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Economie verte : quels impacts sur l’emploi ?

DR.

Des secteurs d’activité boostés par l’économie verte

Réduire les émissions de gaz à effet de serre, privilégier les éco-technologies, pratiquer une consommation et une production responsable, ou encore développer la construction de transports durables et de bâtiments intelligents… Ces objectifs, fixés par la France dans le cadre de la transition énergétique, répondent à un modèle simple : l’économie verte. Pour être mis en place de manière concrète et durable, ce système se doit d’être soutenu par de multiples acteurs, appartenant à des catégories socio-professionnelles différentes. Leurs actions, mises bout à bout, ont un impact considérable : elles contribuent à construire l’économie de demain, capable de prendre en compte les enjeux environnementaux dans leur globalité. Au fil des innovations et du développement de la réglementation, le modèle économique français tend donc vers un rapprochement inévitable avec l’écologie. Dans ce contexte, les pratiques professionnelles au sein de ce que l’on peut désormais appeler « l’économie verte » sont en train d’évoluer. De nouveaux secteurs d’activités apparaissent, en lien direct avec le bouleversement des compétences et des modes d’organisation du travail. Mais comment délimiter le périmètre « d’impact » de l’économie verte ? En fait, deux grands domaines d’activités peuvent être retenus pour définir les métiers que recouvre l’économie verte. En premier lieu, les éco-activités, dédiées à la préservation de l’environnement, auront pour but de permettre la modification de l’approvisionnement énergétique, via le développement des énergies renouvelables par exemple. Optimiser la consommation, améliorer les procédés de production et de recyclage, réutiliser au maximum les ressources, sont autant d’objectifs fixés par ces activités, regroupant majoritairement les entreprises marchandes ou les administrations publiques. D’autre part, l’économie verte est composée de ce que l’on peut appeler les activités « périphériques », qui agissent en faveur d’une meilleure qualité environnementale, sans pour autant que cela soit leur finalité première. Les transports, la construction ou la logistique permettent en effet d’améliorer l’efficacité énergétique sur la mobilité et l’habitat, ce qui représente la plus grande part des facteurs de consommation. En totalité, l’économie verte compte neuf catégories socio-professionnelle dites « vertes » (qui occupent un poste à finalité environnementale), et plus de 50 professions dites « verdissantes » (qui occupent un poste dont le contenu devrait évoluer, pour intégrer les enjeux environnementaux).

Diverses possibilités de mesure

Si les emplois créés par l’économie verte sont bel et bien de plus en plus présents dans notre économie, il est cependant devenu complexe de mesurer leur nombre. En effet, le concept est assez récent, et les statistiques mises en place actuellement ne sont pas adaptées pour appréhender ces secteurs d’activité. Il existe donc plusieurs approches pour calculer le nombre d’individus que regroupe le système d’économie verte : afin d’évaluer dans le temps l’impact de la transition écologique dans les secteurs d’activités, et particulièrement en matière d’emploi, il est devenu nécessaire de mesurer cette économie. Pour cela, les chercheurs peuvent utiliser l’approche sectorielle, qui s’articule autour de quatre filières thématiques : l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, l’eau et la valorisation industrielle des déchets. Ces dernières regroupent 19 filières vertes jugées prioritaires pour le développement de l’économie verte. L’ensemble de ces secteurs représente, en Île-de-France, plus de 880 600 emplois, dont 330 000 dans l’administration publique. Les limites de cette analyse sectorielle ? Elle surestime le nombre d’emplois publics de l’économie verte : seule une faible part des effectifs dans l’administration est réellement dédiée à l’environnement.

Pour contrer cette problématique, il est possible d’analyser les professions vertes et verdissantes de manière non seulement quantitative, mais également qualitative. Cette approche par les métiers vise à quantifier le nombre de personnes occupant une profession verte et ceux occupant une profession verdissante. Sur la base de cette approche, l’Ile-de-France compte plus de 770 000 personnes ayant des compétences environnementales avérées ou à développer. Néanmoins, la limite de cette approche réside dans le fait que l’utilisation de la nomenclature PCS ne reflète qu’imparfaitement les évolutions des professions vertes.

Pour identifier au mieux cette évolution, la meilleure solution est donc d’utiliser l’analyse croisée secteurs/professions, qui permet d’affiner la quantification du cœur de l’économie verte, en identifiant les personnes exerçant une profession verte ou verdissante au sein des secteurs de l’économie verte. Ainsi, sur les 771 200 métiers regroupés, seuls 32% des individus travaillent dans le secteur de l’économie verte.

Des résultats encourageants

En analysant ces résultats, il est possible de se rendre compte que les éco-activités constituent le cœur de cette économie verte. Elles concentrent plus de 70% des emplois, contre 30% pour ce qui est des activités périphériques (regroupant notamment les métiers de la construction). A quelques mois de la COP21, qui se tiendra à Paris à la fin de l’année 2015, et dans un contexte de transition énergétique, ces chiffres sont plutôt prometteurs. Rien qu’en Ile-de-France, 880 600 emplois sont directement créés par l’économie verte. A ces données encourageants, s’ajoute l’étendue des connaissances et des innovations non inclues dans les statistiques : l’éco-innovation ne provient pas directement de domaines liés à l’environnement, mais contribue au développement des énergies propres de façon certaine. Les normes environnementales et les investissements publics, qui ne cessent d’évoluer depuis une dizaine d’années, seront également présents pour soutenir la transition énergétique de notre pays.

Celine Delbecque:
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