RTE publie son Bilan prévisionnel 2025-2035 et confirme que la France dispose aujourd’hui d’un avantage stratégique pour accélérer son électrification, réduire sa dépendance aux énergies fossiles et tenir sa trajectoire climatique. La consommation d’électricité demeure stable, tandis que la production bas carbone progresse au rythme attendu. Résultat : une situation d’abondance d’électricité décarbonée, propice au développement de nouveaux usages et à la réindustrialisation.
Après les crises sanitaire et énergétique, la France a retrouvé son potentiel de production nucléaire et renouvelable et vise environ 7 GW de nouvelles capacités solaires et éoliennes en 2025. Cette dynamique permet de décarboner en priorité les transports, l’industrie, le bâtiment et le numérique. RTE estime que la surcapacité actuelle pourrait durer deux à trois ans et se résorber rapidement si le pays s’engage dans une électrification massive.
L’électrification permettrait à la France de réduire de près de moitié ses importations d’hydrocarbures d’ici 2035, soit une baisse de 500 TWh, dont 40 % directement liée au basculement vers l’électricité. Elle répond également à un enjeu de souveraineté, les énergies fossiles constituant la principale source du déficit commercial français, évalué entre 50 et 70 milliards d’euros par an. Cette stratégie repose sur un mix bas carbone robuste, articulé autour du nucléaire et des renouvelables.
Pour la première fois, RTE établit un état des lieux des projets industriels nécessaires à la décarbonation. L’hydrogène, l’industrie et les datacenters doivent concrétiser, respectivement, environ 2,9 GW, 3,4 GW et 4,3 GW de projets déjà engagés. La réalisation de 60 % de ces volumes d’ici 2030 placerait la France sur une trajectoire de décarbonation rapide, soutenue par des prix de marché orientés à la baisse grâce à la situation d’abondance.
RTE rappelle que la France a déjà connu des surplus de production, notamment entre les années 1980 et 2000, qui avaient favorisé l’essor des usages électriques, la modulation du nucléaire, l’augmentation des exportations et la fermeture du fioul et du charbon. Aujourd’hui, un ajustement temporaire du développement de certaines filières, comme le petit solaire, est possible, même si moins efficace économiquement qu’une électrification rapide. RTE insiste sur la nécessité d’utiliser ce levier avec proportionnalité afin de ne pas fragiliser les filières bas carbone.
RTE a déjà déployé plusieurs dispositifs pour accélérer les raccordements, notamment des sites fast track pour l’industrie et les datacenters. Dès juin 2026, les projets les plus matures pourront être priorisés. Une analyse sectorielle sera engagée début 2026 afin d’identifier les volumes crédibles de consommation. Les investissements prévus dans le Schéma décennal de développement du réseau restent indispensables, notamment pour les grands pôles industriels comme Le Havre, Dunkerque et Fos-sur-Mer.






