Éclairage à la RATP : allier confort, sécurité et maintenabilité (Cahier technique 1/5)

RATP

Depuis 1998, la RATP entreprend la modernisation de stations de métro parisien. Cette vaste opération, baptisée « Un métro + beau » (MÉTRO2030), constitue à ce jour la transformation la plus ambitieuse jamais menée dans le réseau depuis sa mise en service, en 1900. Le programme vise la modernisation de 268 stations, avec pour objectif d’offrir un environnement plus accueillant, plus sûr et plus durable.

La RATP a placé l’éclairage au cœur de sa stratégie de rénovation, considérant la lumière non seulement comme un élément de confort visuel, mais aussi comme un facteur essentiel de sécurité, d’orientation et de valorisation architecturale. La luminance recherchée, qui évoque la lumière naturelle, a été obtenue grâce à une combinaison subtile de sources lumineuses et de matériaux réfléchissants intégrés aux surfaces des stations.

La RATP souhaite, avec cette rénovation d’envergure, transformer la lumière en véritable carte d’identité des espaces souterrains : l’éclairage révèle la diversité des formes et des décors, organise la transition entre l’extérieur urbain et l’intérieur souterrain et guide intuitivement les voyageurs dans leurs déplacements. De la rue jusqu’aux quais, pas moins de 17 modèles différents de luminaires rythment le parcours et accompagnent les changements d’ambiance, renforçant à chaque étape la perception de confort. Nous avons interrogé quatre des fabricants français (Sécurlite, Sammode, Holight et ACTiLED) qui participent à cette rénovation. Avant de livrer leurs témoignages, nous donnons la parole à Kévin Desrousseaux, prescripteur technique éclairage et responsable études & travaux/ entité basse tension éclairage à la RATP.

Kévin Desrousseaux, prescripteur technique éclairage, responsable études & travaux/entité basse tension
éclairage à la RATP. © Muriel Desrousseaux

Dès 2016, la RATP a franchi un cap décisif en remplaçant l’intégralité des lampes conventionnelles de son réseau par des leds, permettant une réduction de 50 % de la consommation énergétique et des émissions de CO2 associées. « Nous sommes ainsi devenus le premier réseau au monde entièrement équipé en technologie led, explique Kévin Desrousseaux. Ce résultat illustre bien notre démarche : la RATP commande autant de luminaires conçus sur mesure qu’elle achète de modèles
standards, afin de concilier innovation, efficacité et adaptation aux contraintes particulières de nos espaces. »

Un cahier des charges précis
L’entité dans laquelle travaille Kévin Desrousseaux réunit 120 maîtres d’œuvre, dont 4 sont exclusivement dédiés à la prescription en éclairage. « Il faut garder à l’esprit, précise-t-il, que nos installations doivent durer dans le temps : à la fois du point de vue sthétique et du point de vue technique, avec des exigences fortes en matière de résistance mécanique, d’étanchéité, de protection contre le vandalisme ou encore de sécurité incendie. Nous devons également intégrer la connectique et la facilité de raccordement. Enfin, la
maintenance constitue une préoccupation majeure, car les interventions en tunnels, limitées à la nuit, imposent une rapidité d’exécution maximale. »
Pour la RATP, les luminaires doivent donc combiner robustesse, fiabilité et réparabilité. Ils doivent être conçus pour permettre le remplacement de pièces, comme les modules led, sans exiger le renouvellement complet de l’appareil. « Et si ce remplacement s’avère incontournable, ajoute Kévin Desrousseaux, nous comptons sur l’engagement des fabricants à fournir des pièces ou des luminaires compatibles, même plusieurs décennies après leur installation, parfois 20 ou 30 ans plus tard. »

Des manufactures sur mesure
Les critères de sélection des industriels reposent également sur leur capacité à concevoir des produits personnalisés. « Prenons un exemple concret, poursuit Kévin Desrousseaux : nombre de nos espaces utilisent des tubes T8 led de 60 ou 120 cm. Lors du passage à la led, nous voulions que les nouveaux luminaires puissent accueillir ces modules sans exiger un remplacement complet des appareils. C’est ce que nous avons fait en modernisant des gammes Sammode déjà existantes lors du passage de la fluorescence à la led. »
La plupart des fabricants savent adapter leurs produits, mais les exigences de la RATP vont plus loin : elles engagent une vision de pérennité et de service. « Ce qui guide notre démarche, souligne Kévin Desrousseaux, c’est la fiabilité. Et pour garantir cette fiabilité,
il est essentiel que les industriels disposent de leurs propres sites de production, capables à la fois de concevoir les produits que nous demandons aujourd’hui et d’assurer leur compatibilité avec les générations futures. C’est la seule manière de garantir la maintenabilité et la durabilité de nos installations. »

La maintenance comme critère clé 
La maintenance est l’un des piliers de la politique d’éclairage du métro parisien. La fiabilité ne concerne pas uniquement la solidité des appareils, mais aussi la disponibilité à long terme des pièces de rechange. « Il ne s’agit pas seulement de réparabilité, rappelle
Kévin Desrousseaux, mais de garantir une vraie pérennité. Nous parlons de durée de vie de plusieurs décennies, ce qui implique une gestion rigoureuse des pièces détachées et de leur approvisionnement. La réglementation européenne met désormais l’accent sur la réparabilité, l’interchangeabilité et l’analyse du cycle de vie des produits. Ce sont des notions que nous appliquions déjà, car elles correspondent à nos besoins réels. »
Cette approche s’inscrit aussi dans une volonté de soutenir l’industrie française et ses savoir-faire, afin de préserver un écosystème productif capable de répondre aux besoins sur le long terme. « Nous tenons à maintenir cette démarche vertueuse, conclut Kévin Desrousseaux, car non seulement elle est gage de qualité de service pour les voyageurs, mais elle garantit aussi la durabilité et la résilience de l’ensemble de notre réseau. »

Cahier technique RATP :