X
    Categories: Bâtiment

Vers de nouveaux leviers pour la rénovation énergétique des logements !

Par Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment

Le secteur du bâtiment est le secteur économique le plus énergivore de notre pays. Mais ce sont les logements et non les locaux d’activités, qui sont les bâtiments les plus consommateurs. C’est pourquoi, notre pays s’est doté d’objectifs ambitieux d’amélioration de la performance énergétique de ce parc : rénover 500 000 logements par an à partir de 2017, éradiquer les logements les plus énergivores d’ici 2025 et porter à terme l’ensemble du parc de bâtiments à un niveau BBC.

Nous ne sommes pas si loin de ces objectifs : on estime qu’en 2014, 288 000 logements privés auront fait l’objet d’une rénovation performante ou très performante (campagne OPEN 2015 de l’ADEME) ; à cela s’ajoute près de 105 000 logements sociaux rénovés, le gisement porté par la rénovation énergétique des logements en copropriété et ceux abritant les ménages en précarité énergétique.

Les obstacles identifiés sont divers : l’argumentaire développé autour de la seule économie de charges trouve ses limites, la communication est éparse, les interlocuteurs multiples, la capacité financière des ménages limitée et surtout les ménages ne se projettent que très peu dans la rénovation de leur logement et surement pas à travers le seul prisme énergétique. Ce constat dressé, nous avons mis en avant que des nouveaux arguments, comme des moments clés à saisir, pouvaient être l’occasion d’amplifier les opérations de rénovation énergétique.

  1. De nouveaux arguments pour emporter la décision de travaux

Depuis l’émergence des problématiques d’efficacité énergétique dans les logements, les argumentaires ont été principalement développés sous le seul angle de l’économie de charges. Ce levier est pertinent à l’égard des ménages en situation de précarité énergétique qui peinent à payer leurs factures de chauffage, comme à l’égard du parc social où la question des charges locatives est centrale. Il est probable que le développement de la rénovation énergétique dans les copropriétés va se nourrir de l’idée de maîtrise des charges de copropriété, voire de baisse de celles-ci, en raison des travaux qui seront engagés.

Pour le reste, dans le parc résidentiel des ménages plus aisés, ce critère ne se révèle pas suffisant pour déclencher la décision de travaux de rénovation énergétique.

Et c’est là qu’apparaissent un ensemble d’autres leviers, auxquels chaque ménage sera plus ou moins sensible : ce sont les enjeux de valeur patrimoniale, de confort, ou de santé notamment.

  1. Des moments propices à saisir 

Dans le même temps que se révèlent de nouveaux leviers, des moments clés de la vie des ménages ou de la vie du logement s’imposent pour engager une rénovation énergétique. C’est ainsi que nous avons formulé l’idée « d’embarquement des travaux de performance énergétique » à l’occasion des grands travaux de la vie de l’immeuble : ravalement, rénovation d’une pièce transformée à usage d’habitation, réfection de la toiture. Dans le même ordre d’idée, est aussi propice à la rénovation énergétique la réalisation de travaux pour les besoins d’évolution de la vie : maintien à domicile, handicap, arrivée ou départ d’un enfant…

Surtout, les transactions immobilières apparaissent comme le moment clé de la rénovation énergétique : la présence de conseils (l’agent immobilier et le notaire), un logement souvent vacant, des financements disponibles pouvant étaler la dépense sur le temps long. Il nous reste à mieux coordonner le rôle des interlocuteurs professionnels afin que les ménages soient conscients qu’il s’agit du moment opportun. L’année 2016 qui vient de se terminer aura vu se réaliser près de 850 000 transactions : quel potentiel !

Des marges de progrès et d’évolutions sont à notre portée : le Plan Bâtiment Durable va s’employer activement à ce que cette nouvelle approche du sujet puisse favoriser une croissance durable du rythme des rénovations !

Filière 3e:
Related Post