Lumières et paysages

lumières
Bandol (06). Solution éclairage : Selux © Xavier Boymond

Tous les acteurs se mobilisent pour faire de l’éclairage paysager une expérience agréable, efficace, et respectueuse de l’environnement. Les conceptrices et concepteurs lumière en témoignent : il est possible de continuer à enchanter les espaces publics extérieurs par la lumière ; il s’agit « juste » de choisir avec pertinence les lieux à éclairer, en gardant à l’esprit le risque de nuisances pour la faune et la flore.

Délicat sujet que celui de l’éclairage des paysages urbains (mais pas que) : faut-il combattre la peur du noir, ou devrait-on dire le besoin de lumière – cela arrive en effet que l’on souhaite bénéficier d’un peu d’éclairage lorsque l’on rentre le soir tard. On ne peut pas toujours compter sur la petite loupiote de notre téléphone – ou bien ne considérer que la protection de la faune et la flore ? Et si l’on place l’humain au milieu de celles-ci, force est de constater que l’on ne peut éclairer l’un sans nuire aux autres. Certes, mais c’est là tout l’enjeu de la trame noire ; choisir précisément ce que l’on veut éclairer.
Au fil des conférences, des dossiers, de l’évolution des technologies, on le dit et on le répète : tous les ingrédients sont réunis pour « éclairer juste ». Il existe des systèmes de détection qui permettraient, là où l’humain a besoin de lumière, de ne déclencher l’éclairage que lorsque l’on passe devant des capteurs. Facile, non ? Il semblerait que non, le coût trop élevé semble-t-il de tels systèmes de gestion ne sont pas à la portée des bourses de toutes les communes. Peut-être, cependant, les experts ont fait les calculs : ne pas allumer en permanence permettrait de réduire de façon colossale les consommations et, sans aucun doute, un retour sur investissement relativement court.
Les fabricants l’affirment – et depuis longtemps – les technologies sont là : l’éclairage artificiel permet de reproduire le cycle nycthéméral aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, et ce, de façon automatique.
Les conceptrices et concepteurs lumière le crient haut et fort : des études fines et réfléchies permettent d’accéder à une sorte d’équilibre qui autorise les personnes à déambuler les soirs d’été sans risquer l’entorse au moindre pas, tout en protégeant les papillons, les hiboux et autres nyctalopes.

•••

Lumières place du Pin, Bormes-les-Mimosas (83)
par Technilum

lumières
Maître d’ouvrage : Ville de Bormes-les-Mimosas – Architecte : Map architecture – Paysagiste : Ladanum (Nikola Watté) – Bureau d’études : Snapse – Puget-Ville © Grégoire Edouard

 

lumières
© Grégoire Edouard

Situé en contrebas du village médiéval, le quartier du Pin de Bormes-les-Mimosas est un véritable lieu de vie offrant une atmosphère chaleureuse et authentique, rythmée par la convivialité de ses commerces de proximité et l’animation de ses espaces publics. La place du Pin a été totalement réaménagée, avec la création d’une nouvelle place permettant de profiter pleinement des nombreux commerces.
Désormais cœur battant du quartier, elle offre aux visiteurs comme aux riverains des espaces ombragés, des terrains de pétanque et un marché hebdomadaire.
L’agence de paysage Ladanum a conçu un projet particulièrement harmonieux, rendant hommage à ce pin majestueux qui embaume l’air de son parfum méditerranéen si caractéristique.

© Grégoire Edouard

Le mobilier d’éclairage choisi, des mâts totem M.I.L.E de Technilum, offre une double mise en lumière : l’éclairage fonctionnel du top de mât est complété d’un délicat ajourage rétroéclairé au motif « Aiguille de pin » pour une ponctuation douce et poétique des lieux à la nuit tombée.
L’ensemble des mâts est en aluminium (à 75 % recyclé, et 100 % recyclable) et sa finition « Corten »  rappelle subtilement la couleur du tronc et des aiguilles, pour une belle unité
de l’ensemble.
Mobilier d’éclairage :
– 6 mâts de 6 mètres de haut et 7 mâts de 8 mètres de haut,
– prises illumination et projecteurs Paul (Dali, optique symétrique 14°).

 

•••

Métropole du Grand Nancy, Les bords de Meurthe
par Eclatec

© Eclatec

La métropole du Grand Nancy, c’est d’abord un vaste territoire composé de 20 communes, unies autour d’une gestion mutualisée de nombreux services. Parmi eux, l’éclairage public occupe une place stratégique. Le pôle éclairage a en effet la responsabilité de gérer l’ensemble du patrimoine lumineux, soit entre 40 000 et 45 000 foyers répartis sur tout le territoire. Un maillage dense qui constitue à la fois un défi technique et un levier d’action majeur dans la transition énergétique.
Depuis plusieurs années, la collectivité s’appuie sur une organisation bien rodée. Trois entreprises locales, sélectionnées dans le cadre de marchés publics renouvelés tous les quatre ans, assurent la maintenance et l’installation. Elles disposent d’une connaissance fine des réseaux et des spécificités du territoire. « Côté fabricants, la métropole reste attachée à quelques marques, dont Eclatec pour la fourniture des luminaires, et GHM pour les supports, explique Rémi Bernard, directeur régional Alsace Lorraine Eclatec. Cette stabilité dans les partenariats permet d’aller plus vite dans les projets et de développer une véritable expertise commune. »

lumière
© Eclatec

Mais la stratégie du Grand Nancy va bien au-delà de la simple maintenance. Depuis plusieurs années, la métropole s’est engagée dans un ambitieux plan de sobriété énergétique, avec un objectif clair : convertir l’intégralité de son parc en led d’ici 2027. La crise énergétique récente a même incité les élus à accélérer la rénovation du parc et à investir davantage, afin d’atteindre des gains plus rapides. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :jusqu’à 90 % d’économies d’énergie, avec un retour sur investissement estimé entre trois et cinq ans selon les technologies employées. « C’est exceptionnel, souligne Rémi Bernard, car rares sont les investissements publics qui offrent un tel ratio, si l’on compare par exemple avec des rénovations de bâtiments »

© Eclatec

C’est dans ce cadre que s’est inscrit le projet d’aménagement des bords de Meurthe, traversant notamment les communes de Saint- Max et Tomblaine. « Sollicités il y a deux ans, nous avons travaillé sur une approche globale, conjuguant esthétique et performance de la mise en lumière, poursuit Rémi Bernard. Les études d’éclairement ont permis d’adapter précisément les flux lumineux aux usages du site. Car ces rives ne sont pas de simples axes de passage, elles sont devenues, au fil des ans, de véritables lieux de vie. Joggeurs, cyclistes, promeneurs et familles s’y croisent quotidiennement. L’été, les animations se multiplient : clubs nautiques, espaces de détente aménagés en plages, sans oublier les nouvelles entreprises qui participent à la vitalité du secteur. Tout l’enjeu consistait donc à concilier sécurité, confort d’usage, préservation de la biodiversité et sobriété énergétique. »
Le choix s’est porté sur des luminaires Elipt, installés le long de trois kilomètres de pistes. Ils sont dotés d’un système de détection de présence faisant communiquer les luminaires entre eux, adaptant la lumière en fonction des passages sans jamais plonger le site dans l’obscurité totale. Un niveau de veille permanent est maintenu, garantissant la sécurité tout en réduisant la  consommation. « Conformément à l’arrêté de 2018, la température de couleur est de 2 700 K, ajoute Rémi Bernard, et elle évolue au cours de la soirée, en passant de 2 700 K en début de nuit à 2 200 K dès 20 h, pour limiter l’impact sur la faune et la flore. En mode veille, l’intensité est réduite à 10 %, puis remonte instantanément à 100 % pendant une minute lors d’une détection. »
L’ensemble est piloté grâce à un système de télégestion, véritable atout pour la métropole. Outre la possibilité d’adapter les scénarios selon les saisons et les zones les plus fréquentées, la télégestion fournit en temps réel des informations précieuses : fréquentation, état du matériel, anticipation des pannes. Un outil de maintenance à distance qui optimise les coûts et fiabilise l’ensemble du dispositif.

© Eclatec

Les résultats dépassent les attentes : si les prévisions tablaient sur 80 % d’économies, l’association des leds et de la détection de présence a permis d’atteindre 90 %. Une performance qui illustre parfaitement la dynamique engagée par la métropole du Grand Nancy : faire de la transition énergétique un projet concret, mesurable et visible pour ses habitants, tout en modernisant durablement son cadre de vie.

•••

Parc de La Montade à Plan-de-Cuques
par Bega

lumière
MOA : Ville de Plan-de-Cuques – Paysagiste : Ludovic Baudot Agence Paysage Ingénierie
Conseils – Conception lumière : IDEE+, René Henri – Installateur : entreprise TEM © Bega

Le parc public de La Montade, ouvert au public le 13 juin 2024, est une réalisation majeure de la municipalité, pensée pour offrir aux habitants un espace de détente, de sport et de convivialité. Le parc, d’une superficie de 1,5 hectare, se divise en trois zones distinctes :
– une zone Zen/Nature offrant des aires de lecture, une table de jeu d’échecs, et un verger conservatoire de plus de 30 arbres fruitiers ;
– une zone centrale dotée d’un théâtre de nature, avec une allée bordée de jardins méditerranéens et une fontaine sèche ;
– une zone active/sportive/ludique : un citystade multisport, un terrain de beach-volley, des tables de ping-pong, des aires de jeux…

© Bega

Le parc met l’accent sur la durabilité, avec140 nouveaux arbres, 7 000 m² de prairies et pelouses, et un arrosage raisonné. La conservation des arbres existants et la création de jardins méditerranéens témoignent de l’engagement de la Ville pour un équilibre
entre développement urbain et démarche écologique.
Dans ce contexte, l’éclairage devait s’inscrire dans un projet respectueux de l’environnement. Ainsi, des projecteurs (4815K27 et 99058K27) en 2 700 K posés au sol ont été choisis afin d’éviter toute lumière intrusive dans les espaces végétalisés. L’objectif était
d’obtenir un éclairage sobre dans les allées piétonnes, sans pollution lumineuse tout en préservant au mieux les espaces végétalisés.

lumière
© Bega

•••

Redynamisation de Dunkerque
par Comatelec

lumières
Comatelec © photo Marc Detiffe

À Dunkerque, afin d’améliorer l’accessibilité aux transports en commun, la municipalité a choisi une nouvelle solution d’éclairage qui garantit la sécurité et l’attrait du centre-ville, de jour comme de nuit. Ingerop, le maître d’œuvre, a opté pour le luminaire Yoa, très moderne et élégant, sur une combinaison de consoles Lucea et Lyre. 350 luminaires ont ainsi été installés dans le centre-ville.

lumière
Comatelec © photo Marc Detiffe

En parallèle, les autorités locales ont redynamisé le front de mer, un lieu très prisé par les habitants et les touristes. La promenade a été élargie de trois mètres en vue d’offrir plus d’espace aux piétons, joggeurs et cyclistes. Pour éclairer ce grand espace ouvert, les
autorités locales ont opté pour le projecteur Neos Led en 3 000 K, très robuste, installé sur des mâts ornementaux Sextant. Ces grands mâts de dix mètres de haut incorporent jusqu’à trois projecteurs et assurent une grande uniformité de l’éclairage sur la promenade, tout en proposant une esthétique distinctive. La forme cintrée de la console s’harmonise en effet parfaitement avec cet espace ouvert.
Les mâts ont été équipés de caméras, de points d’accès Wi-Fi, et de consoles permettant de fixer des drapeaux et des bannières lors d’événements et de festivités spécifiques.
Une balise lumineuse intégrant une led bleue a été installée au sommet de chaque poteau pour créer une identité nocturne distinctive. Le bleu a été choisi en clin d’œil aux couleurs du drapeau bleu et blanc de la ville.
Au total, 168 projecteurs Neos Led ont été installés sur la promenade.
L’éclairage écoénergétique renforce l’attractivité du centre-ville et du front de mer, en créant des environnements plus sûrs et plus agréables pour les usagers. Les promeneurs de tous âges peuvent profiter des aménagements urbains et des vues imprenables sur la mer en toutes saisons, des douces soirées d’été aux froides nuits d’hiver.

Comatelec © photo Marc Detiffe

•••

Dune du Pilat
par Aubrilam

Aubrilam © Photo Jean-Michel Gueugnot
Aubrilam © Photo Jean-Michel Gueugnot

L’intention initiale de ce projet était l’usage d’un matériau qui s’intègre dans le cadre végétal et protégé de ce lieu emblématique. Le bois comme support de la lumière a donc été une évidence comme premier fil conducteur.
La mise en lumière devait respecter la réglementation des parcs naturels pour ne pas impacter la faune et la flore. Afin de répondre à ces contraintes, le choix s’est porté sur des projecteurs disposant d’optiques performantes Hybrid Optics, avec une visière permettant d’occulter tout flux émis vers l’hémisphère supérieur et dans une température de couleur de 2 200 K.
L’ensemble s’intègre parfaitement dans ce cadre naturel préservé, et procure une ambiance douce et agréable qui se révèle à la nuit tombée. Les profilés Notche, de 4 à 6 m de hauteur sont équipés de projecteurs Bega de 19 W et 40 W.
Le système de projecteurs orientables permet une grande flexibilité d’usages pour s’adapter à chaque projet. La qualité du système optique garantit un éclairage performant et confortable.
Le corps de ces profilés est en lamellé-collé de pin sylvestre issu de forêts gérées durablement, certifié Acerbois-Glulam et conçu selon le procédé HTE.

Aubrilam © Photo Jean-Michel Gueugnot