics ont été amplement mobilisés. De la Caisse des Dépôts jusqu’à la DPI, en passant par l’Agence Française de Développement (AFD), l’ensemble des structures ont signé la Charte des investisseurs publics en faveur du climat. Divisé en six point, ce document pose les principes d’une politique de financement public responsable, orientée notamment vers l’accélération des projets bas-carbone et la prise en compte des enjeux climatiques dans les décisions d’investissement. Reste à mobiliser massivement les institutions financières.

Encore une belle marge de progression pour la finance responsable

Xavier Girre, directeur exécutif en charge de la direction financière groupe chez EDF, l’une des principales sociétés émettrices de green bonds, explique que les acteurs du financement de l’économie « intègrent désormais dans leurs choix d’allocation des critères environnementaux, sociaux, sociétaux et éthiques ». La loi sur la Transition Energétique, en obligeant ces structures à une transparence approfondie dans la façon dont ils prennent en compte les critères ESG dans leurs choix d’investissement, les a fortement incités à se prémunir de toute critique par une politique volontariste et responsable.

Mais la finance durable n’en est qu’à ses balbutiements. Premier point, les green bonds sont des inventions récentes. Nés il y a une dizaine d’années, ils représentent seulement 0,9 % du marché obligataire. Une goutte d’eau dans la part totale des obligations, qui s’élève tout de même à 100 000 milliards de dollars. De plus, l’absence critères de définition bien établis rend encore plus flou la valeur globale du montant de ces obligations. En effet, seuls 25 % des green bonds sont labellisés par le Climate bonds initiative, soit à peine 0,2 % du volume total des émissions. Les analystes demeurent cependant confiants. A terme, les green bonds pourraient en effet constituer 5 à 10 % du marché obligataire et s’imposer durablement comme des produits financiers viables et rentables dans le long-terme.

Les banques françaises, leaders européennes dans la prise en compte du climat

Une prise de conscience notable semble émerger chez les acteurs du financement de l’économie, en premier lieu les banques. Novethic, filiale de la Caisse des Dépôts, notamment en charge de la labellisation ISR des fonds d’investissement, a d’ailleurs salué l’engagement des banques françaises dans ce domaine. En tirant les enseignements d’une étude menée par l’ONG Share Actions, spécialisée dans le suivi de l’action des banques en faveur du développement durable, Novethic affirme que « les grandes banques françaises prennent le leadership sur la question du climat ». Dans le TOP 10 des banques européennes les plus investies, la BNP Paribas occupe le haut du podium, le Crédit Agricole la 4ème place et la Société Générale la 5ème position. Mais d’autres structures, plus petites, tendent aussi à développer ces stratégies, au niveau local notamment. Arkéa par exemple, implanté notamment en Bretagne,  en Nouvelle-Aquitaine et dans le Massif central, a très largement capitalisé sur des projets responsables.  Selon Jean-Pierre Denis, PDG du CMA, le groupe Arkéa serait même « l’autre banque verte », en référence au surnom bien connu du Crédit Agricole. Un modèle stratégique fondé sur l’accompagnement de projets locaux, accordant une très large part aux investissements respectant des engagements ISR et reposant sur trois piliers, la transition énergétique, l’économie circulaire et l’entreprenariat social. Pour 2017, la banque a d’ores et déjà annoncé des résultats records avec un produit net en hausse de 12,9 %, atteignant 2,09 milliards d’euros.

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