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L’enseignement de l’histoire de la vision de la lumière à travers les âges et les cultures : Troisième partie

Autel de l‘église St. Moritz à Augsburg (D) en Novembre 2013, après rénovation par l‘architecte John Pawson et l’agence d’éclairage Mindseye.

La confrontation de la vision de la lumière occidentale avec celle des autres cultures

Par Richard Zarytkiewicz
Consultant en éclairage et enseignant

L’existence d’une notion culturelle de la vision de la lumière n’est que partiellement démontrée par l’analyse des pratiques lumineuses et de leurs conséquences sur la vision contemporaine de la lumière en Europe et en occident ; elle devient plus évidente lorsqu’on confronte cette dernière à celles rencontrées dans d’autres cultures, et en premier lieu avec la vision asiatique de la lumière, l’une des mieux documentées.

On s’aperçoit tout d’abord que la vision asiatique de la lumière est jalonnée de repères très différents de ceux qui délimitent celle de la vision occidentale.  Akari-Lisa Ishii (qui répertoriait les différentes caractéristiques de la vision asiatique de la lumière dans le numéro 17 de PLD magazine), cite habituellement, par exemple, la référence traditionnelle à la lumière de la lune, qui est une lumière réfléchie (par opposition à la référence au soleil, cardinale pour la vision occidentale), l’influence de l’humidité du climat et des brouillards fréquents en Asie, l’utilisation de lanternes de papier (plutôt que de flammes nues dans les lanternes occidentales), témoignant d’une préférence absolue pour la lumière diffuse, etc.
La référence à une lumière réfléchie témoigne chez les Asiatiques de la recherche d’une grande progressivité dans la gestion des contrastes de lumière différente de la culture du clair/obscur caractéristique de la vision occidentale. On le constate aisément au Japon avec le filtrage graduel de la lumière naturelle à l’intérieur de la maison traditionnelle japonaise, tel qu’il nous est décrit par Junichiro Tanizaki[1].

Shanghai World Financial Center – Lighting design Motoko Ishii

Citons également le no 94 de juillet/août 2014 de PLD Magazine, Reflected light in Iranian Architecture by Hamid Moleshi, un article à propos de l’architecture iranienne de la lumière des miroirs, ce qui me conduit aussi à citer le texte de Paolo Portoghesi (architecte de la mosquée de Rome inaugurée en 1995), intitulé précisément “La luce come materiale di costruzione” (La lumière comme matériau de construction). Il y cite la sourate du Coran évoquant une situation de fusion/interaction de la lumière d’une lampe de verre – dont la lumière serait réfléchie à l’intérieur d’une niche – avec la brillance  de l’huile d’olive (visible puisque contenue dans la lampe de verre) qui en alimente la flamme et dont l’aspect est lui-même porteur d’une brillance et donc d’une lumière qui lui est propre.

Photo : Lucas Löffler – USA_Antelope-Canyon Arizona – public domain ex Wikipedia

CONCLUSION

Ces éléments que nous extrayons de tout ce qui nous permet de retrouver des traces de l’histoire de la vision qui a été celle de l’humanité à travers les âges, sont d’un grand secours dans le travail de reconstruction du parcours qui nous conduit à la vision moderne de la lumière.
C’est le rôle de l’enseignement en l’éclairage architectural ou en éclairagisme de les communiquer aux étudiants afin de stimuler leur sensibilité et de les aider à construire une méthode d’analyse visuelle, utile à l’élaboration de projets lumière.
Par mon expérience personnelle, je suis convaincu que si l’histoire de l’architecture est fondamentale dans l’éducation de l’architecte, l’exploration de l’histoire de la vision de la lumière est un exercice tout aussi important pour tous ceux qui sont destinés à organiser la lumière ainsi qu’un instrument de grande valeur au service de l’enseignement de la conception lumière.

[1] Junichirô Tanizaki, Eloge de l’ombre,  Éditions Verdier 2011.

Filière 3e:
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