
La performance énergétique et la gestion intelligente des établissements hospitaliers sont essentielles dans le secteur de la santé. Avec les décrets BACS et tertiaire, les bâtiments de santé doivent adapter leurs infrastructures pour améliorer le confort, la qualité des soins et réduire les coûts d’exploitation. Tour d’horizon des équipements CVC et des solutions de pilotage pour mettre les hôpitaux en conformité avec le décret BACS et avancer vers le concept de Smart Hôpital.
« Les établissements hospitaliers, qui comptaient en 2023 environ 2 900 structures privées et publiques, sont le plus souvent concernés par le décret tertiaire et, par voie de conséquence, ils n’ont pas d’autre choix que de mettre en place des systèmes BACS, car ces systèmes sont l’outil permettant aussi de répondre, en partie, aux enjeux du décret tertiaire », introduit Prudence Soto, directrice générale Sauter Régulation France.


Les établissements médicaux comme les hôpitaux, cliniques et Ehpad adoptent progressivement des BACS pour soutenir la transition énergétique et la décarbonation, motivés par des impératifs économiques, réglementaires et environnementaux. Parmi ceux-ci, les grands établissements sont souvent déjà équipés de BACS, et n’ont pas attendu les réglementations pour optimiser le pilotage de leurs équipements techniques (CVC et électricité, notamment), améliorant ainsi simultanément le confort des patients et du personnel, et l’efficacité énergétique. L’augmentation récente des coûts énergétiques renforce cette nécessité, ajoute l’experte de Sauter.
Des solutions de BACS comme SAUTER Vision Center procurent une vision globale et avec les modules EMM (Energy Management Module) et AEM (Advanced Energy Module). Ce dernier permet un suivi énergétique en temps réel, facilitant l’identification des améliorations possibles des installations. En complément, la solution de Performance Management optimise la diffusion de la bonne quantité d’énergie au bon endroit et au bon moment, offrant des gains significatifs au fil du temps.
Des communications sécurisées avec BACnet Secure Connect (SC) – Prudence Soto, directrice générale Sauter Régulation France
La GTB concentre à la fois de multiples informations internes issues des systèmes CVC et des capteurs IoT du bâtiment, et des informations externes comme la liaison avec la prévision météo, apportant de nouveaux services pour l’exploitant et la télé-opération, mais aussi aux gestionnaires d’énergie. Une nécessité de communications multiples, qui est assortie d’une obligation de sécurisation maximale.

« La prise en compte de la cybersécurité est l’un des enjeux majeurs des hôpitaux afin, notamment, de garantir la continuité des soins et protéger les patients. Pour répondre à cette préoccupation, Sauter Régulation a développé son niveau de sécurité de communication avec le nouveau standard BACnet Secure Connect » introduit Prudence Soto.
« La communication entre les systèmes se doit donc d’être sécurisée au maximum pour déjouer attaques malveillantes et cybercriminalité, et c’est à cet effet qu’est désormais proposée une solution étoffée permettant de mettre en place le protocole de communication standard BACnet/SC, au sein de l’application SAUTER Vision Center et des automates modulo 6 », détaille Prudence Soto. Un routeur spécifique autorise également à connecter les applications BACnet existantes au réseau BACnet/SC, car BACnet/SC est une couche réseau complémentaire des existantes BACnet/IP et BACnet MS/TP.
Pour exemple, BACnet/SC autorise deux appareils BACS à établir une connexion d’échange hautement sécurisée et cryptée entre eux. Les messages BACnet classiques peuvent être envoyés et reçus par la connexion sécurisée, chiffrée, et, selon l’association BACnet France, basées sur des certifications sécurisées infalsifiables. Seuls les appareils légitimes peuvent donc ainsi échanger et de façon privée.
BACnet France indique que « les mécanismes qui assurent cette sécurité sont basés sur les normes internationales établies d’après les meilleures pratiques et sont pleinement alignés sur les standards informatiques utilisés par ailleurs par les banques et les militaires, notamment ».
« Avec le protocole BACnet/SC, il n’est plus obligatoire de mettre en place des VPN sécurisés puisque la communication est déjà cryptée, tout en conservant les communications des équipements BACnet classiques de terrain », ajoute l’experte de Sauter Régulation.
Dès 2027, les plus petits bâtiments seront aussi concernés
« La situation est plus contrastée pour les plus petits établissements, et certains d’entre eux sont à peine informés de l’existence du décret BACS. Ils ont besoin d’un accompagnement pour la mise en place d’un BACS qui n’est pas toujours simple à interpréter, et les équipes de Sauter les accompagnent et les guident sur ce sujet », ajoute Prudence Soto.
Pour exemple, tout récemment, l’accompagnement a été mené auprès d’un maître d’ouvrage possédant des établissements de santé de taille moyenne. Sur une quinzaine de sites ont été mis en place des systèmes BACS interopérables intégrant également des équipements tiers.
Suivant les sites, ont été installés ou optimisés, notamment :
– la régulation du chauffage, de la climatisation et de la ventilation ;
– le suivi du renouvellement de l’air en fonction de l’occupation par des sondes de CO2 ;
– les pilotage et réglage de l’éclairage ;
– la coupure des équipements (ventilation, climatisation, ECS, etc.) selon les modes d’occupation et l’optimisation des relances des équipements ;
– les suivi et contrôle des températures (historisation, anticipation des consignes via les prévisions météo…) ;
– la mise en place de détection automatique des surconsommations (alarmes) ;
– le délestage des équipements pour éviter tout dépassement de puissance souscrite ;
– un suivi en temps réel des compteurs installés.
Ces quinze sites sont situés sur l’ensemble du territoire national et reliés par des VPN sécurisés. Leur pilotage peut être effectué depuis un seul et même superviseur hébergé par la DSI (direction des systèmes d’information) du maître d’ouvrage. Tous les services/entités concernés par ce projet ont été fortement impliqués et les utilisateurs formés, gages de la réussite de tout projet.
Enfin, il est aussi possible d’interfacer les automates SAUTER modulo 6 avec des systèmes d’autoapprentissage du marché et des objets connectés pour obtenir une régulation réactive et prédictive, essentielle pour les établissements de santé afin d’améliorer la fiabilité des équipements, de réduire les coûts énergétiques et d’améliorer le confort.
Pôle Neuro Sainte-Anne : un projet de reconstruction maîtrisant efficacité énergétique et conformité aux recommandations hygiène
Un double objectif atteint pour ce projet de 14 000 m2 sur 5 niveaux accueillant 130 lits, 2 IRM et un bloc opératoire de 6 salles : conjuguer efficacité énergétique/réduction de CO2 et respect des exigences normatives pour la maîtrise de la contamination.

Un résultat atteint grâce à la conception et à l’installation de centrales de traitement d’air conformes aux normes d’hygiène EN 13 953 et NF S 90 351, permettant de gérer les salles classées en « Zone à risque 4 – très haut risque infectieux ». Le bureau d’études EDEIS et l’installateur ICE ont mis en œuvre 21 centrales de traitement d’air ClimaCIAT AIRTECH et 2 groupes d’eau glacée AQUACIATPOWER LD 2650 R avec désurchauffeur au réfrigérant R32.
Côté efficacité énergétique, le niveau de récupération d’énergie sur les batteries est aussi extrêmement soigné, et répond au taux de récupération minimal de 68 % selon la directive Ecodesign. Cet objectif a été dépassé, avec notamment une conception particulière des ailettes des batteries, ce qui a permis de limiter les pertes de charge et d’optimiser l’énergie consommée à tous les niveaux, filtration, mécanismes d’échanges et moteurs.

La gestion de l’éclairage est aussi une priorité
« Après le chauffage, la ventilation et la climatisation, l’éclairage constitue le deuxième poste de consommation d’énergie. C’est particulièrement vrai dans les milieux hospitaliers ou médicalisés, où les établissements fonctionnent jour et nuit, nécessitant un éclairage fonctionnel et permanent. Il est donc primordial de mettre en place des dispositifs permettant d’optimiser les installations, d’autant plus que l’éclairage contribue également à la sécurité des occupants dans les bâtiments », introduit Cyril Petit, prescripteur B.E.G. France pour la région Sud-Est.

L’utilisation de technologies connectées, comme le standard DALI, permet de réguler l’éclairage de manière bien plus précise que les technologies à simple commutation ON/OFF. En changeant de technologie, il devient donc possible de réduire significativement la consommation énergétique liée aux postes d’éclairage énergivores.
Les solutions mises en place génèrent également du confort : allumage automatique de l’éclairage en fonction de l’occupation, adaptation des ambiances lumineuses pour le bien-être des résidents dans les salons communs d’Ehpad, amélioration de la sécurité, réduction des risques de prolifération de bactéries ou de virus par contact, et remise en lumière automatique en cas de dysfonctionnement de la commande d’éclairage.
« Par ailleurs, ces systèmes de gestion assurent une grande évolutivité des fonctionnements sans nécessiter de modifications majeures des installations ou du câblage. Ces solutions connectées permettent donc de répondre aux demandes du décret BACS, tout en proposant des bâtiments plus intelligents, plus performants, moins énergivores, et donc plus durables », ajoute l’expert de B.E.G. France.
Prenons l’exemple des circulations : « Les réglementations de sécurité EC 6 imposent un éclairage permanent dans les dégagements de ces établissements. Généralement, un luminaire sur trois fonctionne à pleine puissance 24 h/24, sans prendre en compte l’éclairage naturel. Ces éclairages consomment donc en continu… », souligne Cyril Petit.
Grâce à la technologie DALI, protocole standard pour l’éclairage, il est possible d’installer des systèmes assurant un éclairage permanent réduit, à 10 % de puissance sur l’ensemble des luminaires, avec une consommation constatée pouvant être divisée par trois.
Il est également possible de mettre en place un cheminement intelligent « Guided Light », ou lumière guidée, qui permet d’enclencher l’éclairage des zones uniquement à la valeur réglementaire, au bon endroit et au bon moment, évitant ainsi d’éclairer inutilement les zones inoccupées.

Ces solutions apportent également un véritable confort aux usagers : éclairage plus homogène, sécurité renforcée, remise en lumière en cas de défaillance. Par exemple, dans les circulations des chambres (CHU/Ehpad), il est possible de prévoir un fonctionnement de nuit, assurant uniquement l’éclairage minimal réglementaire pour les tournées des infirmières, sans déranger les patients ou les résidents.

« Pour les bureaux et les salles de consultation, un multicapteur peut être installé afin de gérer l’éclairage et transmettre précisément différentes mesures aux systèmes CVC. Ces capteurs internes peuvent ainsi envoyer des informations sur la température, les COV (composés organiques volatils), le CO2 et le taux d’humidité de la pièce. Cela permet une régulation précise des unités de chauffage, de ventilation et de climatisation en fonction des besoins spécifiques », détaille l’expert de B.E.G. France.
Cyril Petit souligne également qu’un système d’éclairage optimisé doit impérativement communiquer avec les systèmes CVC et les GTB des bâtiments hospitaliers. Cela est facilement réalisable grâce à l’interfaçage entre les protocoles DALI et BACnet/IP. Par exemple, le lot CVC peut ainsi récupérer les informations d’occupation des locaux afin d’adapter les unités de régulation uniquement en fonction des besoins réels.
Jean-François Moreau