5 propositions pour atteindre l’« objectif 500 000 »

La ministre du Logement, Cécile Duflot, entend accélérer la construction et la rénovation de logements pour atteindre, d’ici à 2017, l’objectif de 500 000 logements construits ou rénovés par an. La fédération Cinov, qui regroupe 14 syndicats de l’ingénierie, du conseil et du numérique et 17 chambres régionales, vient de lui adresser 5 propositions.

Tout d’abord, rappelons que la construction de logements exige d’intégrer non seulement la question des coûts, mais aussi celle des délais et de la qualité du service, qui sera proposée aux usagers finaux.

1. Créer un référentiel favorisant une approche en coût global centrée sur l’usage
Notre première proposition se fonde sur un constat partagé : en neuf comme en rénovation, réduire le coût d’un logement à son évaluation au moment de la livraison conduit dans le mur. La seule issue pour que « se loger » coûte moins cher est l’approche globale. Il est illusoire d’abaisser le coût de l’ouvrage lors de sa livraison si tous les coûts d’exploitation et de vie du bâtiment ne sont pas anticipés. Les études amont représentent 10 % du coût immédiat en moyenne et à peine 2 % ramenées au coût global ; les choix opérés alors engagent 90 % du coût global des opérations. Il est essentiel d’accorder à la conception l’attention qu’elle mérite. Nous proposons de réaliser un référentiel qui serait un guide pour mieux évaluer et comparer les coûts globaux des projets. Il devrait intégrer des éléments centrés sur l’usage, pour qu’il puisse être utilisé par le plus grand nombre de professionnels. Il servirait de guide de bonnes pratiques, de diagnostic d’évaluation lors de la prescription de travaux et d’outil pour l’accompagnement dans la rédaction du cahier des charges. Il servirait également de base à un diagnostic d’adaptabilité et aurait un objectif d’information de l’usager, l’adaptabilité pouvant être un critère d’achat.

2. Concevoir des constructions évolutives en termes de bâti et d’usage
Nous préconisons d’optimiser le foncier et les logements par le développement de programmes de logements prenant mieux en compte la mixité et la convertibilité des fonctions. Figer la fonction d’un bâtiment expose à des risques financiers : aux premiers besoins d’adaptation, les travaux de réaménagement peuvent être conséquents.

3. Améliorer la coopération des acteurs professionnels

L’utilisation plus fréquente de la « maquette numérique » démontre la nécessité de faire évoluer nos méthodes et outils de travail. Cinov propose d’accroître et d’améliorer les collaborations entre les professionnels de la chaîne de la construction, en redonnant à l’ingénierie son rôle d’acteur de l’innovation.

4. Mettre en place un pacte avec les assureurs en faveur de l’innovation

Les changements de pratiques et de cultures professionnelles deviennent les fondamentaux de l’univers de la construction. Dès lors, les assureurs doivent aussi contribuer à faire bouger les lignes, et nous souhaitons négocier avec eux une gestion plus appropriée des risques inhérents aux innovations.

5. Limiter le périmètre de l’ingénierie publique et préciser les complémentarités entre ingénierie publique et privée
Face au retrait des services d’ingénierie déconcentrés de l’État, de nombreuses collectivités créent des agences techniques, des sociétés publiques locales… pour recréer des services techniques de proximité. On assiste à cette situation paradoxale où l’on crée plus de structures publiques, génératrices de plus de dépenses publiques, pour s’affranchir des règles de l’achat public… ce qui conduit à faire concurrence à des ingénieries privées installées et performantes qui, elles, respectent les règles d’achats publics. Pour autant, cette ingénierie publique de proximité peut remplir une fonction essentielle de capitalisation et de conseil dans les phases amont d’un projet. Nous proposons de délimiter clairement le périmètre d’intervention de l’ingénierie publique et de réunir rapidement les acteurs concernés pour définir les conditions d’une complémentarité entre ingénierie publique et privée. Cela afin de mettre en place une ingénierie accessible par l’ensemble des maîtres d’ouvrage leur permettant d’être conseillés pour produire mieux et moins cher.

Par Dominique Sutra Del Galy, président de la fédération Cinov

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