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Carrefour, 1er distributeur français certifié ISO 50001

L’hypermarché Carrefour de la Chapelle-Saint-Luc (10) affiche une consommation électrique à fin 2013 inférieure à 362 kWh/m2.an, à comparer aux 473 kWh/m2.an en moyenne pour les autres hyper de l’enseigne. Un résultat qui permet au groupe de se fixer des objectifs de performance énergétique.

La certification ISO 50001 « Syst ème s de management de l’énergie » délivrée par Afnor Certification récompense la politique d’efficacité énergétique d’une entreprise. Carrefour France vient de l’obtenir en 3 trois mois seulement. Que le géant de la grande distribution décroche la certification ISO 50001 aussi rapidement n’est pas un hasard. Dès 2004, bien avant le Grenelle de l’environnement, Carrefour France a mis en place une politique de réduction de ses consommations d’énergie. Une initiative née d’un accord cadre avec l’Ademe, qui a sensibilisé le groupe aux problématiques énergétiques. « Jusqu’alors, nous n’avions pas conscience des enjeux énergétiques, de l’évolution future du prix de l’énergie, se souvient Sandrine Mercier, responsable Développement durable pour l’enseigne. Le premier bilan carbone que nous avons réalisé a mis en évidence la part prépondérante du froid dans la consommation d’énergie de nos magasins ; entre 40 et 50 % des consommations dans les hyper et de 50 à 60 % dans les supermarchés. »

Réduire de 20 % les consommations d’énergie par m2 d’ici à 2020
L’enseigne s’empare du sujet et décide de réduire de 20 % ses consommations d’énergie par m² d’ici à 2020 sur l’ensemble de ses 700 hyper et supermarchés intégrés (hors franchisés) ainsi que sur ses entrepôts. Une GTC est mise en place dans tous les magasins pour piloter les équipements thermiques (chauffage, groupes froid, fours) ainsi que l’éclairage. L’enseigne fait le choix de sources fluorescentes basse consommation pour l’éclairage (les LED seront installées à partir de 2009). Des systèmes de récupération de chaleur sont installés dans les hyper pour fournir l’eau chaude sanitaire. Les meubles surgelés sont équipés de portes, un choix totalement précurseur à l’époque. Enfin, un système de télégestion remonte toutes les informations de consommation au siège, permet de connaître les courbes de charges de chaque magasin, de pister les dysfonctionnements, de fournir des indicateurs, de piloter n’importe quelle structure et de manager les équipes locales pour améliorer la gestion de l’énergie.

Un décalage des résultats entre hyper et supermarchés
Les résultats sont probants, à tel point qu’en 2009 le comité exécutif qui pilote ce programme revoit ses ambitions à la hausse sous l’impulsion du P-DG de Carrefour. De – 20 %, l’objectif passe à – 30% de consommation au m2.

L’objectif est atteint dans les hypermarchés, voire dépassé pour certains. Les supermarchés, quant à eux, sont à – 10 %. Sandrine Mercier explique que cette stratégie, mise en place dans les hyper (environ 200 magasins) en 2004, a été appliquée aux supermarchés, beaucoup plus nombreux (environ 500 magasins), deux ans plus tard. « Un supermarché est une surface commerciale essentiellement alimentaire ; la part du froid dans les consommations d’énergie est proportionnellement plus importante en super comparée aux hyper, ajoute-t-elle. Les systèmes ne sont pas nécessairement les mêmes : la récupération de chaleur en supermarché n’offre pas un retour sur investissement qui justifie toujours cette technologie ; le solaire thermique sera souvent mieux adapté. La taille et la configuration des supermarchés ne permettent pas non plus l’implantation de certaines technologies… » Autant d’aspects qui expliquent le « retard » des supermarchés, selon cette responsable qui reconnaît par ailleurs l’impact du facteur humain. Oublier d’éteindre la lumière, mal fermer les portes des meubles surgelés… le facteur humain peut aboutir à une variation des résultats de 10 à 20 %, selon elle. La télégestion permet de corriger ces dérapages.

L’importance de la communication
Restait à pérenniser cette démarche. Lorsque la norme 50001 est publiée, Carrefour comprend qu’elle va les aider à structurer sa démarche et à mobiliser ses équipes dans la durée, notamment en communicant sur sa stratégie, en interne et à l’extérieur. L’aspect communication est important pour l’enseigne, qui n’ignore pas que « la grande distribution est rarement écoutée d’une manière neutre ».Cette certification est délivrée par un organisme reconnu, tierce partie, elle prouve un engagement de manière irréfutable, confirme Sandrine Mercier. « Pour les équipes, cette reconnaissance est une fierté parce que le management de l’énergie est un travail de longue haleine, qui ne se voit pas et dont les ROI sont plus ou moins longs. »

Sur ce point, la responsable Développement durable note que les messages en interne sont adaptés selon qu’ils s’adressent aux cadres (plus sensibles aux aspects financiers) ou aux salariés (plus sensibles aux questions environnementales).

Comment rester mobilisé dans la durée
Par ailleurs, s’engager dans la norme 50001 contraint à une démarche d’amélioration continue. « Cette obligation a redonné du rythme à notre action, nous a poussés à nous remettre en question », admet -elle. De fait, Carrefour France révise sa stratégie, réorganise son comité de pilotage, renforce sa gouvernance en matière d’efficacité énergétique, définit de nouveaux plans d’action… Un groupe R&D est notamment chargé de faire de la veille sur les nouvelles technologies, de les tester et de les déployer. Des magasins sont ainsi devenus référents de par les équipements mis en place qui réduisent significativement les consommations au m2, à l’exemple du magasin de la Chapelle- Saint-Luc (10). Cet hypermarché affiche une consommation électrique à fin 2013 inférieure à 362 kWh/m2.an (à comparer aux 473 kWh/m2.an en moyenne pour les autres).

Grâce à cette politique pionnière engagée depuis 2004 et à la certification 50001, Carrefour France assoit, structure et pérennise sa stratégie énergétique. L’enseigne affiche aujourd’hui le meilleur ratio de consommation électrique au m2 comparé aux chiffres publiés par ses concurrents de la grande distribution.

Pascale Renou

Aujourd’hui, la plupart des meubles froids sont équipés de portes, mais, en 2004, Carrefour est précurseur lorsqu’il ferme ses meubles surgelés pour optimiser le poste froid qui représente entre 40 et 50 % des consommations dans les hyper et de 50 à 60 % dans les supermarchés.

Pascale Renou: Journaliste J3e
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