Transition énergétique : une combinaison énergie nucléaire/ énergies renouvelables ?

Dans un avis rendu en janvier dernier sur le projet de loi de transition énergétique mais très peu relayé jusqu’à présent, l’Académie des sciences rappelle au gouvernement que malgré des progrès techniques certains en matières d’énergies renouvelables, la question du stockage à grande échelle de l’énergie électrique n’est pas résolue. Une difficulté qui fait craindre l’augmentation du recours aux énergies fossiles pour compenser les sources éolienne et photovoltaïque en l’absence de vent ou de soleil, et qui impose de prévoir des moyens de production de substitution à la fois décarbonés et rapidement mobilisables.

L’énergie nucléaire, première énergie décarbonée de France aura un rôle à jouer aux côtés des énergies renouvelables dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est en résumé le message de l’Académie des sciences qui interpelle ici le gouvernement sur la nécessité de maintenir une production nucléaire suffisante pour accompagner le développement des renouvelables vers une production stable et permanente. Un stade qui pourrait encore prendre plusieurs années voire plusieurs décennies au regard de la technologie actuelle.
L’Académie explique en effet qu’une réduction accélérée du nucléaire comme le prévoit le projet de loi porté par Ségolène Royal, pourrait conduire à une augmentation paradoxale des émissions de gaz à effet de serre, dégradant ainsi la position favorable de la France en matière d’émission de CO2, de coût pour l’usager et de compétitivité industrielle. L’indice d’émission de la France est aujourd’hui assez favorable avec seulement 5 tonnes de CO2 par an, contre 9 pour l’Allemagne et plus de 16 pour les États-Unis.
En termes d’énergie primaire, la part des énergies fossiles est de 53 % en France alors qu’elle est de plus de 80 % en Allemagne qui a vu sa consommation de charbon exploser suite au retrait du nucléaire engagé après la catastrophe de Fukushima en 2011. Une situation similaire à celle vécue par nos voisins d’outre-Rhin serait donc à envisager en France si le gouvernement s’engageait dans un retrait trop rapide de l’énergie nucléaire, prévient l’Académie.
Invité à s’exprimer le 19 mars dernier lors d’une conférence sur la décarbonisation de l’économie européenne organisée en marge du Conseil européen, Jean-Bernard Lévy, président du groupe EDF, a plaidé lui aussi pour la construction d’un « mix électrique équilibré et décarboné à coût raisonnable en s’appuyant sur des technologies complémentaires » et qui comprendrait une combinaison optimale du nucléaire et des énergies renouvelables en voie de développement.
L’Académie émet enfin de réelles inquiétudes relatives au coût actuel des énergies renouvelables et ses répercussions sur le tarif de l’électricité payé par les consommateurs finaux. Elle estime à cet égard que les énergies photovoltaïque et éolienne coûtent encore chères aux Français et qu’il paraît donc nécessaire de maintenir en parallèle une énergie meilleure marché afin d’assurer l’équilibre sur un prix moyen acceptable. Comme l’explique Michel Simon, vice-président de la SFEN (Société française d’énergie nucléaire), « les panneaux solaires produisent une électricité cinq à huit fois plus onéreuse que le nucléaire. Ce rapport est de un et demi plus cher pour l’éolien terrestre […] et obtenir une électricité plus chère serait néfaste pour l’économie du pays, pour l’emploi et le pouvoir d’achat des Français. »

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