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Comment j’ai fait – Électricien3e n°39

Ma première envie fut de devenir militaire, mais après le lycée puis le service national, j’ai été convaincu que ce métier ne m’était pas destiné, bien que passionnant pour moi qui aimais la mer et les voyages. J’ai finalement fait une école d’ingénieurs en électricité /informatique/électronique à Rouen, l’Esigelec, et je suis rentré dans le groupe Legrand à Limoges où je suis resté 18 ans. J’ai fait pratiquement tous les types de postes marketing qu’offrait Legrand, de responsable marketing produits tels que EIB (anciennement KNX)/VDI/PLEXO et gammes étanches Europe, à responsable marketing VDI pour l’Asie, l’Amérique du Sud, l’Europe du Nord, de l’Est et le Moyen-Orient. Avant de quitter Legrand en octobre 2009, j’occupais le poste de responsable marché tertiaire pour la France où j’avais en charge les lancements : pro- gramme Mosaic, goulotte à clippage direct, LCS2, les détecteurs d’éclairage ECO 1⁄2, etc.

J’ai créé ma société en janvier 2010 pour des raisons personnelles avant tout. Des envies de « déconditionnement », de liberté à la quarantaine. Une volonté de faire d’autres activités que le marketing, d’élargir mes connaissances, de voir de l’autre côté de la barrière, tout en restant dans une filière connue. Les aspects sociétaux ont fortement influencé mon choix, pour participer plus fortement à l’économie locale et contribuer à l’augmentation de la valeur ajoutée.

J’ai choisi de retourner sur mes terres, mais j’avais tout mon réseau à recréer car, après 18 ans d’absence, les gens n’étaient plus les mêmes. L’instauration de la confiance prend du temps.

Les relations sont différentes, car vous passez en permanence de relations b to bàbtoc…dansmonancienjargon!Le bâtiment, au sens large du terme, vous permet d’avoir un panel divers de relations, administration, associations, médecins (pour l’autonomie et le handi- cap), prescripteurs tels que architectes,architectes d’intérieur, maîtres d’œuvre, clients finaux, responsables commerciaux des fabricants, des distributeurs, artisans ou sociétés du bâtiment et journalistes.

Aujourd’hui, je ne regrette pas ce choix, mais je dois attendre avant de dire si cette nouvelle activité est viable. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est extrêmement enrichissante sur le plan personnel, j’avais tant de choses à apprendre et à concrétiser ! C’est un métier où l’humilité est importante. Vous cherchez en permanence à anticiper, mais il est plus difficile que dans un grand groupe de savoir de quoi sera fait l’avenir.

La domotique s’est fortement démocratisée grâce aux smartphones et aux fabricants qui les ont intégrés comme « télécommandes » de leurs solutions. Il est beaucoup plus simple et ludique pour un utilisateur de commander à distance ou à son domicile, son chauffage, sa musique, visionner une caméra, gérer son alarme par un écran visuel et tactile que par téléphone avec les touches étoiles ou dièse, des codes et des rappels !

Plusieurs facteurs me semblent propices au développement de la domotique, notamment le vieillissement de la population et les inté- rêts naturels qu’apporte la domo- tique à ces personnes. La facilité d’intégration de ces nouvelles applications de commande de la maison dans l’univers technologique(IP,Internet,wifi,TV,smart- phones…) permet à toutes les personnes qui possèdent ces produits d’obtenir plus de confort et une meilleure maîtrise de leur consommation mensuelle énergétique.

Pour moi, le rôle de l’électricien est de conseiller ses clients et de garantir une installation électrique conforme aux exigences normatives et de sécurité. J’essaie pour ma part d’être le plus possible à leur écoute et de trouver la meilleure adéquation solution liée à leurs besoins et à leurs coûts. Le tirage de câbles est évidemment une des activités de ce métier, elle est prise en compte par l’entreprise ou parfois sous-traitée. Pour ma part, elle est stratégique et je tiens à la maîtriser car elle est l’artère principale des réseaux électriques et de communication.

L’électricien est et restera au cœur de l’activité du bâtiment et des maîtres d’œuvre. Je constate autour de moi que la plupart des électriciens proposent sans l’appeler domotique des solutions techniques. Toutefois, peu vont d’eux-mêmes les suggérer aux clients de peur d’être décalés en prix et de perdre du temps donc de l’argent, bref avoir une mauvaise productivité, élément important en temps de crise ! Ce dernier point montre bien que ce sont les fabricants et les distributeurs qui se doivent de faciliter la prise de connaissance de ces nouvelles technologies et de nous accompagner. J’ai beaucoup d’anecdotes sur ce sujet qui prouvent qu’ils ont encore beaucoup de travail. Il y a encore peu de formations domotiques au sein des écoles du bâtiment, elles commencent à venir et seront donc sur le marché réellement dans quelques années. L’e-learning (formation par Internet) ou autres moyens de formation à distance sont peu connus ou utilisés. Les logiciels de chiffrage sont différents des logiciels de chantier. Il y a trop de clivage et de chasses gardées, ce qui aboutit à une perte de temps énorme avec toutes les solutions propriétaires des fabricants. Cela pousse les installateurs électriciens à proposer du traditionnel ou des solutions techniques parfois incomplètes, qu’ils connaissent très bien de leur fabricant habituel. Il est cependant nécessaire parfois de s’orienter vers l’intégration de produits de différentes sociétés, qui permet de répondre au plus juste aux besoins et usages de nos clients.

David Le Souder

David Le Souder: Rédacteur en chef magazine Electricien+ en charge du développement de www.filière-3e.fr Dirigeant de l'agence de communication Mediaclass et responsable marketing opérationnel indépendant; Master marketing industriel. De 1998 à 2007 : responsable communication chez SICK AG De 2007 à 2009 : responsable communication chez Siemens Industry Automation and Drives Technology Depuis 2009 : responsable marketing opérationnel indépendant.
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