Maxime Mazel, directeur marketing Smart Building, ABB Electrification France : « L’EMS apprend des usages, envoie des alertes et recommandations et améliore ses algorithmes au fil du temps. »

Maxime Mazel, directeur marketing Smart Building, ABB Electrification France

À l’heure où l’électrification des usages s’impose dans le résidentiel comme dans le tertiaire, ABB met en avant une vision pragmatique de la gestion énergétique. Maxime Mazel, directeur marketing Smart Building d’ABB Electrification France, détaille le rôle des nouveaux systèmes de pilotage énergétique : la solution SEMS pour la maison, basée sur le concept HEMS, et BuildingPro pour le bâtiment tertiaire, positionné comme système de gestion technique (BMS).

Vous avez récemment annoncé de nouvelles solutions pour la gestion intelligente de l’énergie, à la fois pour le résidentiel avec SEMS (EMS) et, dans le tertiaire, via BuildingPro (BMS). Pouvez-vous présenter l’approche et les spécificités de ces deux offres complémentaires ?
Maxime Mazel – Le SEMS, pour Smart Energy Management System, s’inspire du HEMS (Home Energy Management System), cœur de notre réflexion sur la flexibilité énergétique. L’enjeu : orchestrer de façon intelligente la production, la consommation et le stockage d’énergie dans la maison, à travers une offre accessible, ce que nous avons démontré lors des salons IBS et Rexel Expo. Cet assistant d’optimisation énergétique repose sur trois fonctions clés. D’abord, il gère l’énergie, qu’elle soit consommée, produite ou stockée. Ensuite, il optimise les usages, en équilibrant la production photovoltaïque, la consommation et les coûts de l’électricité du réseau, s’adaptant aux heures pleines, heures creuses ou aux futurs tarifs dynamiques qui arriveront en 2026. Enfin, il se veut non intrusif et simple pour l’usager. Grâce à des algorithmes intégrant la météo, la production solaire et les évolutions tarifaires, il prend des décisions automatiques : décaler une charge, stocker l’énergie, réduire les réinjections sur le réseau. L’objectif : maximiser l’autoconsommation, limiter les pertes et garantir une meilleure rentabilité pour l’utilisateur, notamment avec le déploiement à venir de la tarification dynamique.

Vous avez aussi présenté BuildingPro, la version tertiaire du pilotage énergétique. Quelle en est la logique ?
Maxime Mazel –
BuildingPro prolonge la philosophie du SEMS à l’échelle du bâtiment tertiaire, avec une forte dimension BMS. C’est une suite interopérable, multiprotocole, capable de gérer des environnements plus complexes : bureaux, établissements scolaires, bâtiments collectifs… Le tertiaire requiert une approche systémique, car les usages sont multiples et influencés par les comportements des occupants, la météo, ou les apports solaires. La solution BuildingPro s’appuie également sur trois briques majeures, soit un produit « physique », notre Building Edge, les logiciels embarqués sur site pour une exploitation locale et le cloud pour faciliter l’intégration, mais également l’exploitation des sites ou portefeuilles de site. BuildingPro est une solution conçue nativement avec le cloud, mais on peut la limiter à un fonctionnement local, elle est basée sur une architecture Edge. BuildingPro répond ainsi aux besoins futurs de flexibilité du réseau (Flex Ready). Sa structure ontologique de données et sa conception permettront aux exploitants de créer des stratégies d’effacement et la quantité d’énergie pouvant être libérée dans les heures à venir face aux demandes envoyées par les énergéticiens via le cloud.

Comment garantir le bon déploiement d’un tel système ?

Dans le tertiaire, tout débute par un diagnostic énergétique et un plan de comptage précis, pour connaître les consommations par usage, zone, niveau, et évaluer les performances thermiques. Vient ensuite le diagnostic d’interopérabilité : quels équipements peuvent être repris, lesquels remplacer ? L’intégrateur réalise ce travail ; véritable architecte de la solution, il conçoit, met en œuvre et sécurise l’installation. ABB insiste sur l’importance de collaborer avec des intégrateurs agréés. L’utilisateur final doit être formé, comprendre son système, ses bénéfices et les alertes générées. La maintenance et le suivi sont essentiels : l’EMS apprend des usages, envoie des alertes et recommandations, améliore ses algorithmes au fil du temps.

Propos recueillis par Alexandre Arène