Sécurlite, fabricant français de luminaires techniques, a bâti sa stratégie sur la durabilité, la réparabilité et l’écoconception. Intégrée depuis 2019 au groupe Rivalen, la société s’inscrit désormais dans une dynamique collective où chaque marque garde son identité tout en bénéficiant de synergies industrielles et commerciales, coordonnées par la plateforme Hoël.
Aux commandes de Sécurlite depuis 2022, et récemment nommé directeur général de Radian, puis de Brossier Saderne, Stéphane Aubry revient sur son parcours, détaille la démarche RSE du groupe, les innovations produits, et présente l’offre de service Lumicare.
Vous insistez souvent sur la démarche RSE de Sécurlite. Qu’est-ce qui la distingue ?
La RSE chez Sécurlite n’est pas un slogan ni un vernis de communication : il s’agit d’une démarche de fond, visible dans toutes nos décisions industrielles et commerciales et dans les moindres recoins de l’entreprise. C’est vrai pour Sécurlite, mais aussi pour Rivalen, qui est une « société à mission ». Nous avons choisi d’intégrer cette démarche dans le quotidien de Sécurlite, de la conception des produits jusqu’à leur fin de vie. Nous travaillons sur l’écoconception, sur l’utilisation de plastiques recyclés, sur la réparabilité. L’écoconception de nos produits est certifiée PEP Ecopasseport, dont Sécurlite a été membre fondateur. Nous avons été parmi les premiers à sortir des PEP dans le monde de l’éclairage en France. Nos produits sont pensés pour être démontés, réparés, remis en circulation. Et surtout, nous avons fait le choix de la transparence avec une certification exigeante : Origine France Garantie. C’est une certification indépendante qui ne se contente pas d’un assemblage local. Elle exige que plus de 50 % de la valeur d’un produit proviennent de France. Maintenir une usine, c’est assumer un outil de production, des investissements lourds et une responsabilité sociale. Cela garantit des emplois stables, la transmission des savoir-faire et une vraie contribution économique. Ce discours est parfois à contre-courant d’une communication « vert fluo », mais nous préférons des preuves vérifiables plutôt que des slogans. Pour nous, la RSE n’est pas un vernis, c’est une colonne vertébrale.
Votre parcours est étroitement lié à Sécurlite. Pouvez-vous le retracer et expliquer votre rôle actuel ?
Je suis arrivé en 2012 chez Sécurlite avec une mission précise : développer l’export. En 2015, j’ai pris la direction commerciale France et Export. En 2019, le tournant a été l’intégration de Sécurlite dans le groupe Rivalen, fondé en 2017 par Tristan de Witte autour de Roger Pradier. À partir de là, j’ai cumulé les responsabilités commerciales sur Sécurlite et Roger Pradier. En 2022, j’ai été nommé directeur général de Sécurlite, en 2023 de Radian, et, depuis début 2025, de Brossier Saderne. Cette évolution est possible grâce à la solidité des équipes. Sécurlite compte 75 salariés avec un fort engagement. Nous avons un management intermédiaire solide, qui permet de déléguer et de garder une organisation fluide malgré la croissance. Mon rôle, aujourd’hui, c’est à la fois de piloter les entités individuellement et d’assurer les synergies transverses : commerciales, industrielles, organisationnelles. Je ne pourrais pas gérer trois entreprises si je n’étais pas entouré d’équipes de grande confiance, autonomes et expertes.
Chaque innovation s’inscrit dans une logique
RSE : prolonger la durée de vie, réduire la
consommation de ressources, prévoir la fin de vie et
la seconde vie. C’est ce qui fonde notre crédibilité
face aux acteurs qui se contentent d’importer.
Le groupe a aussi beaucoup investi dans l’innovation et les services. Quels sont les axes forts ?
Nous sommes et restons des fabricants. Cela veut dire que nous portons la charge des usines, des machines, des bureaux d’études, des prototypages et des certifications. Quand un importateur met un produit sur le marché en un mois, nous mettons un à deux ans, car pour nous, chaque étape compte : design, essais, homologations… Résultat : nous sortons un à deux produits nouveaux par an, mais chacun est conçu pour durer. Notre produit emblématique reste le hublot. Mais ce n’est plus le hublot des années 1980 : aujourd’hui, il est durable, réparable, écoconçu, intelligent, avec des performances parmi les meilleures du marché. Grâce à cette approche, nous avons élargi notre champ d’action : habitat collectif, industrie, enceintes sportives, collectivités, mais aussi transport – avec des références comme la SNCF et la RATP – et justice, où nous avons par exemple équipé la prison d’Anvers en Belgique. Ces marchés exigeants montrent que nous sommes capables de répondre à des contraintes techniques, sécuritaires et environnementales élevées. Chaque innovation s’inscrit dans une logique RSE : prolonger la durée de vie, réduire la consommation de ressources, prévoir la fin de vie et la seconde vie. C’est ce qui fonde notre crédibilité face aux acteurs qui se contentent d’importer !
Pouvez-vous présenter Lumicare, votre offre de « lumière en abonnement » ?
Lumicare illustre parfaitement cette évolution vers l’économie de la fonctionnalité. Plutôt que vendre un luminaire, nous proposons un service : un abonnement qui inclut la fourniture, l’installation, la maintenance et la seconde vie des produits. Concrètement, un bailleur social ou une collectivité ne paie plus pour acheter un plafonnier ou un hublot, mais pour disposer en permanence d’une lumière fonctionnelle, garantie et suivie. L’intérêt est immédiat : fini les dépenses imprévues pour des remplacements, tout est intégré dans un forfait lissé. Mais surtout, comme nous restons propriétaires du matériel, nous avons tout intérêt à le rendre réparable, reconditionnable et durable. À la fin d’un cycle, nous reprenons les produits, et soit nous les remettons en état, soit nous recyclons ses composants. Cette logique circulaire nous pousse à concevoir différemment : chaque pièce doit être pensée pour la maintenance et la seconde vie. Lumicare répond donc à deux enjeux : la maîtrise budgétaire pour nos clients et l’impact environnemental. Les bailleurs sociaux et les collectivités ont déjà adopté cette solution qui leur apporte une réponse concrète à leurs contraintes économiques et à leurs objectifs RSE.
Hoël, au sein du groupe Rivalen, joue un rôle de catalyseur. Comment cela fonctionne-t-il concrètement ?
Hoël, c’est le trait d’union entre nos marques. Il ne s’agit pas d’une marque supplémentaire, mais d’une plateforme commune pour stimuler les synergies stratégiques comme la Mission et Impact, le Commerce, l’Industrie. Exemple sur l’axe industriel, Sécurlite
produit des modules led pour Radian et achète des tôleries de précision chez Roger Pradier. Nous avons matérialisé l’existence d’Hoël par un showroom à Paris, rue Lamartine, qui nous rapproche des prescripteurs et des grands donneurs d’ordre. Concrètement, lorsqu’un acteur comme Accor vient avec un projet hôtelier, nous apportons une réponse globale : Brossier Saderne équipe les chambres et restaurants, Roger Pradier les terrasses et façades, Sécurlite les parkings et circulations, Radian les salles de réunion. Ensemble, nous couvrons tout le spectre de l’éclairage d’un projet. L’intérêt est double : pour le client, un interlocuteur unique capable de coordonner plusieurs expertises françaises ; pour nous, une mutualisation des ressources. Les clientèles, les prescripteurs, les partenariats ne sont plus isolés mais partagés. Un partenariat développé par l’une des marques bénéficie immédiatement aux autres. Ce n’est pas une logique de fusion dans un grand groupe généraliste, mais au contraire la mise en réseau de spécialistes reconnus, complémentaires, qui gardent leur identité tout en parlant d’une seule voix sur les grands marchés. Stéphane Joyeux, directeur artistique de l’ensemble des marques du groupe Rivalen, matérialise ce trait d’union. Son objectif n’est pas d’harmoniser le design des différentes marques, mais d’apporter son expertise à des marques en révélant leur singularité esthétique et technique.
Propos recueillis par Alexandre Arène






