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Clair-obscur à l’île Girodet

L’île-parc Girodet à Bourg-lès-Valence (Drôme). Maîtrise d’ouvrage : Bourg-lès-Valence Maîtrise d’oeuvre : Ney & Partners architectes Paysagistes : Michel Desvigne Paysagiste, Éric-Pierre Menard (suivi de chantier) Conception lumière : Agathe Argod, Scène publique BET : OTEIS Solution éclairage : iGuzzini, Eclatec, Nowatt Lighting, Sogexi, TMC Installateur : Epsig © Agathe Argod, Scène publique

© Agathe Argod, Scène publique

L’île-parc Girodet a été créée pour les Bourcains : un espace de 12 hectares planté d’arbres aux essences multiples, véritable poumon vert, classé refuge de biodiversité de Bourg-lès-Valence. Loisirs et détente en famille, entre amis, les pieds dans l’eau… dans un écrin de verdure.

L’île Girodet est ouverte au public de nuit dans un contexte nocturne peu éclairé. L’éclairage participe au thème de l’île-parc en valorisant la présence du végétal et en veillant à limiter son impact sur l’environnement.

« Le projet de Michel Desvigne suit une ligne simple, explique Agathe Argod (Scène publique), il s’appuie essentiellement sur les qualités paysagères du site : ce parti pris de sobriété dans l’intervention caractérise également le projet lumière. C’est donc en accord avec lui que nous avons décidé d’emblée de limiter la lumière au strict nécessaire. Nous souhaitions garder sa singularité au parc et non l’éclairer comme un trottoir ou une voie de centre-ville. »

Michel Desvigne a redéfini l’aménagement du parc, y compris l’esplanade du théâtre qui est réinterprétée en grande pelouse en pente douce ouverte sur le Rhône. Il a retracé un cheminement qui mène du théâtre jusqu’à la future passerelle. Celle-ci, dédiée aux circulations douces, reliera le vieux bourg à l’île Girodet. Elle constitue un tronçon de la ViaRhôna, voie cyclable qui va du lac Léman à la Méditerranée.

« L’intervention de Michel Desvigne est particulièrement lisible sur la route départementale requalifiée en parkway, précise Agathe Argod, sur les parkings, le parvis du théâtre, la grande pelouse ainsi que sur l’allée sinueuse ponctuée d’aires de jeux. »

Douceurs de la nuit
Les parkings sont éclairés dans la continuité des voies d’accès, avec des matériels d’éclairage routier. « Nous avons disposé quelques mâts identiques à ceux du parc sur les cheminements qui amènent le public depuis les parkings vers le parvis du théâtre, poursuit Agathe Argod. Au-delà, dans le parc, seuls le parvis et l’allée sinueuse qui conduit à la passerelle bénéficient d’une mise en lumière. »

La position des mâts est réglée par les plantations, à des distances variables, le long du cheminement entre le théâtre et le centre-bourg. Cette séquence est emblématique de l’opération, elle met en scène la présence forte du végétal. Les petits projecteurs des mâts sont proches des arbres, et prennent les frondaisons dans les faisceaux, projetant au sol des ombres portées mouvantes. « Nous avons mélangé les températures de couleur des projecteurs, précise Agathe Argod, du 4 000 K, 3 000 K, 2 700 K (l’étude date d’avant l’arrêté de 2018, NDLR). On obtient ainsi une superposition de teintes de lumière qui animent la déambulation de manière très douce. »

Le parvis du théâtre offre la même trichromie de blancs et un éclairage dynamique. En complément, des encastrés solaires au sol assurent le balisage de la ViaRhôna, et soulignent la présence de la scène réalisée en béton, installée sur les berges du Rhône.

Pour créer un sentiment « d’ailleurs » et mettre en valeur le parc de nuit, l’éclairage rompt avec un alignement classique de mâts piétonniers. Pour autant, sur les secteurs accessibles de nuit, les usages demeurent confortables. © Agathe Argod, Scène publique

Un mât sur mesure
Agathe Argod a dessiné un mât spécifique pour l’éclairage de l’île Girodet : carré de petite section, c’est-à-dire 120 mm x 120 mm pour les hauteurs de feu de 6 m sur le parvis du théâtre, et 100 mm x 100 mm pour les mâts de 4 ou 5 m de hauteur installés dans le parc. « J’ai choisi de multiplier des petites sources de 6 W seulement pour obtenir cet effet d’ombres portées. »

Pour la conceptrice lumière, il était essentiel que le design de ces matériels soit volontairement simple mais soigné pour une perception de jour très discrète. Les appareils d’éclairage sont intégrés dans des silhouettes de mobiliers de sections fines.

Une gestion simple de l’éclairage
À partir de 21 h, le cheminement principal se met en veille, un point lumineux rasant au sommet du mât assure un simple jalonnement pour des vues lointaines, depuis les parkings par exemple. Les projecteurs miniatures ne s’allument que lorsqu’un usager est détecté. L’installation combine gradation et détection par train de lumière. « Laisser ainsi une grande partie du parc à la nuit peut devenir le support d’une nouvelle approche pédagogique, remarque Agathe Argod, avec l’organisation de sorties nocturnes les nuits de pleine lune, par exemple. Ce naturalisme de terrain, mené par des entomologistes, des botanistes et autres spécialistes de la nature s’organise par petits groupes, en empruntant les sentiers non éclairés. »

Isabelle ARNAUD: Rédactrice en chef de la revue Lumières
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