
Olafur Eliasson est un artiste d’origine islandaise de 49 ans qui grandit dans la ville portuaire de Holbaek, au Danemark. Il y fait ses études à l’Académie royale des beaux-arts du Danemark et obtient son diplôme en 1995. La même année, il part pour Berlin où il s’installe dans un atelier de la Rungestraße, « Studio Olafur Eliasson », qui réunit aujourd’hui près de quatre-vingt-dix personnes : artisans, techniciens spécialisés, architectes, archivistes, administrateurs et cuisiniers.
La spécificité de son travail réside dans son intérêt pour la surface, la structure cristalline, les déformations, la lumière et ses effets, la couleur, les formes géométriques. Il apporte aussi à son œuvre une dimension narrative : ses œuvres laissent très souvent une trace dans la mémoire, sous forme d’image ou de sensation. L’artiste qualifie lui-même son atelier de « studio –laboratoire » où le questionnement, la recherche et l’expérimentation constituent la base essentielle de sa démarche artistique.
Un artiste engagé

Cela fait vingt-cinq ans que Olafur Eliasson évolue dans une œuvre structurale et photographique. Là, il pose les questions de perception de mouvement et d’appréhension du réel par des dispositifs optiques qui se confrontent à une approche sensible et écologique de la nature et des grands débats auxquels fait face notre société industrielle. Bien qu’il soit né au Danemark, l’artiste passe une partie de son enfance en Islande. Un territoire volcanique et lunaire, constitué de vastes espaces vierges et de glaciers ancestraux. Exposant dans de nombreux musées mais actif également dans toutes sortes de contextes publics, il multiplie les interventions urbaines ou dans le paysage avec l’ambition de faire vivre au spectateur des expériences multi-sensorielles. Lors de la récente COP 21, il a ainsi installé, devant le Panthéon, des blocs de glace disposés comme s’il s’agissait d’une horloge monumentale dont le propos était aussi de faire prendre concrètement conscience des graves enjeux climatiques de l’époque (Ice Watch, 2015).
Versailles rencontre Eliasson

Mirrors, monofrequency light, aluminium, steel, wood, paint (black, white), control unit
445x180x90 cm
Palace Of Versailles, 2016
Photo: Anders Sune Berg
Courtesy of the artist; neugerriemschneider, Berlin, Tanya Bonakdar Gallery, New York © Olafur Eliasson
Eliasson transporte des fragments de nature dans le musée, un sol de lave ou le lit d’une rivière par exemple. Il recrée par des mécanismes technologiques des phénomènes naturels comme une chute d’eau. Il bouscule notre vision du monde par ses installations où sont mis en œuvre projections lumineuses, visions kaléidoscopiques, miroirs réfléchissants et structures géométriques complexes. Il développe également des projets architecturaux et des propositions qui cherchent à donner à l’art une perspective sociale comme son Little Sun, une lampe fonctionnant à l’énergie solaire plus particulièrement destinée aux pays où l’accès à l’électricité reste interdit tout en soulevant la question des énergies durables.
Comme l’écrit l’artiste “L’art a la capacité de transformer nos perceptions et perspectives sur le monde”. Versailles est tout à la fois un site historique de haute valeur patrimoniale et un microcosme où se croisent des populations de diverses origines et de toutes cultures. Musée et lieu public, il ne pouvait que stimuler un artiste particulièrement intéressé pour aller à la rencontre d’espaces naturels et de ceux forgés par l’histoire culturelle auxquels il accorde également un rôle social. A Versailles, les deux s’entremêlent avec la conception du jardin fondée sur un dessin géométrique et les lignes de perspective ; et une architecture au puissant décor à la gloire des monarques qui l’ont initié. Eliasson aborde le château et le jardin de Versailles comme un champ expérimental. Il n’y installe pas des objets mais conçoit des dispositifs qui engagent le visiteur dans une relation active. Toutes les œuvres exposées sont pensées et situées par rapport aux espaces investis. Elles se subdivisent en deux grands ensembles.
Les installations en extérieur forment un triptyque autour du thème de l’eau dont on sait combien il est présent dans le jardin classique.

Courtesy of the artist; neugerriemschneider, Berlin, Tanya Bonakdar Gallery, New York © Olafur Eliasson
La cascade dressée dans le Grand Canal prend place dans l’axe majeur tandis que les deux bosquets (l’Etoile et la Colonnade) réaffirment leur fonction de salons de plein air pour abriter l’un, un voile circulaire de fin brouillard, et l’autre, un tapis de résidus de glacier tout droit venus du Groenland. Ces trois œuvres sont ainsi reliées entre elles par leur thématique commune traçant une continuité et engageant les sens. A l’intérieur du château c’est le regard qui est sollicité dans un jeu successif de miroirs et de mises en abîme. Le décor des salons n’est pas transformé mais il s’amplifie en démultipliant les points de vue. Le spectateur découvre avec surprise son image dans des situations inattendues, les salles s’agrandissent, se transforment, révèlent leur mystère. L’artiste exalte la fluidité du cadre baroque qui lui permet de reconstruire une autre réalité. Déplacements et déstabilisations modifient l’appréhension des salles en y invitant le visiteur comme participant actif.

Courtesy of the artist; neugerriemschneider, Berlin, Tanya Bonakdar Gallery, New York © Olafur Eliasson
Eliasson excelle à créer des phénomènes visuels établissant une nouvelle perception de l’espace. Après avoir réinventé le soleil couchant dans l’immense Turbine Hall de la Tate Modern (The weather project, 2003), installé de gigantesques cascades dans la ville de New York (The New York City Waterfalls, 2008) ou ajouté une étoile dans le ciel de Stockholm (Your Star, 2015), il apporte ici sa vision et sa relecture de Versailles.
Alfred Pacquement
Commissaire de l’exposition.
Plus d’information sur le site d’Olafur Eliasson.
Versailles
Accès aux œuvres
Entrée de l’exposition dans le Château et les Jardins par la Cour d’Honneur du château de Versailles.
Fonctionnement « Waterfall » – Grand Canal
Du mardi au dimanche : 11h-12h30 – 15h30-19h
Fonctionnement « Fog Assembly » – Bosquet de l’étoile
Du mardi au dimanche : 11h-13h – 15h-17h
Les jours de Grandes Eaux Musicales et Jardins Musicaux :
de 9h à 18h30 en savoir plus
Ouverture de « Glacial Rock Flour Garden » – Bosquet de la Colonnade
De 9h à 18h30 les jours de Grandes Eaux Musicales et Jardins Musicaux
De 20h30 à 22h45 les soirs de Grandes Eaux Nocturnes
Horaires et tarif
Dans le château : Tous les jours, sauf le lundi, de 9h à 18h30
Conditions normales de visite, billet Château non surtaxé pour l’exposition
Dans les jardins : Tous les jours de 8h à 20h30
Entrée gratuite, sauf les jours de Grandes Eaux Musicales, de Jardins Musicaux (de 9h à 18h30) : Les samedis et dimanches jusqu’au 30 octobre 2016, les mardis du 7 au 28 juin puis du 5 juillet au 25 octobre, les vendredis du 1er juillet au 30 septembre ainsi que le jeudi 14 juillet. (Attention : Fermeture anticipée du jardin à 17h30 les samedis du 18 juin au 17 septembre, le jeudi 14 juillet et le dimanche 30 octobre 2016).
Également visible en soirée les jours de Grandes Eaux Nocturnes, les samedis du 18 juin au 17 septembre 2016 de 20h30 à 23h.