Claire-Sophie Haas, directrice marketing de Rexel France : « L’objectif, c’est que Rexel Expo ne soit pas seulement “notre” salon, mais bien le salon de la filière électrique. »

Claire-Sophie Haas. © Yves APPRIOU _ AWEN PHOTO

Rexel Expo réunit les acteurs clés du secteur électrique autour des grandes évolutions du marché. L’édition 2025, axée sur l’efficacité énergétique et la décarbonation, a rassemblé plus de 30 000 visiteurs et 200 exposants autour d’innovations concrètes, du digital à la RSE. Claire-Sophie Haas, directrice marketing de Rexel France, revient sur le succès de cette édition, les tendances marquantes du marché et les perspectives d’un salon qui se veut désormais celui de toute la filière électrique.

Quel bilan tirez-vous de cette édition 2025 de Rexel Expo ?
Claire-Sophie Haas –
Rexel Expo, pour nous, c’est près de 18 mois de préparation. Il faut anticiper énormément de choses, aussi bien sur le plan logistique que sur le contenu. On contacte très tôt nos partenaires fournisseurs pour savoir combien de stands ils souhaitent, ce qu’ils vont présenter, et on essaie de donner une cohérence globale aux grands messages que nous voulons véhiculer.

Cette année, deux thèmes majeurs structuraient le salon : l’efficacité énergétique, ou comment gagner en compétitivité grâce à la performance énergétique des bâtiments, et la décarbonation, avec des outils pour mesurer et optimiser son bilan carbone à travers les choix de produits et de solutions.

Nous avons accueilli cette année 30 000 visiteurs, un résultat supérieur à nos attentes. Nous nous étions fixé un objectif initial de 25 000 visiteurs. 65 % d’entre eux étaient des clients, soit + 32 % par rapport à l’édition 2022. C’est un vrai succès. Côté exposants, nous restons sur les mêmes ordres de grandeur que les éditions précédentes, avec environ 200 entreprises participantes.

Mais ce qui compte le plus pour nous, c’est la satisfaction. Nous la mesurons en continu pendant le salon, via des bornes avec des boutons-poussoirs sur les stands, et par e-mail post-salon, auprès de nos collaborateurs et de nos exposants. Le NPS (Net Promoter Score), qui mesure la différence entre les promoteurs et les détracteurs, atteint 74, soit + 18 points par rapport à 2022. Nous avons eu cette année 77 % de promoteurs et 3 % de détracteurs, ce qui est un excellent résultat.

Rexel Expo, c’est aussi un moment fédérateur pour nos collaborateurs. Tout le monde n’est pas présent sur le salon, mais pour les commerciaux, c’est l’occasion de voir concrètement les nouveautés, de partager la stratégie et de la vivre sur le terrain. C’est une vraie vitrine collective du travail de Rexel.

Quelles innovations Rexel étaient à l’honneur cette année ?
C.-S. H. –
Nous avons structuré nos stands par univers. Sur le stand Habitat, dédié aux artisans, nous avons présenté plusieurs innovations destinées à leur simplifier la vie au quotidien.

L’une d’elles concerne le digital : sur www.rexel.fr, nous avons ajouté un onglet « Affaires » qui permet à l’artisan de regrouper toutes ses commandes liées à un chantier. Il retrouve à la fin tout son historique d’achats par affaire. Cela constitue un véritable gain de temps administratif pour nos clients électriciens.

Nous avons aussi mis en avant le concept Scan & Go, qui permet à terme de retirer sa commande de manière autonome, en scannant un code-barres depuis son téléphone. Ce dispositif est encore en phase de test, mais les retours sont prometteurs. Cette même application permet aussi, en agence, de scanner les produits pour obtenir le prix selon les conditions du client et les informations techniques.

Sur le merchandising, nous avons présenté les « pushes », des écrans installés au-dessus des linéaires. Ils permettent de montrer la profondeur de gamme et de projeter les produits en situation, pour l’éclairage ou l’appareillage par exemple. C’est une alternative plus flexible au showroom, car les produits évoluent vite et le digital permet de maintenir les contenus à jour.

Nous avons aussi mis en avant la reconnaissance de tableau électrique. Il suffit de prendre en photo un tableau obsolète, de préciser les marques utilisées, et l’outil reconstitue automatiquement le nouveau tableau et la liste du matériel à commander.

Autre exemple : notre showroom digital 3D. En filmant un mur ou une pièce, l’artisan peut projeter un interrupteur, un radiateur ou un sèche-serviette dans le décor du client. Cela l’aide à vendre en montrant le rendu final. Nous l’avons déjà déployé pour le chauffage, l’appareillage et l’éclairage.

Nous avons aussi présenté Esabora, un outil qui, à partir d’un plan, propose automatiquement une installation électrique complète, avec précommande et possibilité de modification par commande vocale, par exemple : « Ajoute une salle de bain ». L’objectif est de faire gagner du temps aux artisans et d’améliorer la précision de leurs devis.

Sur le volet environnement et grands comptes, nous avons mis en avant le Carbone Tracker, une application qui permet de suivre l’équivalent carbone des produits achetés, de comparer les références entre elles et de piloter sa stratégie carbone dans le temps. Les grands clients peuvent ainsi intégrer ces données à leurs obligations réglementaires.

Enfin, nous avons mis en avant l’offre Open, qui structure la rénovation énergétique en cinq étapes : diagnostic du bâtiment, audit, financement, mise en œuvre et suivi de performance. Il identifie les besoins, priorise les travaux selon le retour sur investissement et met en relation utilisateurs et installateurs partenaires via une plateforme dédiée.

Et du côté de vos partenaires exposants, quelles tendances avez-vous observées ?
C.-S. H. –
Nous observons une tendance très nette autour de l’efficacité énergétique, de la RSE et de la durabilité. C’est devenu un socle commun. Une autre tendance est la montée en gamme. Plusieurs fabricants, comme Schneider avec la nouvelle gamme Odace, Legrand ou Hager, ont présenté des offres plus design, plus qualitatives. On sent une vraie volonté d’attirer des prescripteurs, notamment les architectes.

Par ailleurs, l’intelligence artificielle était omniprésente. Elle alimente des outils de maintenance prédictive, des cobots pour l’industrie, ou encore des solutions d’optimisation énergétique. Sur notre site rexel.fr, nous testons l’IA pour rendre la recherche produit plus pertinente, enrichir les descriptifs issus du format Fab-Dis, et même identifier des produits à partir d’images.

Enfin, la cybersécurité, en lien avec le développement des datacenters de proximité est une préoccupation croissante dans la filière.

Qu’allez-vous retenir pour la prochaine édition ?
C.-S. H. –
Nous allons continuer à travailler sur la cohérence des parcours entre les stands Rexel et ceux de nos partenaires. C’est ce qui permet d’offrir une vision fluide, globale et lisible de la filière. L’objectif, c’est que Rexel Expo ne soit pas seulement « notre » salon, mais bien le salon de la filière électrique.

Les conférences ont également été un grand succès. Nous y avons réuni des partenaires comme Legrand, EDF, RTE, BPI, la Banque des Territoires, et des entreprises comme 1083. Les échanges ont porté sur la formation, la montée en compétence autour de la data, ou encore la transition

énergétique. Nous souhaitons reconduire ce format, et y associer davantage d’acteurs publics et territoriaux.

Enfin, nous voulons renforcer la présence des collectivités et des utilisateurs finaux, encore peu représentés, et continuer à tester nos innovations digitales, notamment les chatbots et les outils d’IA. Rexel Expo reste un formidable terrain d’expérimentation, un lieu où l’innovation prend vie et où toute la filière avance dans la même direction.

Propos recueillis par Alexandre Arène