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Goutal Paris : un orgue de parfums et de lumières

© Annick Goutal. Photo : Maxime Antonin Passadore – Maître d’ouvrage : Goutal Paris – Architecte : 4BI & Associés – Conception lumière : Ph. A Concepteurs Lumière & Design, Nicolas Beaupin, chef de projet –Solution éclairage : Ambiance Lumière, Louss-Firalux, Soka-Disderot, Procédés Hallier – Installateur : Henri

C’est en 1981 qu’Annick Goutal ouvre sa première boutique rue de Bellechasse à Paris. Un lieu enchanteur à l’atmosphère intime et raffinée, qui signe la naissance de la Maison Goutal. Dans son atelier, Annick Goutal développe son amour pour les belles matières premières et se distingue par l’originalité de ses créations en initiant une parfumerie personnelle qui séduit les connaisseurs. Le parfum devient sa nouvelle musique. Peu à peu, elle signe ses premières créations, Eau d’Hadrien, Petite Chérie, qui dessineront le début d’une aventure olfactive unique. Au fil du temps, la Maison Goutal écrit un nouveau chapitre de la parfumerie française et se développe à travers le monde. La nouvelle boutique, comme un trait d’union avec le parc voisin, se niche depuis quelques semaines dans les arches envoûtantes de la rue de Castiglione.

En façade, Bruno Moinard et Claire Bétaille ont choisi de restaurer les boiseries d’un gris perlé, rehaussées d’or. Derrière la façade très parisienne et haute couture, un signe raffiné invite le promeneur à la halte : l’œuvre lapidaire historique des allées sous les arcades extérieures se poursuit à l’intérieur. Au sol, une mosaïque artisanale de grès aux demi-tons élégants dessine, parmi des motifs floraux, le monogramme d’Annick Goutal.

© Annick Goutal. Photo : Maxime Antonin Passadore

 

Un puits de fragrances
Pour rendre hommage à la pianiste et créatrice de parfums Annick Goutal, le parti a été pris d’aménager un orgue à parfums. Haut de 7 mètres et large de 3 mètres, il est composé de cylindres transparents, verticaux, rythmés de lignes ogivales. Déployé autour d’une ellipse enveloppante, l’orgue prend place devant un grand décor peint « a fresco », fait d’ombres de sous-bois dégradées. Dans ce palais des senteurs, des faisceaux lumineux où danse le feuillage, une futaie qui s’élance vers le ciel, les reflets dans l’eau content les histoires des forêts : c’est cette multitude d’évocations oniriques qui a insufflé aux architectes le concept de cette création. « Le décor bucolique qui sert de cadre à l’harmonium se développe avec lui vers des hauteurs insoupçonnées, magnifiées sur les deux étages par un plafond courbe de staff qui évoque les cimes, le mouvement, l’infini. Des ombres de feuillages bruissant sont projetées sur cette coupole, un ciel végétal propice à la méditation, à l’évocation de la douceur du temps qui passe dans le sillage du merveilleux », commentent Claire Bétaille et Bruno Moinard, 4BI & Associés.

© Annick Goutal. Photo : Maxime Antonin Passadore

« La configuration architecturale de l’espace nous a conduits à imaginer un puits de lumière artificielle, explique Philippe Almon, agence Ph. A Concepteurs Lumière & Design, mais au lieu de “rayons” émanant du plafond, nous avons créé des parois lumineuses. Ainsi, non seulement ces dernières éclairent l’espace de vente, mais elles révèlent en même temps la fresque peinte sur toute la hauteur des murs. »

Le travail de la lumière
et de l’architecture en osmose Les architectes se sont imprégnés des valeurs les plus chères à la Maison : le goût de transmettre leur passion commune de l’excellence, et leur désir de proposer, avec de belles histoires, des essences nobles et du sur-mesure, une part de rêve. C’est dans cet esprit qu’ils ont travaillé avec Philippe Almon, leur complice depuis plus de vingt ans. À l’image de l’architecture intérieure, le projet d’éclairage se devait d’être sur mesure, tant en matière de luminaires que d’effets lumineux. Défi technologique complexe s’il en est, mais le concepteur lumière et son équipe sont aguerris aux projets sur mesure. « Dans ces cas-là, il faut s’attacher à l’essentiel et rechercher le fabricant qui peut répondre à notre demande et assurer une pérennité à l’appareil », précise Philippe Almon. Aussi le concepteur lumière a-t-il développé deux types d’appareils. Le premier, dont la fabrication a été confiée à Ambiance Lumière, consiste en un corps circulaire ou « moteur » qui supporte 7 LED et qui a été placé à chaque extrémité des tubes de « l’orgue ».

© Annick Goutal. Photo Maxime Antonin Passadore

Le second est un éclairage rasant de la paroi décorée située en arrière. « L’optique de l’appareil est légèrement travaillée afin d’obtenir un faisceau net, sans marque et une lumière douce homogène, souligne Nicolas Beaupin, chef de projet, Ph. A Concepteurs Lumière & Design. Nous avons opté pour deux températures de couleur : 2 700 K pour l’éclairage des tubes et 3 000 K pour la fresque en arrière-plan. » Pour Philippe Almon, le choix du fabricant est fondé à la fois sur le savoir-faire et le temps de réactivité : « Lorsque je travaille sur ce type de projet, il m’est quasiment impossible de choisir des luminaires dans un catalogue ; le cahier des charges est d’une précision telle que l’étude d’éclairage se doit elle aussi d’être très spécifique dans le but de s’adapter au mieux au projet et de se fondre dans le concept architectural. Dans ces conditions, nous ne disposons que de très peu de temps pour faire réaliser un prototype et nous nous entourons d’industriels dont l’expérience et la dynamique permettent la fabrication d’appareils spéciaux sans risque pour notre client. » 

Moteur « Goutal » développé par Ambiance Lumière spécifiquement pour la parfumerie.

« Ambiance Lumière propose, depuis près de 40 ans, un large choix de produits pour l’éclairage architectural, conçus dans nos ateliers en France pour répondre à des besoins précis, commente Simon Millet, ingénieur commercial. La proximité de notre site de production, situé à Alfortville, nous permet de répondre dans des délais très courts aux demandes spécifiques. » Ainsi, le fabricant a pu fournir les 168 appareils dotés d’un IRC de 90, déclinés en deux tailles, diamètre 180 mm et 100 mm, avec respectivement 15 ou 7 LED, et une ouverture de faisceau de 12°. En tout, 168 appareils ont été disposés sur les 84 tubes en PMMA. Des projecteurs à gobos diffusant des images de sous-bois au plafond complètent la mise en lumière.

© Annick Goutal. Photo : Maxime Antonin Passadore
Isabelle ARNAUD: Rédactrice en chef de la revue Lumières
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