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Home cinéma : Les prérequis techniques et le son

Avoir un home cinéma est un rêve que peu avouent. Qui n’a pas été « séduit » par l’explosion audiovidéo du système d’un ami ? Les TV ont des images de plus en plus grandes avec une définition 4K devenue courante, mais le son est le parent pauvre. Or, c’est bien le son qui crée l’ambiance d’un film, bien plus que l’image. Un home cinéma typique d’aujourd’hui comprend une télévision, un lecteur DVD Blu-ray, des enceintes et un son surround enveloppant. Ce n’est que le début de l’expérience sonore dans la maison, alors installateurs, préparez-vous à y répondre !

Un récent sondage DTS/Nielsen Media Research, réalisé sur plus de 2 000 adultes âgés de 18 à 65 ans aux États-Unis, a déterminé que 76 % des ménages détenteurs d’un home cinéma ont déjà un vrai son surround « 5.1 » pour l’expérience ultime de visionnage des films. L’étude montre aussi que le nombre de possesseurs a augmenté de 120 % au cours des deux dernières années. Le son est devenu si important que DTS a prouvé que les consommateurs éduqués se décident pour l’achat d’un DVD grâce à la bande-son DTS. De nombreux amateurs de home cinéma reconnaissent que l’expérience son est bien supérieure quand le DTS est activé.

Mais avant de faire rêver le client, l’installateur, ou plutôt l’intégrateur, doit travailler en amont afin d’obtenir une installation parfaite.

Une réception multimédia maximale
Il faut se garantir un réseau multimédia irréprochable en préparant tout en amont. « Le câble oublié est le câble qui vaut le plus cher », souligne Emmanuel Paoli, intégrateur audiovidéo chez TBSCO. Mieux vaut intégrer des gaines derrière les murs ou en plafond pour les interventions futures. D’ailleurs, en 2013, le Cedia sortait le Guide de recommandations de câblage, qui est un ensemble de recommandations pour le câblage des habitats connectés. Car sur le réseau d’une maison connectée, on trouve la domotique, le réseau personnel, le satellite, le téléphone, l’audio, le multimédia, la lumière et la vidéosurveillance Alarme. Comme le souligne très justement Bruno Napoli, de BNM Vidéo, il y a plus d’appareils sur le réseau du domicile que sur celui des entreprises. Il faut prévoir de rentrer de la fibre optique, de la parabole, de l’antenne et de la téléphonie en cuivre, qui va bientôt disparaître. C’est donc bien le tableau de communication que les installateurs électriques doivent soigner. Il est extrêmement rare de voir une maison neuve ou rénovée qui respecte simplement la norme NF C 15-100. On ne trouve presque jamais une distribution propre et nette de l’antenne. Car un home cinéma est avant tout composé d’un écran qui diffuse les chaînes TV et, de plus en plus souvent, dans plusieurs pièces. Ainsi, il faut un coaxial de 11 mm qui descend du toit jusqu’au répartiteur pour la réception hertzienne. « Attention, il ne faut pas descendre un vulgaire coaxial. Il y a des normes et des qualités de câbles. Les choses ont changé depuis trente ans, car en passant au numérique, la qualité du câble est primordiale, sans quoi la réception sera faible », précise Emmanuel Paoli. Les pertes produisent une diminution de l’amplitude du signal en fin de ligne ; cela se manifeste par exemple par une diminution de la puissance RF rayonnée dans le cas d’un émetteur. Plus le diamètre du conducteur est petit, plus grande sera sa résistance, et donc plus il y aura de pertes. Plus la fréquence augmente, plus il y aura de pertes. Plus on augmente la longueur du câble, plus il y aura de pertes. Ainsi, pour un câble de 17 Vatc, la perte est de 17 dB/100 mètres, à une fréquence de référence de 800 MHz. Mais avec le même câble utilisé pour de la réception satellite (2 150 Hz), les pertes sont d’environ 40 dB/100 mètres. C’est-à-dire qu’avec un signal de 90 dB en sortie de parabole et une perte de 40 dB, le client ne voit rien.

La barre de son Yamaha YSP-5600 offre un véritable son spatial.

Dans les immeubles anciens réhabilités et découpés en lot, il n’est pas rare de se retrouver avec des métrés de câbles importants. « J’ai le cas actuellement d’un appartement parisien qui a plus de 60 m de distance entre la TV et le répartiteur », précise Emmanuel Paoli. Bien sûr, le câble n’a pas été changé lors de la rénovation puisqu’il était déjà en place. C’est du devoir de l’installateur électrique ou de l’antenniste que d’installer un réseau top niveau. Sinon, il est certain qu’il devra intervenir gratuitement chez son client à chaque fois que le signal sera faible. C’est de sa responsabilité. Ce qui est vendu est une image.

« Pour moi, j’assure la réception hertzienne qui est d’une très grande qualité. Les clients peuvent passer par la box pour le téléviseur principal, mais s’il y a d’autres TV à raccorder, rien ne vaut le câble coaxial. D’autant que les opérateurs font payer les boîtiers des chaînes gratuites, ce qui est un paradoxe de payer pour du gratuit », explique Jean-Marc Sevaux, intégrateur audio/vidéo à Saint-Macaire-en-Mauges, près de Cholet. Emmanuel Paoli tient le même discours. Depuis le 4 avril, 25 chaînes en français sont disponibles en HD. Avec les nouveaux téléviseurs Canal Ready, il suffit d’insérer un adaptateur CI qui permet de recevoir les cartes d’abonnement Canal+. Grâce à ce système, une seule télécommande pilote le tout. D’autant que la box domotique n’est pas le support le plus aisé à configurer, surtout pour une installation home cinéma qui multiplie les télécommandes.

Installation complète avec un système Bose home cinéma

Une distribution réseau de qualité
Le câble Grade 3 de catégorie 5 ou 6 dispose d’une des 4 paires torsadées plus blindée, ce qui permet d’envoyer un signal d’antenne (souvent satellite). Ainsi on peut envoyer du réseau sur deux paires, le téléphone sur une paire et le satellite sur la 3e paire. La norme NF C 15-100 impose une prise Grade 3 par pièce, mais il est possible de prendre un câble Cat.5e avec un coaxial en parallèle pour séparer les signaux. A ce niveau de prestation, il est très intéressant que le travail soit réalisé par un intégrateur ou un antenniste mandaté par l’installateur électrique, afin d’être certain de disposer du réseau prêt à recevoir les éléments du multimédia.
« Combien de fois voit-on un câble Cat.6a blindé sur une prise Cat.5 non blindée. En n’installant pas la bonne prise, l’installateur vient de descendre la capacité en catégorie 5. C’est du devoir de l’électricien d’apprendre cela. A sa décharge, chez certains fournisseurs, il est impossible d’acheter des prises Cat.6 alors qu’ils vendent le câble Cat.6 », tient absolument à souligner Emmanuel Paoli de TBSCO. Cette erreur devient énorme quand le client reçoit la fibre optique et que la quantité de données est gigantesque, parfois 300 Mo en download. La marge d’erreur n’existe plus.
Si la future installation reçoit un serveur vidéo BNM ou autre avec player Zappiti ou Dune, la bande passante explose. C’est-à-dire que le débit du réseau de la maison est bien supérieur à celui d’internet. Rien que le transfert des films enregistrés entre le Freebox Player et le Freebox Server impose un réseau de qualité. Et le client ne comprendra pas que cela ne puisse pas fonctionner à cause d’une prise coûtant quelques euros.
Compte tenu de la rapidité à laquelle les débits augmentent, il n’est pas concevable de fournir un réseau déjà obsolète alors que la maison est construite pour des années. Quelle sera la réaction du client à qui l’on explique qu’il doit changer le réseau entier de sa maison parce qu’il reçoit la fibre ?

Des équipements réseau de qualité
Si l’internet s’arrête, il n’y a plus de réseau au domicile. Mais la maison doit fonctionner sereinement sans internet. Il est ainsi souhaitable de mettre un routeur pour assurer les fonctionnalités hors internet. De même, beaucoup trop d’installations Wi-Fi reposent sur le routeur de la box. Pourquoi ne pas installer une version industrielle type Pakedge ou Netgear ? D’autant que les caméras de surveillance peuvent parfois s’arrêter avec la coupure de l’internet. On comprend mieux l’intérêt du second routeur.
Autre problème, un câble HDMI ne se coupe pas. Il faut donc prévoir une gaine suffisamment large (32 mm) pour recevoir la prise HDMI. Mais il faut prévoir de changer le câble dans les années qui viennent car la norme HDMI évolue vite. Il ne faut donc aucun coude pour pouvoir intervenir ultérieurement. C’est actuellement la norme 2.2 qui fait foi. Sur les sept dernières années, la norme a changé six fois avec l’augmentation de la bande passante. La prise reste la même mais le câble change. Par exemple, les HDMI de 3 ans d’âge ne transmettent pas la 4K ou la 3D. Les nouvelles évolutions font passer le nombre d’images de 27 images/s à 60, ce qui augmente encore la quantité de données. Cela fonctionne encore aujourd’hui, tant que les programmes TV ne diffusent pas en 4K à 60 images/s.
La norme HDMI spécifie qu’un câble standard mesure 5 m. Au-delà, des pertes apparaissent.

En résumé, comme le spécifie Olivier Chemin, directeur de la filiale française de Sonos, « Si nous avons un bon réseau internet, un bon réseau Wi-Fi et un câble optique sur la TV, le système fonctionnera ».

Système 5.1, Sonos composé d’une Playbar, d’un caisson Sub et de 2 Play 1

L’électricité en nombre
L’habitude de l’électricien est de placer les prises d’antennes et électriques à 1,2 m du sol, à l’endroit précis où le téléviseur sera installé. Mais avec les nouveaux supports de 12 mm d’épaisseur, il est totalement impossible d’installer ne serait-ce que la prise d’antenne, qui fait au minimum 40 mm. Il en est de même pour la prise électrique. L’installateur doit absolument installer une back box avec les entrées sur le côté.
Pour un home cinéma, il faut compter avec une TV, un ampli, un lecteur Blu-ray, une barre de son, un caisson plus deux autres enceintes, soit au minimum sept prises, sans compter la console de jeux ni la lumière.
Tout cela s’anticipe avant de réfléchir aux produits multimédias eux-mêmes.

Les protections des surtensions
N’oubliez pas les parasurtenseurs. Ne négligez pas un détail simple mais important. La puissance ! On l’a dit plus haut, le nombre d’appareils à raccorder est important. Au prix du matériel, il ne faut surtout pas hésiter à surprotéger. En cas de surtension par la foudre ou une variation du réseau, tout risque de court-circuiter et d’endommager l’installation. Préférez un fabricant qui assure contre les surtensions.

Le Guide de recommandations de câblage du Cédia propose les architectures type et les produits adaptés selon les besoins.

Où passer les câbles
Les professionnels préfèrent toujours passer du câble Ethernet pour raccorder les enceintes. Le réseau Wi-Fi ne sert alors qu’à piloter le système à partir du smartphone ou de la tablette. « Puisqu’il faut passer un câble électrique pour alimenter les enceintes, autant passer le câble Ethernet en même temps et assurer une communication fiable, non soumise à la qualité du réseau Wi-Fi », fait remarquer Emmanuel Paoli. L’idéal est d’encastrer les fils dans l’épaisseur des murs et du sol. Cette solution assure une finition impeccable. Si le client ne veut pas faire de travaux de maçonnerie mais seulement aménager une pièce existante, mieux vaut poser des plinthes électriques. Cette solution est évidemment moins discrète, mais beaucoup plus économique car elle nécessite moins de travaux. Elle a aussi l’avantage d’être évolutive. Ainsi, en cas de modification de l’implantation ou de transformation de la pièce en chambre, la redistribution du réseau électrique sera aisée.

 

 

 

 

 

La baie de brassage
Tous ces câbles convergent vers un point central. Pour travailler dans de bonnes conditions, cet espace doit être grand. Il faut pouvoir circuler pour avoir une bonne distribution d’antenne, de même pour le réseau. En moyenne, on installe des câbles pour 5 téléviseurs en moyenne.

Adapter le son à la pièce
« Quand j’arrive chez un client et que la pièce est grande ou le projet est d’importance, je fais des mesures acoustiques pour voir comment se comporte la pièce », décrit Jean-Marc Sevaux. Pour cela, un haut-parleur 360° est placé au milieu de la pièce, envoyant différentes fréquences. Ce n’est que dans un second temps que le test se fait à l’endroit précis où l’écran home cinéma va être installé.

Dans une pièce classique, l’expérience suffit pour entendre comment réagit la pièce. « Rien qu’en regardant la composition des meubles, du canapé, s’il y a des rideaux aux fenêtres, si le sol est en carrelage ou parquet, je sais le comportement sonore du futur home cinéma », précise Jean-Marc Seveaux. Pour Olivier Chemin, directeur de Sonos France, une pièce classique fait entre 25 et 30 m2. Le système Home cinéma de Sonos est d’ailleurs dimensionné pour cette superficie. « Le home cinéma est une composante du cinéma privé. Peu importe la technologie employée, pour nous, un home cinéma est composé de plusieurs voix sonores pour créer une ambiance enveloppante, appelée surround. Le plus difficile pour des produits grand public est de réussir à calibrer les enceintes pour toutes les dispositions de pièces », ajoute-t-il.

Pour profiter pleinement de l’effet surround, l’installation sonore doit compter 5 ou 7 enceintes et généralement un caisson de graves (5.1 pour cinq enceintes plus un caisson de graves, ou 7.1). Placez une enceinte sous ou derrière l’écran et les quatre autres aux quatre angles pour entourer le spectateur. Dans la version 7.1, les deux enceintes supplémentaires sont placées à droite et à gauche de la zone d’écoute. Pour que le son se diffuse de manière uniforme, évitez de coller les enceintes contre les murs. Il vaut mieux alors acheter un système 3 enceintes et un caisson de basses (3.1) plutôt que 5 enceintes et aucun caisson (5.0). En effet, quand on met un caisson, les enceintes ne restituent plus les basses et deviennent de fait plus puissantes dans les aigus.

Les systèmes sans fil fonctionnent très bien aujourd’hui. Que ce soit Sonos, l’historique, ou tous les nouveaux acteurs comme Samsung, Denon, Sony, Philips, Bose, LG, Harman Kardon et d’autres, les solutions permettent l’écoute d’enceintes sans fil multiroom en home cinéma. Cependant, tous n’ont pas de solutions complètes dédiées. « Chez Sonos, nous disposons depuis quelques mois de Trueplay version 2, qui est un logiciel de calibrage selon la disposition de la pièce. Déjà existant en système audio, le calibrage pour le home cinéma sera bientôt disponible », précise Olivier Chemin. C’est d’autant plus simple pour le cinéma à domicile que les enceintes ne changent pas de place. Une fois le calibrage fait et satisfaisant en termes d’écoute, le système ne change pas.

Certains clients rétorqueront que les produits sont chers et qu’ils souhaitent des produits plus abordables. Il convient toutefois de préciser que les produits comme ceux de Sonos ou Denon sont mis à jour régulièrement et proposent de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux services. Pas besoin de changer ses enceintes Play1 de Sonos pour bénéficier du calibrage Trueplay, par exemple. C’est tout l’opposé de l’obsolescence programmée.

Conclusion
Arrivé à cette étape, on quitte le métier de l’installateur pour basculer dans celui de l’intégrateur, qui étudie selon la pièce l’installation idéale. Il est alors possible de se faire plaisir et de profiter de ses films et séries préférés avec une belle image et un son de qualité. On verra qu’il n’est pas nécessaire d’investir immédiatement dans un système complet, mais que progressivement, on améliorera selon le budget.
Mais quels sont les services en plus que proposera l’électricien pour se différencier de la personne qui achète seule son système en magasin ? Tout d’abord, l’assistance à l’installation. Ce n’est jamais simple d’appréhender quelque chose de totalement nouveau. « L’avantage pour les électriciens est qu’ils ont, avec le home cinéma et l’audio, un véritable potentiel pour développer et satisfaire leur clientèle. Nous n’en sommes qu’au début du son dans la maison », fait remarquer Olivier Chemin. Pour satisfaire un client, il faut réaliser un réseau de qualité et disposer d’un Wi-Fi professionnel. Vous serez toujours responsable aux yeux du client si le son ou l’image saute. Mieux vaut sécuriser l’installation.

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