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3 Questions à Nicolas Chaudron, Partner Capital Croissance chez Idinvest Partners

j3e – Vous avez piloté l’investissement d’Idinvest Partners dans plusieurs projets. Quels sont les enjeux spécifiques du secteur cleantech en termes de maturité et de retour sur investissement ?
Nicolas Chaudron – La spécificité des cleantech dans le financement de l’innovation, ce sont des cycles de développement plus longs et plus coûteux que ce que l’on peut trouver dans l’Internet, par exemple. Pour une première raison qui est que l’on développe souvent du hardware dont les cycles de développement sont plus longs que des sites Internet. La deuxième raison est que l’on est sur des cycles de vente BtoB industriels plus longs que lorsqu’on s’adresse à du grand public, notamment parce qu’ils comportent des phases de test. Vous allez parfois mettre jusqu’à 3 ou 4 ans à développer le produit et ensuite 3 ou 4 ans à faire des tests juste pour vous assurer que votre produit tient la route avant de le lancer sur le marché.

Les taux de retour sur investissement que nous visons dans les cleantech sont similaires à ceux du capital innovation en général. Compte tenu des temps de développement plus longs, nous avons tendance à éviter les tours d’amorçage dont les horizons de revente (parfois plus de 10 ans) sont trop importants par rapport à nos horizons d’investissement compris entre 5 et 7 ans. Nous privilégions également les sociétés les moins intensives en capital ; elles sont de plus en plus nombreuses grâce à une utilisation croissante des technologies de l’information pour accélérer la transition énergétique.

j3e – Comment voyez-vous l’impact des évolutions réglementaires en cours sur le développement du secteur ?
N. C. – Il y a une tendance globale en Europe plutôt positive. Le problème est que la réglementation est trop instable. Ce qui est arrivé dans le solaire en France, par exemple, est une catastrophe. Ce qui compte, c’est la stabilité pour des entreprises comme nous qui faisons des investissements à horizon de 5 à 7 ans.

Il y a quelques années, les enjeux étaient liés à des projets d’énergies renouvelables. Il y en a encore, mais la plupart des activités sont aujourd’hui arrivées à maturité. L’enjeu pour nous en 2014, au niveau français, concerne des sujets nouveaux comme l’efficacité énergétique, comme celle dans le bâtiment.

Au niveau international, les marchés de crédit carbone ne fonctionnent pas aussi bien que prévu. Or nous avons besoin d’indicateurs et de mécanismes économiques pour matérialiser les enjeux environnementaux. C’est un des gros enjeux du point de vue international.

De ce fait, aujourd’hui, on ne regarde plus les sujets qui s’appuient trop exclusivement sur les crédits carbone.

j3e – Quelles sont, selon vous, les pistes de « financement innovant » dans le secteur ?
N. C. – Il me semble que les nouvelles solutions passent par la mise en commun des ressources financières des PME, des grands groupes et des pouvoirs publics. D’un côté, les groupes industriels sont de plus en plus présents dans le financement de l’innovation avec des activités de Corporate Venture. De l’autre côté, les pouvoirs publics s’investissent dans le financement de la transition énergétique. Nous avons récemment participé à l’investissement dans une société appelée Nénuphar qui fabrique des éoliennes à axe vertical. La syndication du tour de table était représentative : Areva comme acteur industriel, Bpifrance à travers son fonds Écotechnologies pour les pouvoirs publics, et Idinvest Partners pour le capital innovation. La mise en commun des ressources a permis de monter l’opération de financement.

Une autre tendance lourde dans les financements des cleantech est le tiers financement dans des projets d’efficacité énergétique. Nous commençons à travailler sur ces sujets, notamment dans le secteur de l’éclairage. Des acteurs viennent nous voir. Nous prenons en charge l’investissement d’infrastructures et l’on se rémunère sur les économies d’énergie. Une équipe chez nous est en train de se mettre en place sur le sujet.

C’est quelque chose qui a quelques dizaines d’années aux États-Unis et qui est en train d’arriver en Europe. Cela n’est pas encore très développé en Europe occidentale. Nous croyons cependant au développement et c’est pourquoi on se positionne dessus.

Aymeric BOURDIN:
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