
L’Avere-France, association de référence pour le développement de la mobilité électrique, accompagne depuis plus de 40 ans les acteurs du secteur et les pouvoirs publics. En 2024, le marché des véhicules électriques a connu une dynamique contrastée, marquée par des caps franchis et des défis persistants. Clément Molizon, délégué général, dresse un bilan de l’année écoulée et partage les perspectives pour 2025, entre évolutions réglementaires et stratégies de relance.
Quel bilan dresse l’Avere-France de l’année 2024 concernant le déploiement des véhicules électriques et des bornes de recharge ?
Clément Molizon – 2024 a été en demi-teinte, mais nous avons tout de même franchi deux caps importants. Nous avons dépassé les 2 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables vendus en France. Ensuite, nous avons dépassé les 150 000 points de recharge ouverts au public. Nous atteignons un rythme de croisière sur l’installation des IRVE, avec 36 685 points de charge ouverts, contre 35 902 en 2023. Sur 2024, nous observons pour la première fois une baisse du nombre de véhicules immatriculés par rapport à l’année précédente. Les ventes de véhicules électriques et hybrides rechargeables ont baissé de 5,5 % en 2024, avec – 3,35 % pour les véhicules électriques et – 9,9 % pour les véhicules hybrides rechargeables. Mais ces chiffres suivent la tendance du marché automobile dans sa globalité, qui termine l’année à – 3 %.
Qu’est-ce qui a changé dans la réglementation depuis le 1er janvier 2025 concernant les VE et les IRVE ?
C. M. – Concernant les véhicules, les dispositifs d’aides évoluent cette année, avec la fin de la prime à la conversion, la fin du bonus pour l’achat d’utilitaires légers et, pour les particuliers, la baisse des montants des aides. Le contexte budgétaire actuel a conduit à des arbitrages. Le coup de ciseaux dans les aides et la confusion sur le marché qui en découle est un choix politique, qui a sapé le marché sur la fin d’année. Deux autres éléments vont évoluer cette année. Le montant de la taxe sur les véhicules de société (TVS) va augmenter pour l’ensemble des véhicules émetteurs de CO2, incluant les véhicules hybrides rechargeables, ce qui risque de causer l’effondrement des ventes. La norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy), qui évalue tous les 5 ans les seuils moyens d’émission de CO2 des véhicules immatriculés, voit le seuil passer au 1er janvier de 95 g/km à 81 g/km. Les constructeurs qui n’atteignent pas ces seuils sont pénalisés. Ils doivent donc trouver des leviers pour se rapprocher des objectifs, dont la vente de voitures électriques. Sur le front des IRVE, l’obligation pour les bâtiments non résidentiels disposant de plus de 20 places de parking d’équiper 5 % des places avec des bornes de recharge, comme le prévoit la loi LOM (loi d’orientation des mobilités) est effective depuis le 1er janvier. Enfin, le décret IRVE du 12 janvier 2017 sera révisé dans l’année et devra entériner la réglementation européenne AFIR.
Quels sont les principaux chantiers en cours de l’Avere-France et quelles sont les perspectives marché pour 2025 ?
C. M. – Nous travaillons à mettre en œuvre un plan d’urgence pour soutenir la décarbonation des transports, car nous souhaitons créer un véritable cadre de stabilité pour relancer la demande. Ensuite, l’électrification des flottes d’entreprises est un vrai sujet, car les véhicules qui en sont issus alimentent le marché de l’occasion. Rappelons que 6 Français sur 7 achètent un véhicule d’occasion. Nous anticipons également l’évolution du marché, à l’image de nos travaux réalisés en 2024 portant sur les opportunités du couplage entre le véhicule électrique et le bâtiment (Vehicle-to-Grid, V2G). Par ailleurs, nous attendons un vrai rebond des immatriculations en 2025, qui dépendra du contexte politique et économique. Enfin, nous restons présents sur le maillage des IRVE. Nous continuons d’étudier les besoins pour regarder ce sujet de manière pragmatique.
Propos recueillis par Alexandre Arène