LVMH Lighting : le luxe de la lumière sobre

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Les Maisons du groupe LVMH sont sensibilisées depuis 25 ans à la performance énergétique, mais le programme LIFE (LVMH Indicators for the Environment), créé en 2012, vient structurer le suivi des initiatives.
Il permet d’intégrer l’environnement dans les processus managériaux et de faciliter le développement de nouveaux outils de pilotage. Nicolas Martin, Lighting manager au sein de la direction Environnement du Groupe, revient sur l’événement de mai dernier « LIFE in STORES » qui a permis de découvrir les innovations du Groupe en matière de performance énergétique, et plus particulièrement d’éclairage.

« 80 % des émissions de gaz à effet de serre de LVMH sont liés à la consommation d’énergie des magasins, qui représentent plus d’1,5 million de mètres carrés dans le monde. Pour lutter contre le changement climatique, le Groupe et ses Maisons s’attachent donc en priorité à améliorer les performances énergétiques des espaces de vente. » Les enjeux sont posés. Conscient de l’importance du rôle de l’éclairage dans le développement durable, Nicolas Martin réunit Jean Baptiste Voisin, directeur de la Stratégie du Groupe et Hervé Descottes, concepteur lumière (L’Observatoire International), afin de débattre des pistes d’amélioration de l’éclairage des magasins. « À l’époque, j’étais chez Dior Parfums, raconte Nicolas Martin, et j’avais déjà pu réaliser un comptoir entièrement en LED aux Galeries Lafayette Paris.» En 2014, Nicolas Martin rejoint Sylvie Bénard, directrice Environnement au sein du Groupe, avec un double objectif : réduire les consommations d’énergie, et donc les émissions de CO2, et développer de meilleures solutions d’éclairage. Ce qui a conduit à la création de LVMH Lighting.

Nicolas Martin, Lighting Manager, direction Environnement LVMH
Nicolas Martin, Lighting Manager, direction Environnement LVMH

Apporter du service : c’est 30 % de la valeur ajoutée
« Nous organisons tous les ans des rencontres entre les fabricants et les architectes, designers, concepteurs lumières des Maisons. L’objectif étant de bénéficier du meilleur service possible, compte tenu de la complexité de nos projets », explique Nicolas Martin. En effet, 50 des 70 Maisons du Groupe disposent de boutiques dotées d’un concept éclairage qui leur est propre et qu’elles modifient tous les trois ou quatre ans.
Dans ce contexte, Nicolas Martin s’attache à « marier » les Maisons avec les lighting designers afin de les aider à renouveler et à adapter leur éclairage à leurs exigences mais aussi à « garantir la qualité du rendu ». Ainsi, une quinzaine de concepteurs lumière ont déjà commencé à travailler sur l’identité lumineuse des Maisons, citons notamment Akari-Lisa Ishii, I.C.O.N. Lighting ; l’agence lyonnaise Looom qui travaille avec Guerlain ; Lichtkompetenz à Zurich ; DPA à Londres, et d’autres à New York, Hong Kong…

« Cette couverture géographique permet de répondre à toutes les tailles de Maison. L’idéal serait bien entendu de disposer aussi d’un concept lumière adapté à leur culture, à la région : Asie, Moyen-Orient, Europe, États-Unis. Mettre des capteurs de luminosité, de présence, moduler les températures de couleur, constitue un autre défi, mais cela demande du temps pour expliquer l’éclairage et convaincre. » Il faut savoir que les Maisons conservent leur indépendance et l’entière responsabilité de leurs choix. LVMH Lighting est à leur disposition, mais ne leur impose rien ; il s’agit d’une marque déposée, d’un label de qualité, qui les rassure. Concrètement, il sélectionne les fournisseurs, procède à des études de bonne santé des industriels, communique sur les produits, mais les Maisons restent libres de mettre en œuvre ce qu’elles veulent et comme elles le souhaitent.

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La LED au cœur du « Light Engine »
Il faut rassurer les Maisons, démontrer l’éclairage. « 80 % des produits que nous sélectionnons ne sont pas issus des catalogues des fabricants mais du nôtre, précise Nicolas Martin : nous demandons à nos fournisseurs  de customiser les solutions d’éclairage à partir des designs des concepteurs lumière avec qui nous travaillons. » Les fabricants doivent donc offrir une grande capacité à adapter leurs produits, voire à faire du sur-mesure. Ainsi, au fil du temps, ils étendent leur portfolio pour pouvoir répondre aux critères de LVMH Lighting, notamment l’innovation, mais cela a un coût que les industriels ne peuvent pas toujours assurer. C’est la raison pour laquelle LVMH Lighting a développé le « Light Engine », un moteur LED fabriqué par Citizen, distribué avec l’aide d’Eurocomposant. Reste aux fabricants à construire l’enveloppe afin de fournir un luminaire conforme aux caractéristiques demandées par LVMH Lighting.
« Nous savons associer la sobriété et le luxe, poursuit Nicolas Martin, les luminaires, techniques et fonctionnels, doivent parfaitement s’intégrer dans le bâti. Le luxe s’exprime par la magie de la lumière : on ne doit pas voir d’où elle provient. De leur côté, les Maisons peuvent ajouter une touche plus personnelle à l’éclairage en disposant des luminaires décoratifs pour créer leurs propres ambiances lumineuses. » Ainsi, chaque Maison garde ses codes et son autonomie sur la manière d’agencer, d’utiliser les luminaires. « Il faut vraiment capitaliser sur l’image de la Maison plutôt que d’apporter la patte d’un designer, souligne Nicolas Martin, un peu comme pour l’éclairage de musée. » Mais en évoquant les scénographies lumineuses muséales, « monsieur Éclairage » nous rappelle que la lumière est avant tout profondément liée au regard que l’on porte sur notre environnement, car « avec la LED, on se rend compte qu’il existe de nombreuses possibilités et que jusqu’à son arrivée, on ne savait pas grand-chose sur la vision, les contrastes, les couleurs, l’ergonomie ».

Faire aimer la lumière
Lorsqu’il a commencé sa carrière aux côtés de Sylvain Dubuisson en 1998, Nicolas Martin a découvert l’objet de lumière ; puis chez Dior, il a pris conscience de l’impact exceptionnel de la lumière sur le merchandising et les présentations des produits. « En rejoignant le département Environnement de LVMH, j’ai compris, auprès de Sylvie Bénard, le rôle de la lumière LED en face du changement climatique : c’est une grande satisfaction », explique Nicolas Martin. À l’aspect vision et optique se sont ajoutées les considérations environnementales et de consommation d’énergie qui ont transformé le regard de Nicolas Martin sur l’éclairage. Depuis quatre ans, il dispense des formations aux architectes en s’efforçant « de faire aimer la lumière, d’accrocher le regard par l’effet lumineux, de guider le client jusqu’au produit que l’on souhaite mettre en avant et enfin, de le conduire à échanger avec un conseiller pour finir par un acte d’achat ».
Il ne s’agit pas de faire de la surenchère de lumière ou de faire joli pour faire joli, mais bien d’utiliser l’éclairage dans un contexte commercial. « Il faut savoir jouer sur les contrastes, créer des ombres, instaurer un dialogue avec la lumière pour inciter le client à prolonger son séjour dans la boutique. Rien ne devient plus facile grâce à la technologie de la LED et ce, dans le respect des meilleures pratiques environnementales. »

 

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