Orange Business met son savoir-faire en matière de données, d’IA et d’IoT au service de la performance énergétique des bâtiments. L’entreprise propose des solutions de GTB par IoT, accessibles, interopérables et cybersécurisées, capables de connecter capteurs, actionneurs, EMS et IRVE. Dans cet entretien, Cyril Hommel, directeur Practice Performance Énergétique et Développement Durable, détaille la stratégie d’Orange Business : rendre le BACS plus simple, plus fiable et plus rentable, tout en préparant les bâtiments à la flexibilité énergétique.
Orange Business mutualise ses expertises data, IA et IoT pour accompagner la transition énergétique. Pourquoi cette approche ?
Cyril Hommel – Parce qu’au fond, le BACS repose largement sur l’informatique. Bien que le sujet puisse parfois paraître coûteux ou peu fiable, il est important de noter que c’est un domaine qui nécessite des expertises spécifiques en IoT et IT. Chez Orange Business, notre ADN d’intégrateur, à la croisée des télécoms, de la connectivité et du numérique, nous place naturellement dans une position clé pour accompagner les entreprises dans cette transition énergétique.
Pouvez-vous nous présenter l’offre Orange Business dans les grandes lignes ?
C. H. – Sur la partie bâtiment, nous sommes intégrateur de solutions EMS. Nous travaillons avec plusieurs partenaires, dont un central : Energisme. Notre valeur ajoutée, c’est la donnée de qualité, pertinente et exploitable. Un éditeur d’EMS fait un excellent logiciel, mais il ne va pas toujours jusqu’à la collecte et l’intégration de toutes les sources de données. Prenons un exemple : une entreprise veut suivre l’énergie consommée par sa flotte de véhicules. Ces données ne viennent pas d’Enedis ou de GRDF, mais des cartes carburant ou de l’ERP. C’est notre métier d’aller les chercher et de les intégrer. Autre cas : une agence immobilière veut comprendre l’impact de la température sur sa consommation. Nous lui envoyons des capteurs connectés au réseau LoRa d’Orange ; 30 minutes après installation, les données sont visibles sur la plateforme, corrélées à la météo grâce à un connecteur Météo France. C’est aussi ça, la valeur d’un intégrateur. Nous avons la puissance d’un grand groupe et la capacité d’engager les clients dans la durée, sur des programmes évolutifs. Et puis, il y a l’autre volet : les capteurs actionneurs. Car faire du BACS avec de l’IoT,
Comment l’IoT permet-il justement de faire du BACS ?
C. H. – C’est une évolution naturelle. En partant de capteurs et d’actionneurs, on en est venus à proposer de véritables GTB par IoT, notamment avec l’aide de notre partenaire Smart & Connective. Ces technologies sont déjà déployées sur le réseau des boutiques Orange, dont 400 sites répartis sur le territoire avec une approche IT : pilotage cloud, ordres groupés ou ciblés, gestion à distance zone par zone, pièce par pièce. L’idée, c’est de rendre la GTB accessible, flexible, pilotable à grande échelle et à faible coût. Et dans ce schéma, l’objet connecté n’est pas seulement une sonde, c’est aussi une source de données utiles à l’exploitation énergétique.
Le marché de l’énergie évolue vite. Comment aider les entreprises à anticiper ces changements ?
C. H. – Le vrai sujet, c’est le BACS connecté, et même le BACS Flex Ready. Si on reste sur des systèmes fermés, coûteux et rigides, on rate le virage. Aujourd’hui, les GTB par IoT intègrent nativement cette logique : elles sont cybersécurisées, interopérables, et prêtes pour la flexibilité énergétique.
Prenons le secteur banque-assurance : impossible d’y déployer des BACS sans garantie cyber. Orange Business apporte cette expertise, avec des BACS légers, adaptables et sécurisés. Nous travaillons aussi sur le lien entre bâtiments et véhicules électriques, ou comment connecter le BACS, la batterie et l’IRVE (infrastructure de recharge de véhicules électriques), pour faire de la flexibilité énergétique de manière opérationnelle. Pour cela, nous nous appuyons sur des partenaires comme Orus Energy.
Votre partenaire Smart & Connective joue donc un rôle structurant ?
C. H. – Oui, mais c’est un tout : la capacité à intégrer les briques complémentaires que sont l’EMS, le BACS et les services de l’agrégateurs de flexibilité est indispensable. Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle ère, celle de la flexibilité énergétique. C’est ce dont nous avons parlé lors d’une table ronde organisée sur le salon IBS avec Renault Mobilize, qui donnait des pistes pour transformer un bâtiment en centre de profit. L’immobilier devient un actif productif, grâce à la donnée, à la connectivité et à la coordination entre EMS, BACS, batteries et véhicules.
La sobriété énergétique peut-elle devenir un levier de compétitivité ?
C. H. – La clé, c’est le ROI. Il faut des solutions à retour rapide : économies directes, gain de temps, automatisation des déclarations relatives au décret tertiaire, optimisation des puissances souscrites… Nous avons par exemple accompagné le syndicat d’énergie Sydeel 66 qui a identifié 124 000 € d’économies simplement en ajustant ses abonnements. Ensuite, le BACS par IoT permet d’aller plus loin en priorisant les bâtiments à équiper, en maximisant la conformité réglementaire et, demain, en générant des revenus grâce à la flexibilité. C’est une approche rationnelle, modulaire et rentable.
Ces solutions « light » sont-elles adaptées à tous les bâtiments ?
C. H. – Non, bien sûr. Les grandes tours ou les bâtiments complexes ont besoin de GTB plus évoluées, proposées par les grands acteurs historiques du marché. Dans ce cas, ces solutions sont parfaitement justifiées. Mais plus c’est sophistiqué, plus il faut des compétences IT au-delà des expertises CVC (chauffage, ventilation, climatisation) que proposent les exploitants. C’est là que nous intervenons : pour faire le lien entre exploitation et numérique, entre énergie, cyber et connectivité.
À quels types de bâtiments s’adresse votre offre ?
C. H. – Principalement aux bâtiments de taille intermédiaire, jusqu’à 5 000 m², et aux parcs multi-sites, tels que les banques ou les commerces. Nos GTB par IoT sont pilotables dans le cloud. Cela signifie qu’un Energy Manager à distance peut modifier la température de 400 sites en 10 secondes. Et les retours clients sont très clairs. Le ROI vient autant de la performance énergétique que de la réduction des coûts d’exploitation et de maintenance.
Vos solutions couvrent aussi la production photovoltaïque, le stockage ou les bornes IRVE ? C. H. – Nous travaillons par exemple avec le groupe Bodemer, sur des concessions automobiles équipées de panneaux photovoltaïques, de bornes de recharge et d’un EMS. Nous pouvons intégrer les données des onduleurs via des API, sans hardware additionnel, et piloter le tout à distance. Par ailleurs, l’instrumentation de bornes IRVE peut permettre de suivre précisément la part de consommation liée à ces infrastructures et d’identifier les vrais gains énergétiques. Nous avançons aussi sur la flexibilité. La technologie de GTB par IoT que nous déployons est déjà compatible avec les agrégateurs Orus, Tilt ou Survoltage, et nous travaillons à développer des projets pilotes avec Renault Mobilize sur le site X WORK à Boulogne-Billancourt, avec bornes bidirectionnelles et GTB Schneider Electric.
Comment ce métier se structure-t-il chez Orange Business ?
C. H. – L’ambition d’Orange Business est de devenir l’intégrateur européen réseaux et numérique de référence pour rendre la transformation digitale des entreprises efficace et durable. Nous intervenons sur des domaines tels que la connectivité, le cloud souverain, la cybersécurité et la data. Et le pilotage énergétique est devenu avant tout un sujet IT. Sans réseau, pas d’IoT ; sans cyber, pas de confiance ; sans data, pas d’optimisation. Nous travaillons aussi sur les data spaces énergétiques, pour fluidifier les échanges de données sans centralisation excessive, dans une logique de sobriété numérique.
Et comment faites-vous connaître ces offres ?
C. H. – Par la force du groupe et l’implication dans les écosystèmes de la filière. Nous contribuons au sein d’associations professionnelles, à la SBA, chez Think Smartgrids, et participons à des groupes de travail sur la smart city et le bâtiment intelligent. Et puis, notre force commerciale, qui compte 600 à 700 personnes en France, porte ces offres comme des relais de croissance qui sont bons pour la planète et bons pour le portefeuille de nos clients.
Propos recueillis par Alexandre Arène






