Gestion de l’éclairage intérieur connecté : solutions de pilotage pour les logements et petit tertiaire

Le micromodule Nodon s’installe derrière un interrupteur classique pour connecter n’importe quel éclairage. © Nodon

Éclairage connecté dans un logement, gestion d’ambiance dans un commerce, pilotage automatique dans un petit bureau : les usages se multiplient et les attentes des clients aussi.
Entre ampoules connectées, appareillage mural, bus Dali ou KNX et box domotiques, le choix peut vite tourner au casse-tête. Le point sur les solutions disponibles.

L’éclairage est souvent le premier contact du client avec le bâtiment. C’est ce qu’il touche en entrant, ce qu’il voit en ouvrant la porte, ce qui va donner le ton dans un salon, une salle d’attente ou un bureau. Quand la lumière est bien pensée, l’espace paraît plus agréable, plus fonctionnel, plus moderne. Quand elle est mal gérée, on se retrouve avec des pièces trop sombres, trop éblouissantes, ou des luminaires qui restent allumés pour rien.

Avec la généralisation des leds, des capteurs et des réseaux sans fil, le pilotage de l’éclairage a complètement changé de visage. On ne parle plus seulement d’allumer ou d’éteindre, mais de scènes, de température de couleur, de détection de présence, de variation en fonction de la lumière du jour, de programmation horaire. Dans un même bâtiment, un simple couloir peut être géré par un détecteur autonome, alors qu’une salle de réunion bénéficie d’un scénario complet, et qu’une vitrine joue sur le rendu des couleurs pour mettre les produits en valeur.

Les fabricants ont suivi le mouvement, parfois même en l’accélérant. Gammes grand public d’ampoules connectées, appareillage mural radio ou IP, micromodules pour transformer un circuit classique en circuit connecté, bus Dali ou KNX pour le tertiaire, box domotiques, superviseurs et plateformes cloud : l’offre explose. Résultat, le client final arrive souvent avec des idées (et des applications) déjà en tête, pas toujours cohérentes entre elles.

Pour l’installateur, le défi est clair. Il ne suffit plus d’installer des points lumineux et des interrupteurs. Il faut être capable de proposer une architecture de pilotage, de choisir des protocoles, de combiner des produits grand public et des gammes professionnelles, tout en restant lisible et maintenable dans le temps. C’est aussi une vraie opportunité de monter en valeur : concevoir une solution d’éclairage connecté cohérente, c’est vendre du confort, des économies d’énergie et une image moderne du bâtiment, bien au-delà du simple devis luminaires.

Pourquoi connecter l’éclairage des logements et du petit tertiaire

Un logement moderne ou un petit local tertiaire ne se contente plus d’un simple interrupteur près de la porte. Les attentes ont changé. Les occupants veulent du confort, une ambiance lumineuse adaptée à chaque moment, tout en gardant la main sur la facture d’électricité. De l’autre côté, les propriétaires et gestionnaires cherchent des solutions durables, faciles à maintenir, qui ajoutent de la valeur au bâtiment.

L’éclairage pèse encore une part notable de la consommation électrique, surtout dans le petit tertiaire où les luminaires restent souvent allumés plus longtemps que nécessaire. Dès qu’on ajoute détection de présence, variation, gestion horaire ou mesure de luminosité, les économies deviennent très visibles, sans sacrifier le confort.

Pour l’installateur, l’éclairage connecté est un terrain idéal pour proposer plus qu’un simple remplacement de luminaire. C’est l’occasion de vendre un projet global : ambiances, scénarios, économies d’énergie, sécurité, image moderne du lieu. Les clients n’attendent pas forcément une solution ultra technique, mais une installation fiable, simple à utiliser, qui ne deviendra pas obsolète au bout de deux ans. C’est précisément là que le professionnel fait la différence : choisir les bons produits, organiser l’architecture, anticiper maintenance et évolutions.

Entre ampoules connectées grand public et bus d’éclairage pro, le marché peut sembler confus. Un même chantier peut mélanger des spots led dimmables, des bandeaux décoratifs, des appliques connectées, des variateurs radio, des détecteurs de présence et une box domotique.

Philips Hue est une référence depuis de nombreuses années dans le domaine de l’éclairage connecté grand public. © Signify

Panorama des architectures de pilotage

Le premier niveau reste le pilotage local simple. Interrupteurs, boutons-poussoirs, variateurs muraux, détecteurs autonomes : tout cela continue de très bien fonctionner et ne disparaît pas avec le connecté. Un détecteur de présence avec cellule de luminosité dans un couloir de bureaux, par exemple, reste une solution rentable et robuste, même sans réseau radio ou box.

Viennent ensuite les luminaires ou sources directement connectés. On remplace la lampe par une version connectée, ou on pose un plafonnier pilotable. Chaque point lumineux devient adressable, sans modifier le câblage. C’est la logique des ampoules type Philips Hue, Ikea Tradfri, Lidl Home ou Nanoleaf, qui sont des produits grand public par excellence, mais aussi des panneaux led et plafonniers connectés proposés par de plus en plus de fabricants.

Autre approche : les actionneurs déportés. Les micromodules, variateurs ou contacteurs se placent derrière l’interrupteur, dans une boîte de dérivation ou au tableau électrique. Le circuit reste classique, mais chaque groupe d’éclairage est piloté par un module relié à un réseau radio ou bus. Des marques comme Legrand with Netatmo, Schneider Electric Wiser, Yokis, Nodon ou Delta Dore proposent ce type de solution.

Enfin, le niveau supérieur consiste à centraliser le pilotage via une passerelle ou une box domotique. Les points lumineux sont commandés par différents modules ou luminaires connectés, mais l’ensemble est orchestré par un cœur de système : box domotique résidentielle, superviseur tertiaire, contrôleur KNX ou Dali. C’est ce qui permet de créer des scénarios globaux, des tableaux de bord, des historiques et une maintenance à distance.

La gamme Céliane With Netatmo permet de rendre un éclairage connecté tout en conservant l’esthétique des célèbres interrupteurs Céliane. © Legrand

Protocoles et écosystèmes : du grand public au professionnel

Les solutions grand public reposent souvent sur le Wi-Fi ou le Zigbee. Les lampes connectées type Philips Hue ou Ikea Tradfri utilisent une passerelle Zigbee vers le réseau IP. D’autres produits, notamment d’entrée de gamme, se connectent directement en Wi-Fi à la box internet et sont pilotés via le cloud. On trouve aussi des solutions en Bluetooth mesh, très intéressantes pour de petites surfaces, grâce à un maillage simple entre luminaires et commandes.

Les gammes d’appareillages connectés comme Legrand with Netatmo, Schneider Electric Wiser, Delta Dore ou Somfy TaHoma utilisent leurs propres protocoles radio, parfois basés sur Zigbee, parfois propriétaires. L’avantage est une intégration soignée dans l’appareillage mural, une application cohérente, un support et une documentation destinés aux professionnels.

Dans le petit tertiaire, les choses se structurent autour de bus dédiés. Le bus Dali reste la référence pour la variation et l’adressage d’éclairage, notamment dans les bureaux, magasins et circulations. Le bus KNX permet d’aller plus loin en intégrant chauffage, stores, comptage et scénarios avancés. Des fabricants comme Hager, Siemens, Theben ou Trilux proposent détecteurs, alimentations, passerelles et luminaires compatibles.

L’interopérabilité progresse. Le standard Matter veut rapprocher les univers résidentiels autour d’un langage commun. Dans la pratique, le professionnel reste souvent face à un mélange de mondes : produits grand public demandés par le client, solutions radio propriétaires, bus Dali ou KNX pour les zones les plus structurées. Les passerelles deviennent alors essentielles pour que tout cela communique, qu’il s’agisse d’une box domotique résidentielle ou d’un contrôleur tertiaire.

Aqara fait cohabiter de nombreux protocoles professionnels, tels que KNX, Dali, BACnet, etc. © Cédric Locqueneux

 

Comprendre les principaux protocoles radio

Wi-Fi, Zigbee, Bluetooth mesh, EnOcean : difficile d’y voir clair pour un client, parfois même pour un jeune installateur. Le Wi-Fi apporte un débit élevé et une compatibilité native avec la box internet, mais chaque équipement pèse sur le réseau et la qualité de couverture. Le Zigbee et le Bluetooth mesh misent sur un réseau maillé, dans lequel chaque module secteur relaie les messages ; cela améliore la portée et la robustesse, à condition d’avoir suffisamment de nœuds. L’EnOcean, lui, joue la carte des modules sans pile, très appréciés en rénovation tertiaire.

Pour un studio ou un petit logement, des ampoules Zigbee ou Bluetooth, mesh complétées par une petite passerelle suffisent souvent. Dans une maison ou un petit commerce, on privilégie un écosystème structuré, avec modules encastrés ou au tableau, qui assurent une bonne couverture radio. Pour des bureaux, l’EnOcean ou des systèmes hybrides radio + bus filaire s’intègrent bien, surtout lorsque les cloisons sont légères et amenées à bouger.

Solutions « luminaires connectés » : quand tout est dans la source

Les lampes connectées restent un outil précieux pour la rénovation légère ou les chantiers où aucun câblage ne doit être modifié. On remplace simplement les anciennes ampoules par des modèles connectés et, en quelques minutes, on obtient variation, changement de température de couleur, scénarios et contrôle vocal. Philips Hue, Innr, Aqara, Nanoleaf, Xiaomi et bien d’autres occupent ce segment.

Pour un installateur, ce type de produit est intéressant dans un logement locatif ou un studio étudiant : peu de travaux, effet « wahou » immédiat, possibilité de proposer un pack ambiance salon ou chambre. Dans le petit tertiaire, on peut envisager des plafonniers connectés pour des bureaux de petite surface, ou des bandeaux led connectés pour une vitrine.

Ces luminaires permettent de jouer sur la température de couleur : plus chaud le soir dans un séjour, plus neutre dans un bureau, plus dynamique dans une cuisine. Certains systèmes proposent même des « routines circadiennes » qui ajustent la lumière au fil de la journée (cf. notre dossier à ce sujet dans Électricien+ n° 99 de juin 2025).

La limite principale tient à la pérennité et à la maintenance. Lorsqu’un client mélange plusieurs marques d’ampoules, l’expérience devient vite confuse. Les interrupteurs muraux classiques peuvent également poser problème : si on coupe le courant, la lampe n’est plus atteignable via l’application. Enfin, dans un petit commerce ou un cabinet, une installation basée uniquement sur des ampoules Wi-Fi d’entrée de gamme risque d’être fragile à long terme. L’électricien a donc intérêt à proposer des solutions plus structurées, quitte à conserver quelques ampoules connectées pour les effets décoratifs.

Govee propose également des luminaires connectés tout intégrés. © Govee

Solutions par appareillage mural et micromodules

L’appareillage connecté apporte une vraie valeur pour l’installateur. On remplace un interrupteur ou une prise par un modèle connecté, compatible avec une gamme connue du client. Legrand with Netatmo, Schneider Electric Wiser, Delta Dore, Somfy, Yokis, Nodon : les catalogues proposent interrupteurs, variateurs, modules pour volets, prises, commandes de scène.

L’intérêt est double. D’une part, le chantier reste très proche d’un câblage classique, avec des schémas connus et des produits prévus pour le résidentiel ou le petit tertiaire. D’autre part, le client conserve des commandes physiques agréables, loin du simple boîtier en plastique bon marché.

Les micromodules encastrés derrière les interrupteurs ou dans les boîtes de dérivation offrent une grande souplesse. On garde les interrupteurs existants, par exemple dans un logement que le client veut moderniser sans changer l’esthétique. Certains modules gèrent les va-et-vient, les télérupteurs, la variation à coupure de phase, les charges led difficiles. La plupart remontent un retour d’état fiable à la box ou à l’application.

Pour la rénovation d’un logement occupé ou de petits bureaux, cette approche est très efficace. Une pièce après l’autre, l’électricien peut transformer des circuits classiques en circuits connectés, sans intervention lourde sur les plafonds ou les gaines.

Où placer l’intelligence: luminaire, appareillage ou tableau?

Mettre l’intelligence dans la lampe donne une grande finesse sur chaque point lumineux, mais dépend fortement de la marque et de la passerelle. Placer l’intelligence dans l’interrupteur ou le micromodule assure un bon compromis : le circuit reste gérable même si la box tombe en panne, et le client garde la main avec ses commandes murales. Déporter l’intelligence vers le tableau, via modules sur rail, simplifie la maintenance et permet de centraliser protections et actions.

Sur un petit logement, un mix lampes connectées pour quelques ambiances et micromodules sur les circuits principaux fonctionne très bien. Pour une maison ou un commerce, une base d’actionneurs au tableau combinée à quelques commandes radio murales donne une installation évolutive et facile à dépanner. En rendez-vous client, présenter ces trois niveaux aide beaucoup à expliquer les choix et justifier le devis.

Pilotage centralisé et domotique : box, superviseurs et assistants vocaux

Dès que l’installation comporte plusieurs pièces et plusieurs types d’équipements, un pilotage centralisé devient très intéressant. Dans le résidentiel, des solutions comme Jeedom, Aqara, Homey, Home Assistant (souvent via un intégrateur), Delta Dore Tydom ou les box des fabricants d’appareillages permettent de rassembler éclairage, chauffage, volets et sécurité sous un même toit numérique.

L’éclairage profite alors de scénarios riches. Une scène « départ maison » éteint toutes les lumières, baisse le chauffage et ferme les volets. Une scène « soirée TV » tamise le salon, allume un bandeau led derrière l’écran et coupe les plafonniers de la salle à manger. Tout cela se pilote depuis une télécommande, un smartphone, un bouton mural ou un assistant vocal.

Les assistants vocaux comme Google Home, Amazon Alexa ou Apple Home apportent un plus en termes de confort, à condition de rester un complément des commandes physiques, pas un remplacement total. À l’installateur de guider le client : commandes vocales pour l’usage occasionnel, boutons clairement identifiés pour le quotidien.

Dans le petit tertiaire, le pilotage centralisé prend une dimension plus « pro ». On parle de superviseurs, d’écrans tactiles au mur, d’accès multi-utilisateurs. L’objectif est de donner à un responsable de site une vue d’ensemble de l’éclairage, avec la possibilité de déclencher des modes « ouverture », « heures de bureau », « fermeture », effectuer quelques réglages horaires, et recevoir des alertes en cas de défaut. Des passerelles KNX, Dali ou Modbus peuvent remonter les informations vers ce superviseur, voire vers une plateforme cloud.

Chez Trilux, le contrôle de l’éclairage peut se faire très facilement depuis une application mobile. © Trilux

Petit tertiaire : passer du simple allumage à une vraie gestion d’éclairage

Un petit plateau de bureaux, une agence bancaire, un cabinet médical ou une boutique de centre-ville ont des contraintes différentes du logement, mais ne justifient pas toujours une infrastructure lourde de type grand tertiaire. L’enjeu est de combiner efficacité énergétique, confort des occupants et simplicité pour le personnel.

La combinaison basique reste un détecteur de présence avec cellule de luminosité dans les circulations, plus une commande locale en salles de réunion ou bureaux. Avec l’arrivée des détecteurs bus Dali ou KNX, on peut aller plus loin : gradation en fonction de la lumière du jour, régulation par zone, scénarios de réunion, extinction automatique en fin de journée. Theben, Hager, Siemens, Trilux et d’autres proposent des détecteurs et contrôleurs pensés pour ces surfaces.

En rénovation, les systèmes radio hybrides prennent tout leur sens. Des détecteurs radio alimentés sur secteur, associés à des micromodules ou à des luminaires radio, évitent de casser les plafonds techniques. Il est possible de mettre en place une gestion automatique pièce par pièce, puis raccorder l’ensemble à une passerelle pour une supervision légère.

Les interfaces utilisateur jouent ici un rôle important. Des boutons scénarios clairement étiquetés près de l’entrée des salles, une télécommande pour modifier une ambiance ponctuellement, un petit écran mural à l’accueil : ces détails font la différence entre une installation que le personnel adore et une installation qu’il contourne en laissant tout allumé.

Capteurs, scénarios et cas d’usage concrets

L’éclairage connecté prend tout son sens lorsqu’il s’appuie sur des capteurs. Présence, luminosité, ouverture, mais aussi qualité de l’air ou température peuvent participer à la logique globale. Un détecteur Theben ou Schneider Electric dans un couloir de bureaux peut, par exemple, piloter le niveau d’éclairement en fonction de la lumière naturelle et de la fréquentation.

Dans un logement, les scénarios typiques reviennent souvent. Un réveil progressif dans la chambre, avec montée douce des spots ou du plafonnier. Une ambiance « soirée TV » dans le salon, avec une seule applique et un bandeau led. Un scénario « départ » sur un bouton près de la porte ou sur l’application, qui coupe toutes les lumières et active la simulation de présence via quelques lampes connectées dans les pièces principales. Un mode « nuit sécurisée » qui laisse une veilleuse dans le couloir et l’entrée.

Un interrupteur avec commandes « départ » et « arrivée » permet de changer l’état du logement d’un clic. © Legrand

Dans le petit tertiaire, les cas d’usage tournent autour des horaires et des ambiances de travail. Une salle de réunion peut proposer trois scènes : présentation (écran principal mis en valeur, lumière réduite sur le public), réunion classique, nettoyage. Une vitrine de magasin peut changer d’ambiance selon l’heure : très lumineuse en journée, plus chaude et chic en soirée. Une salle d’attente médicale peut ajuster sa luminosité en fonction de la lumière extérieure et de l’heure de fermeture.

Les rubans led pilotés via modules KNX ou Zigbee permettent d’ajouter une touche décorative sans perdre la main sur l’installation. Un bandeau dans un faux plafond ou une gorge lumineuse peut changer de teinte lors d’un événement particulier, tout en restant calibré en consommation grâce à la variation.

Points clés de mise en œuvre pour l’installateur

Sur un chantier neuf, le choix du schéma de câblage conditionne fortement la marge de manœuvre future. Amener le neutre aux interrupteurs facilite la pose de micromodules plus tard. Prévoir des circuits d’éclairage bien séparés, avec des réservations au tableau pour des modules rail, ouvre la porte à une montée en gamme progressive.

Les mélanges de technologies sont fréquents. Une même maison peut combiner interrupteurs connectés, ampoules Zigbee, bandeaux pilotés par une box domotique et détecteurs classiques. L’enjeu est de garder une cohérence : éviter les doublons de fonctions, limiter le nombre d’applications différentes, réfléchir aux scénarios dès la conception.

La qualité du réseau radio ne doit pas être sous-estimée. Une box internet dans un coin du salon ne suffit pas toujours. Il faut parfois ajouter un routeur Wi-Fi, des répéteurs Zigbee ou des modules alimentés stratégiquement pour densifier le maillage.

L’installation d’un réseau Zigbee nécessite de bien maîtriser les éléments routeurs et non routeurs afin d’étendre le réseau sur toute la surface du bâtiment.

Dans le tertiaire, la coordination avec l’installateur informatique devient vite indispensable.

La sécurité numérique passe par des mises à jour régulières des firmwares, une gestion correcte des comptes utilisateurs et une segmentation minimale du réseau. Sur ce point, l’installateur a intérêt à définir une procédure simple : notes de versions, sauvegardes de configuration, identification des mots de passe à remettre au client en fin de chantier.

Enfin, la maintenance et l’évolutivité doivent être anticipées. Documenter les circuits, les adresses des modules, les liens entre scénarios et commandes évite les mauvaises surprises quelques années plus tard. L’éclairage connecté doit rester modifiable : ajout d’un luminaire, déplacement d’un bureau, changement de décor. Une architecture bien pensée accepte ces changements sans tout casser.

Deux exemples de chantiers détaillés

Premier cas : rénovation d’un T3 habité. Le client veut plus de confort sans gros travaux. L’électricien propose de conserver la plupart des luminaires existants, mais d’ajouter des micromodules derrière les interrupteurs principaux du séjour, de la cuisine et du couloir. Dans les chambres, quelques ampoules connectées complètent le dispositif. Une petite box domotique, par exemple Jeedom ou Delta Dore, centralise l’ensemble.

Les scènes « départ », « soirée » et « nuit » sont configurées avec le client. Le chantier se fait en deux jours, sans reprise de peinture. Le budget matériel reste contenu, mais l’effet perçu est important : commande depuis le canapé, depuis le smartphone, simulation de présence en vacances. L’installateur conserve une relation privilégiée avec le client, qui le rappelle quelques mois plus tard pour intégrer les volets roulants.

Deuxième cas : cabinet médical dans un local de 120 m². Les contraintes sont claires : confort pour le personnel, ambiance rassurante pour les patients, économies sur les périodes creuses. L’éclairage des circulations est géré par des détecteurs de présence avec mesure de luminosité. Les salles de consultation reçoivent des luminaires dimmables pilotés en Dali, avec un petit clavier scénario près de la porte. L’accueil dispose de deux ambiances, plus une scène spécifique pour le nettoyage.

Une passerelle Dali vers un superviseur simple permet au gestionnaire de régler les horaires d’extinction et de modifier quelques niveaux de lumière sans reprogrammer tout le système. L’investissement est supérieur à une installation classique, mais la réduction des heures d’éclairage inutiles et le confort d’usage compensent rapidement.

L’avis d’Électricien +

Entre les ampoules connectées à 10 euros et les bus tertiaires, le terrain de jeu de l’installateur n’a jamais été aussi vaste. L’enjeu n’est pas de tout maîtriser dans le détail, mais de connaître quelques architectures types et quelques écosystèmes solides.

Pour un petit logement ou un studio, un pack simple combinant quelques lampes connectées, un ou deux micromodules et une petite passerelle suffit souvent. Dans une maison, l’appareillage connecté et les modules rail au tableau offrent un socle robuste, sur lequel on peut greffer des ambiances décoratives ou une box domotique plus avancée.

Dans le petit tertiaire, la marche suivante consiste à structurer l’éclairage autour de détecteurs, de variation et, dès que c’est pertinent, d’un bus tel que Dali ou KNX, éventuellement complété par du radio pour la rénovation. Le professionnel qui sait raconter ce scénario au client, chiffres à l’appui, prend une longueur d’avance sur le simple devis « luminaires + interrupteurs ».

La bonne pratique consiste à partir des usages : comment les occupants vivent-ils le logement ou le local, quelles sont leurs contraintes, leurs envies, leurs horaires. Une fois le quotidien compris, la technologie devient un outil au service de ce récit. Les marques et protocoles viennent après, pour concrétiser cette vision.

L’éclairage connecté reste l’une des portes d’entrée les plus efficaces pour amener progressivement domotique et gestion technique dans les bâtiments. Bien maîtrisé, il permet à l’installateur de se positionner comme partenaire de confiance, capable de concevoir, expliquer, installer et faire évoluer des solutions qui rendent les lieux plus agréables à vivre et moins gourmands en énergie. C’est une belle opportunité de métier, du logement le plus simple au petit tertiaire le plus exigeant.

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