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Electrification de l’Afrique : le secteur minier a un rôle à jouer

Les activités extractives sont par nature énergivores. D’après un rapport de la Banque mondiale, la production d’électricité destinée au secteur minier africain devrait atteindre 23’000 MW d’ici 2020, soit trois fois plus qu’en 2000. « Les dispositifs d’auto-approvisionnement pourront coûter jusqu’à 3,3 milliards de dollars aux sociétés minières », estime l’organisation.

La plupart du temps, les mines sont situées dans des régions rurales, difficiles d’accès, et hors de portée des réseaux électriques nationaux. D’où la mise en place quasi-systématique d’un réseau électrique autonome alimenté par des générateurs. Une imposante logistique qui pèse sur les coûts de production, peut même causer des interruptions d’activité en cas de pénurie de gazole, et a un impact désastreux sur l’environnement.

Un constat économique et écologique accablant, qui se double d’une problématique sociale longtemps ignorée. Au regard du prix du kilowatt, les populations locales vivant dans le voisinage des exploitations minières ne peuvent pas bénéficier de l’électrification partielle de leur région, dont les miniers pourraient être des acteurs centraux pour affirmer leur rôle communautaire.

Le développement des énergies solaires offre désormais des solutions innovantes et durables pour répondre à ce triple défi. Sans remplacer totalement les générateurs à fioul, en raison notamment de l’intermittence du renouvelable, la création d’usines de panneaux photovoltaïques offre beaucoup plus qu’une solution de complément. De véritables systèmes hybrides, baptisés « Mining Fuel Saver Solutions » (ou MFSS), voient le jour aux quatre coins du continent africain.

Les avantages du MFSS sont multiples. Pour les miniers d’abord, qui n’ont pas à réaliser les investissements nécessaires pour la création, la maintenance et la connexion des champs de panneaux solaires. L’exploitant se charge de la construction et de la gestion du site photo-voltaïque. Il vend ensuite l’électricité produite pour un prix au kilowatt largement inférieur à celui des générateurs diesel.

Un système révolutionnaire car pour la première fois, c’est le générateur à fioul qui devient source secondaire d’approvisionnement électrique, ne fonctionnant qu’en appoint du solaire. Avec un fort impact sur les coûts d‘exploitation, mais également sur les émissions de gaz à effet de serre dans des régions où l’industrie minière est bien souvent la première source de pollution de l’air.

Révolutionnaire pour des raisons économiques et environnementales, le MFSS l’est aussi en raison de son impact social. L’électricité produite par les champs photo-voltaïques et non consommée par les activités extractives, est mise à disposition des populations locales pour des prix similaires ou inférieurs à ceux pratiqués par les compagnies nationales de production d’électricité.

A ce titre, le MFSS joue un rôle clé pour l’électrification de certaines régions reculées d’Afrique. Pour rappel, l’Afrique subsaharienne dans son ensemble ne génère que 80 gigawatts d’électricité par an pour 48 pays et 1,1 milliard d’habitants. Les deux tiers de la population africaine vivent sans électricité, et les personnes bénéficiant d’un raccordement au réseau électrique subissent d’incessantes coupures de courant.

 

* Michael Reza Pacha est un homme d’affaires franco-iranien, spécialisé dans le secteur énergétique. Il est le fondateur et dirigeant du groupe ENRROXS et de sa filiale, 4S, qui se consacre aux énergies renouvelables.
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