Partex, «Marque» son territoire

Le repérage, un terme qui ne dit rien aux non-initiés, mais désigne des barrettes ou plaques de métal ou de plastique, fixées le long de réseaux de câbles, tuyaux destinés à véhiculer informations, énergie, fluides. Ces petits supports, parfois maltraités ! enterrés, immergés ou soumis à des températures aux amplitudes extrêmes, sont porteurs d’informations essentielles qui permettent la maintenance optimale des conduits qu’ils balisent et garantissent à la fois leur bon usage et leur pérennité. Partex Marking Systems, la PME venue du froid qui en a fait sa raison d’être, n’a eu de cesse de se renouveler depuis sa création. Elle poursuit sa lancée et insuffle une nouvelle dynamique à son marché avec des propositions techniques et commerciales innovantes.

« Identifier, sécuriser, marquer » pourrait être la devise de Partex France, installée tout au sud de Paris. Côté face, le siège, simple d’allure, semble indiquer a priori que l’entreprise mise sur la sobriété ! Le côté pile confirme l’impression, pas de hall d’accueil marmoréen garni de plantes vertes. Sitôt le seuil franchi, c’est directement par le stock que nous pénétrons dans l’entreprise, les ateliers sont dans le prolongement. Tout est dit, le produit est au cœur du dispositif et cela depuis 1948, lorsque Torbjorn Lööf, installateur électricien suédois, a mis au point un système de balisage qui permet le repérage rapide des dysfonctionnements du réseau. Depuis ce jour, Partex «reste l’unique société au monde à s’être spécialisée dans ce domaine», rappelle Fabrice Valot, le patron de la filiale française. Depuis 70 ans, l’entreprise nordique s’est forgé une solide réputation de qualité de service. Son credo : « Concentrez-vous sur l’installation, nous réalisons vos repères en usine et vous livrons en flux tendu ». La petite usine un brin austère est en fait une ruche innovante qui fabrique des produits personnalisés en mode ultra-tendu et répondant aux normes en vigueur, «toute commande pour des quantités allant jusqu’à 8 000 pièces, passée avant 10 heures, est livrée le lendemain avant midi, quel que soit le type de produits, les dimensions, les couleurs, les matériaux, la méthode de tri ou d’emballage».

Partex France est une filiale récente. En 1999, la société JLP, qui distribuait la gamme Partex sur le marché national, passe sous la bannière suédoise et devient un maillon supplémentaire d’un groupe de 200 salariés, qui réalise un chiffre d’affaires de 27 millions d’euros (exercice 2013). Un réseau spécialisé, le Royaume Uni fabrique les outils de pose et systèmes de fixation, la Pologne conçoit et fabrique les imprimantes. La France se charge des systèmes de repérage plastique et Inox, des matériaux haute performance pour répondre aux contraintes physiques et de sécurité, destinés à couvrir l’ensemble des activités industrielles et du bâtiment. Les repères métalliques, en acier inoxydable « 316L », le « L » pour «low carbon rate», préserve l’intégrité de la matière contre l’agression des UV, de l’eau de mer ou des températures extrêmes et « sont capables de résister 300 ans en vieillissement accéléré !». Les types de plastique utilisés, quant à eux, «ne brûlent pas, ne fondent pas, s’éteignent automatiquement et sont retardateurs de flammes ». Et afin de garantir leur conformité sur le terrain, « le stock est maintenu à la température constante de 25 °C avant impression, grâce à un réseau géothermique naturel ».

Vigilante sur la qualité des produits livrés à ses clients, la PME l’est tout autant au regard de ses obligations en matière de développement durable et de responsabilité sociétale. Les résidus de matière première sont systématiquement valorisés et trouvent une nouvelle vie, soit dans les produits Partex ou pour d’autres usages via des prestataires spécialisés. La « Lööf Foundation », financée sur les fonds personnels de la famille du fondateur, vient en aide aux populations locales à travers des programmes ciblés et volontaires, partout où l’entreprise s’installe, « c’est un investissement au-delà des frontières du professionnel ». Un programme phare, l’édification de « la Maison de l’Espoir » au Népal, « achevée dans les premiers mois de cette année, a été partiellement détruite pendant le tremblement de terre du 25 avril ». Il va falloir rebâtir. Fabrice Valot, alpiniste au palmarès impressionnant, 40 sommets alpins de 4 000 mètres et plus et quelque 6 000 dans les Andes, connaît le sens des mots humilité, effort et persévérance. Gravir les montagnes et présider aux destinées d’une entreprise revient à affronter les mêmes contraintes, même si un chef d’entreprise a priori ne risque pas sa vie! « La route n’est jamais droite, cailloux, rochers, précipices, jalonnent le chemin, il faut faire avec et trouver malgré tout un passage. » Le patron, qui a pris les rênes de la PME en octobre dernier, va devoir challenger un marché national mature. Certes, avec 34 000 références en catalogue, la PME couvre l’intégralité de la demande, mais l’objectif est de « proposer non plus un produit mais une solution technique et commerciale complète et innovante pour faire la différence et remporter la mise autrement que grâce aux prix ». Via le système «Mark on Line», Partex va rendre la main à ses clients qui, directement en ligne, pourront concevoir leurs systèmes de marquage, sélectionner la forme, la matière, les codes couleur, envoyer l’ordre de commande et de fabrication et choisir la date de livraison. En Suède, 30 % des clients sont déjà séduits, les clients français pourront juger dès l’automne 2015. Autre chantier, être présent très en amont sur les grands projets, avant la rédaction du cahier des charges pour faire en sorte que le « marquage » soit pris en considération. Souvent laissé de côté, « car considéré à tort comme élément non contributif à la qualité d’un produit ou d’une infrastructure, le repérage réduit pourtant le temps de maintenance et représente donc un gain sensible en termes de ressources humaines et financières ».

Côté produit, l’étape suivante sera la mise sur le marché du marquage actif ou « e-tag », grâce aux puces « RFID ». « D’abord pensé pour le marché de l’art, le procédé migre vers le monde de l’industrie. Demain, ces capteurs locaux renseigneront nos clients en temps réel sur l’état de vieillissement d’un câble ou la faiblesse d’un réseau et tout cela renforcera de fait la sécurité. » Bref, du pain sur la planche pour mener à bien ces projets, assurer l’avenir des 9 collaborateurs, car Fabrice Valot pense en alpiniste, « responsable de lui-même mais aussi des autres », on n’avance jamais seul. Partex a réalisé 1,5 million de chiffre d’affaires en 2014, l’exercice en cours pourrait bien afficher pas moins de 2 millions d’euros au compteur à la clôture. Une probabilité qui ne grise pas son patron, qui sait qu’en altitude le temps change très vite, mais sait aussi pouvoir compter sur son équipe.

Olivier Durand

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