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Lébénoïd : 100 ans de fabrication et de savoir-faire à la française

Christophe Bayol, directeur général de Lébénoïd ©Lébénoïd

Comment Lébénoïd est-elle passée de la fabrication d’isolant électrique à celle d’appareils d’éclairage ?

Christophe Bayol – Créée en 1922 à Villeurbanne (69), la société fabriquait des ustensiles de cuisine en matière thermodurcissable. Nous sommes au début du XXe siècle, en pleine phase d’électrification en France, l’entreprise, pour diversifier son activité, avait conçu un isolant électrique qu’elle avait appelé « ébénoïd ». Le nom est composé de deux parties : « ében », comme le bois, qui est un matériau robuste et isolant, et la terminaison « oïd » qui, à l’époque de la création de l’entreprise, avait une conation futuriste (et qui signifie aussi « qui se rapporte à »). Dans les années 1950, L’Ébénoïd (1) se diversifie et produit de nouveaux accessoires électriques plus orientés domestiques, puis des hublots, et étend ensuite ses gammes aux luminaires fonctionnels. L’éléphant présent dans le logo existe depuis le début et symbolise la robustesse du produit L’Ébénoïd sur lequel, à l’origine, l’animal reposait sa patte. Les passages d’un produit à l’autre se sont effectués sans changements radicaux, l’entreprise restant un industriel utilisant des matières thermodurcissables ou polymères injectables. Puis, au cours des vingt dernières années, L’Ébénoïd change de mains plusieurs fois : elle est rachetée par Entrelec, fabricant d’accessoires électriques, qui souhaite opérer une véritable synergie industrielle. Dans la foulée, en 2001, Entrelec est rachetée à son tour par le groupe helvético-suédois ABB France au sein duquel la marque L’Ébénoïd se retrouve seul fabricant de luminaires. En 2017, j’intègre L’Ébénoïd comme directeur commercial. Après une formation technique et une école de commerce, j’ai suivi un parcours dans le monde de l’électricité, de la distribution professionnelle (en 1995, je vendais des produits L’Ébénoïd !), en passant par des fabricants de matériels électriques et enfin, des installateurs. En 2018, ABB décide de revendre l’entreprise : Sylvain Palombo et moi-même montons un projet afin d’acquérir L’Ébénoïd via la holding Lighting Developpement, accompagnés par notre partenaire financier Ciclad. La marque devient alors Lébénoïd et se dote d’un nouveau logo affirmant le dynamisme et la modernité de la marque pour mieux se projeter dans le futur.

Lébénoïd est redevenue un industriel français indépendant, quelle est son organisation actuelle ?

Christophe Bayol – L’entreprise dispose d’un service R&D, d’un bureau d’études mécanique et électronique, d’un laboratoire électrique et photométrique et de deux usines : une basée en France, à Vernosc-lès-Annonay en Ardèche (ouvert en 1975), et une en Tunisie, proche de Tunis. Nous avons également deux sites de stockage, un à Vernosc et un autre en Belgique. Aujourd’hui, Lébénoïd compte 120 collaborateurs et son chiffre d’affaires est de 31 millions d’euros. Nous commercialisons nos produits majoritairement en Europe (France, Belgique, Pays-Bas), mais aussi en Afrique du Nord et de l’Ouest. Nos gammes nous permettent d’adresser des marchés aussi divers que celui du logement collectif (luminaires historiques, notamment les hublots et réglettes de salle de bains qui ont fait la notoriété de la marque), du logement individuel, du tertiaire, du commerce, de l’industrie, du sportif, ainsi que de l’extérieur (parkings et abords d’immeubles, par exemple). Lorsque nous avons repris la marque, nous l’avons redynamisée en l’adaptant pour lui redonner du sens et surtout pour retrouver l’adhésion de tous les collaborateurs.

Par « redynamiser la marque », vous voulez dire créer de nouvelles gammes ?

Christophe Bayol – Oui, même plus que cela, l’innovation a toujours été au cœur de la stratégie de Lébénoïd : en 1977 déjà, la marque lançait le premier hublot à économie d’énergie avec lampe fluocompacte ! Dès 2010, elle commercialisait ses propres hublots led développés en interne et, en 2019, le premier luminaire pour le logement qui s’installe sans aucun outil. Nous avons toujours eu cette volonté d’innover et d’apporter aux clients des produits répondant à leurs besoins et qui offrent facilité de montage, durée de vie augmentée, réduction de consommation d’énergie, possibilité de maintenance (réparabilité). Mais surtout, cette redynamisation nous a conduits à réaliser une croissance externe.

Vous voulez parler de l’acquisition d’Integratech ?

Christophe Bayol –  Oui, l’acquisition de cette marque belge de luminaires fonctionnels s’est faite en 2021 via Lighting Developpement. Comme nous avions largement anticipé les problèmes de pénurie de composants, la période Covid n’a nullement constitué un frein dans le développement de l’entreprise. Nous avons continué à aller de l’avant. Nous avons cette chance, aussi, de disposer de deux usines de production qui permettent des délais de fabrication très courts et des délais de transport quasiment nuls. Ce qui a représenté un réel atout pour Lébénoïd ; nous avons mobilisé nos équipes achats et notre service logistique pour rester pleinement opérationnels, et nous poursuivons ces efforts encore aujourd’hui afin d’apporter le service attendu par nos clients. Le Covid a été une période difficile pour tous, avec des changements d’habitudes de travail, des bouleversements. Mais nous sommes sortis renforcés de cette période.

Après 100 ans d’existence, quelle est l’ambition de Lébénoïd ?

Christophe Bayol – Notre ambition est bien sûr d’inscrire la marque dans la durée ; donner toute la ressource nécessaire à l’entreprise pour aller de l’avant en relevant les défis environnementaux qui nous incitent à améliorer nos process dans le cadre d’amélioration continue, d’accentuer le développement de produits éco-conçus et communicants qui permettent d’optimiser les consommations d’énergie, de maximiser à chaque fois que cela est possible la production locale. Autant d’éléments structurants pour l’entreprise et différenciants qu’apprécient nos clients aujourd’hui, et demain probablement encore davantage face à toutes les contraintes environnementales et normatives qui nous entourent. Nous mettrons tout en œuvre pour que Lébénoïd devienne un acteur français majeur de l’éclairage fonctionnel, tout en demeurant au plus près des préoccupations et des besoins de nos clients et de nos partenaires.

(1) La rédaction a opté pour l’écriture « L’Ébénoïd » à chaque fois qu’il est fait mention de la marque avant le changement d’orthographe.

Isabelle ARNAUD: Rédactrice en chef de la revue Lumières
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