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Lecture de la transition énergétique selon Manuel Valls

Le 8 avril dernier, devant l’Assemblée nationale, Manuel Valls fixait dans sa déclaration de politique générale les grandes lignes de conduite de son gouvernement. La comparaison avec le même discours de Jean- Marc Ayrault en juillet 2012 laisse présager une accentuation des efforts portant sur la transition énergétique, à l’heure même où, pourtant, le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie n’est plus dirigé par les Verts.

« La transition énergétique sera l’une de mes priorités. C’est une formidable opportunité économique. »

Répondant aux inquiétudes prioritaires des Français, l’approche du Premier ministre est avant tout économique : face aux problèmes de la dette et du déficit commercial, la transition énergétique – via notamment l’implication des collectivités territoriales – proposerait une moindre dépendance aux importations de matières premières. En ce qui concerne à la fois le pouvoir d’achat et la crise de l’emploi, la rénovation écologique des habitations doit générer des économies pour les citoyens et un coup de pouce à l’industrie des BTP, directement sollicitée par le projet de rénover 500 000 bâtiments avant 2017. Enfin, le nouveau gouvernement entend également s’appuyer sur les avancées technologiques disponibles : véhicules électriques, recyclage des déchets et optimisation thermique des bâtiments doivent être les clefs de voûte du nouveau programme.

« Mais il y a aussi la nécessité écologique. »

Le pendant de l’innovation technologique est la diversification du bouquet énergétique : non seulement le gouvernement réaffirme son objectif de réduire de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production nationale d’énergie d’ici 2025, mais les autres objectifs à l’horizon 2030 sont encore plus ambitieux (30 % de réduction de l’usage des énergies fossiles et 40 % de diminution des émissions de gaz à effet de serre). Les sources d’énergies alternatives doivent pour ce faire entrer en jeu, et l’insistance est mise sur le photovoltaïque et l’éolien, alors que le Forum économique mondial a décerné à la France la troisième place dans la course à la transition énergétique. La conférence de Paris sur le climat prévue en 2015 rend en outre urgentes les preuves de bonne volonté pour se conformer aux précédents traités internationaux sur la question : « la volonté politique doit l’emporter », a affirmé Ségolène Royal au lendemain de sa nomination au ministère de l’Ecologie.

L’approche du Premier ministre est avant tout économique : face aux problèmes de la dette et du déficit commercial, la transition énergétique – via notamment l’implication des collectivités territoriales – proposerait une moindre dépendance aux importations de matières premières.

Un projet de loi ambitieux
François Hollande en avait fait une priorité de campagne, Manuel Valls en avance même la date. Initialement prévue pour cet automne, « la loi sur la transition énergétique [sera] soumise au conseil des ministres avant l’été ». Les étapes du processus s’enchaînent donc : en septembre, le gouvernement recevait la synthèse du débat national sur la transition énergétique, document ambitieux fixant les objectifs et les modalités du projet en tenant compte de l’état des dissensions.

Il y a un mois, le ministère de l’Energie remettait au Conseil national de la Transition Energétique les textes préfigurant le projet de loi, au demeurant très contesté. En effet, outre les tensions autour de la question du nucléaire, le coût à court terme de la transition pose problème, alors que la France se bat pour une réduction de sa dette et est contrainte par Bruxelles (et les marchés) à une réduction de son déficit courant.

Pourtant, si comme l’affirme le Premier ministre, « concrètement, la transition énergétique réduit notre déficit commercial et renforce notre souveraineté », alors sa pertinence à long terme est indubitable, et son implication ne saurait être retardée.

Fabien BLANC:
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