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Savoir passer de la « big data » à la donnée utile à l’usager

Serge Subiron, président d'Ijenko

Elle ne couvre pas toutes les problématiques du bâtiment intelligent, mais se concentre sur la maison connectée. Les principaux acteurs qui interviennent dans ce domaine sont les fournisseurs d’énergie, les opérateurs de télécommunications, ainsi que quelques grands partenaires comme Toshiba.

La place de l’installateur électricien dans ces nouveaux schémas

Venant des métiers des télécommunications et de l’IT et en regardant quelles pourraient être les valeurs ajoutées de ces métiers-là aux métiers de l’énergéticien, nous avons tout d’abord mis l’accent sur le sujet du plug&play car, dans la philosophie de l’Internet des objets, ceux-ci doivent être invisibles : comment peut-on se passer des électriciens ? En réalité, cette idée, poussée par de nombreuses start-up des objets connectés selon laquelle on pouvait se passer des corps de métier, est une fausse bonne idée. Quand on touche au chauffage, au radiateur électrique ou aux modules d’effacement dans les tableaux, il faut s’appuyer sur l’expertise des professionnels certifiés. Si on limite l’offre à du pilotage léger de l’électroménager, de la télévision, on risque de « gadgétiser » l’offre : les gens pourraient ne pas y voir de valeur au-delà d’une période de découverte.

Les installateurs électriciens, les chauffagistes devront s’appuyer de plus en plus sur les nouvelles technologies de l’Internet des objets, sur de nouveaux protocoles radio ouverts et interopérables comme Zigbee ou EnOcean. C’est, je crois, le rôle de réseaux comme Rexel ou Sonepar, ou d’acteurs industriels comme Toshiba de les accompagner dans l’évolution naturelle de leurs métiers. Les possibilités offertes sont réelles : dans les expérimentations que nous avons réalisées, notamment avec Direct Énergie, l’installateur peut, avec le consentement du client, garder un œil sur une partie des équipements et proposer des services de télémaintenance ou des améliorations de l’installation. Il y a ici élaboration d’un lien d’usage un peu plus continu et récurrent que le schéma vente- installation. Il existe une valeur pour le client de savoir que la performance de son ballon d’eau chaude se dégrade avant qu’il y ait un problème. Les compagnies d’assurance pourront également intervenir dans ce schéma gagnant-gagnant.

Jouer sur les leviers comportementaux de l’usager

Ijenko joue sur trois leviers comportementaux pour permettre au consommateur de réaliser des économies d’énergie. Le pragmatisme économique d’une part, qui traduit toute dimension technique en unité parlante (euros, nombre de voitures évitées sur le périphérique en équivalent CO2). La dimension normative d’autre part : comment puis-je me comparer à un foyer équivalent. « L’écologie maternelle » enfin : comment peut-on optimiser le confort tout en essayant de transmettre des éco-gestes, avec un aspect communautaire. Sur IssyGrid, par exemple, on peut extrapoler au niveau d’un quartier l’impact qu’une économie individuelle aurait à l’échelle collective. Un dernier axe a trait à la « gamification » avec l’attribution de « points de mérite » ; à nos partenaires opérateurs de transformer les points en programmes de fidélité, en avoirs, en gratifications.

De la « big data » à la « small personal data »

Un foyer équipé avec 5-6 capteurs remonte en moyenne 200 000 données par mois sur notre plate- forme. L’enjeu de cette « big data » de la maison connectée est d’analyser ces données, de les rendre intelligibles et actionnables, à la fois par l’opérateur de services, par l’installateur, pour apprendre, prévoir, anticiper, maintenir, piloter, optimiser, mais aussi pour le client final, afin qu’il consomme moins et mieux, et qu’il améliore son confort simplement. L’utilité de la big data ne serait-elle pas in fine la « small personal data » ?

Serge Subiron:
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