COP21 : 10 questions pour tout comprendre

L'entrée du Bourget, le 30 novembre 2015, jour d'ouverture de la COP21. (c) FRANCOIS MORI / AP / SIPA

Depuis une semaine, la COP21 a investit le Bourget, et avec elle les chefs d’états, élus et acteurs environnementaux engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique. Si son arrivée était attendue dans la capital, le terme de «COP21» et ce qu’il représente reste flou pour beaucoup de citoyens français. Enjeux, participation, financement … En quelques mots, j3e tente de répondre aux questions les plus courantes sur une conférence qualifiée d’historique, et dans laquelle «c’est le sort de l’humanité qui est à l’ordre du jour » (Le président de la République François Hollande au quotidien gratuit 20 minutes, le 30 novembre 2015).

La COP21, qu’est ce que c’est ?
La COP21, en français la 21ème Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) est aussi la 11ème conférence des parties siégeant en tant que réunion des parties au protocole de Kyoto. Cette réunion admet l’existence d’un changement climatique lié à l’activité humaine, et les participants se réunissent chaque année pour discuter des mesures à mettre en œuvre afin de préserver l’environnement et limiter le réchauffement climatique en dessous de la barre des 2°C d’ici 2100.
Dans la continuité de la COP20 de Lima en 2014, la COP21 sera axée sur les questions de développement durable, et abordera le mise en place de la transition énergétique mondiale pour une croissance verte qui permettra la réduction d’émissions de gaz à effet de serre. En ce sens, la Chine et les États-Unis, respectivement en première et deuxième position des pays les plus producteur de GES seront attendus au tournant lors des négociations: sans un engagement solide de leur part, les objectifs mondiaux ne pourront pas être atteints.

Ou se déroule-t-elle ?
En 2012, François Hollande avait rendu public son intention d’accueillir la COP21 pour l’année 2015. C’est lors de la COP19 de Varsovie que la candidature française avait été retenue. Ainsi, la zone aéroport Paris-le Bourget a été choisie pour accueillir l’événement aux vues de sa capacité d’accueil et de son accessibilité. Pour toute la durée de l’événement, ce qu’on appelle la «zone bleu» (c’est à dire la zone des négociations, où seuls les membres accrédités par la CCNUCC sont autorisés à entrer) sera régie par les règles d’accès et de sécurité propres aux Nations Unis.

Quels sont les participants ?
Le site Paris-le Bourget à été choisi pour sa forte capacité d’accueil. A la conférence même, c’est entre 20 000 à 25 000 personnes qui sont attendues, et cette estimation monte à 40 000 personnes en comptant les visiteurs qui ne participeront pas directement aux négociations.
Parmi ces 20 à 25 000 personnes, on compte 150 chefs d’états venant de tous les continents, mais aussi des représentants d’institutions internationales, des élus gouvernementaux, des représentants politiques et d’autres acteurs environnementaux comme des représentants d’ONG et de la société civile.

Quelle est la durée de l’événement ?
La COP21 s’étalera sur une durée de quelques jours, du 30 Novembre au 11 Décembre 2015.

Combien coûte la COP21 ?
En tout, l’organisation de l’événement coûtera 170 millions d’euros : une partie de cette somme sera accordée par l’Etat français, l’autre par des sponsors de l’événement.

Quels sont les enjeux ?
L’année dernière, le 5ème rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernementales sur le climat) prévoyait une hausse des température de 1,5 à 4,5°C d’ici 2100. Un réchauffement qui aurait des conséquences graves sur notre écosystème, et donc sur nos modes de vie.
L’objectif principal cette année sera ainsi d’aboutir à un accord qualifié d’«universel et contraignant» pour limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C d’ici 2100. Pour l’atteindre, les experts du GIEC estiment que les émissions mondiales de GES doivent être réduite de 40% à 70% d’ici 2050, et que l’objectif « zéro émission carbone » doit être atteint au plus tard à la fin du siècle. Dans cette ligne directive, chaque pays participant a naturellement rédigé en amont de la conférence un plan d’action pour le climat à la hauteur de ses ressources et de ses capacités pour apporter sa contribution à l’effort international.


Pour remplir les ambitions mondiales en matière de climat, et pour que les mesures négociées soient opérationnelles d’ici 2020, il sera primordial de trouver le juste équilibre pour les pays émergents entre le contrôle de leurs émissions de GES et l’adaptation progressive de leurs systèmes économiques vers un modèle plus écoresponsables. Pour que les pays en voie de développement puissent agir au même titre que les autres comme acteur contre le réchauffement climatique, il auront à leur disposition la somme de 100 milliards de dollars par an, provenant de fonds publics et privés, pour faire face au dérèglement climatique et financer leur transition énergétique.

Un accord est-il possible ?
Une question qui revient fréquemment, mais à laquelle il est difficile de répondre. C’est moins l’idée que l’accord soit possible ou non, mais plutôt la nécessité qu’il se concrétise pour le bien de notre planète qui est important. Les conférences de Copenhague en 2009 et de Durban en 2011n’avaient pas été des plus efficaces pour négocier un accord, et n’avaient servi au final qu’à préparer le pacte d’actions internationales qui se négocie à cette COP21. L’aboutissement de la COP21 doit donner lieu à un accord juridiquement contraignant pour avancer dans la transition énergétique, dans le cas contraire, ce ne sera que l’histoire qui se répétera, à savoir une succession de conférences climatiques ou l’accord juridique international tant attendu reste au stade préparatoire.
Il y a tout de même de bonnes chances que les négociations aboutissent à des solutions concrètes : d’abord, parce que la prise de conscience écologique européenne à fait son chemin depuis 2014, le réchauffement climatique étant devenu une problématique de premier rang, que ce soit au niveau national ou au sein des collectivités locales. Mais aussi, parce que l’urgence de la situation climatique fait que les pays participants n’ont plus le choix, et doivent urgemment s’accorder sur des mesures.

Les citoyens auront-ils l’opportunité de s’exprimer?
Oui, grâce à toutes les manifestations prévues en amont et en marge de la COP21. Selon en sondage de l’IFOP datant de septembre 2015, plus de 80% des français ont conscience que le changement climatique est dangereux et qu’il faut modifier nos modes de vie. Ils sont aussi 83% à penser que la question du changement climatique doit être une priorité. La forte mobilisation des citoyens et des acteurs non-étatiques dans la transition énergétique constitue un enjeu reconnu par les ONG comme par les négociateurs, et si les événement du 13 Novembre dernier ont eu comme conséquence de limiter les moyens d’expression citoyenne (annulation des marches pour le climat par exemple) d’autres manifestations en amont, et d’autres moyens d’expression ont été utilisés. Les populations attendent au tournant les résultats des discussions, une réalité dont les participants à la COP21 ont bien conscience, et qu’ils ne négligeront pas, faisant des citoyens un acteur indirect mais bien actif de la COP21.

Qu’en est-il après une semaine de négociation ?
Après cette semaine bien chargée pour les négociateurs, les sujets « épineux » commencent à être abordés: l’enjeu du 100% renouvelable suscite d’ores et déjà quelques protestations de la part de l’Arabie Saoudite : si de vive voix, sa position était favorable à une progression en douceur vers les énergies propres, le mettre sur papier reste délicat. Comme d’autres pays émergents, où l’économie et la production prennent petit à petit leur envol, l’Arabie Saoudite craint que le processus de transition énergétique ne freine son passage d’un statut de pays en développement à un statut de pays développé.
D’un point de vue plus globale, la question de savoir où obtenir le financement pour aider les pays en voie de développement dans leur transition énergétique fait aussi débat : d’une part, les pays émergents affirment que ce financement est du ressort des pays du Nord, puisqu’ils sont développés et qu’ils doivent de ce fait aider les pays du Sud, d’autres pensent que les pays du Sud doivent aussi participer à leur propre transition énergétique, dans la mesure où ils font la démarche de s’engager à transiter vers un mode de vie plus écoresponsable. Ce débat, s’il n’est pas récent, prendra tout de même fin à l’issu de la COP21, dans l’hypothèse où les différents parties arrivent à un accord.

Et l’après COP21 ?
Encore une fois, l’issue des négociations sera décisive pour l’ensemble des pays participants: s’ils arrivent à trouver un accord « universel et juridiquement contraignant », alors il s’agira par la suite d’assurer la bonne mise en œuvre et le respect du traité qui sera signé par chacun des participants. En revanche, si les différents participants ne trouvent pas de terrain d’entente, il faudra attendre la prochaine conférence des parties pour avancer un peu plus dans la transition énergétique mondiale. Entre temps, c’est l’atteinte des objectifs du développement durable qui sera compromise. Si nous ne sommes qu’à la moitié de la COP21, les négociations auront bien montré l’urgence de la situation et la nécessité d’agir au plus vite dans notre propre intérêt : il en va de la conservation de notre habitat mais aussi de la santé des générations futures.

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