Déchets radioactifs : l’ombre de la loi Macron

Manifestation anti nucléaire à Brennilis le 25 avril 2011 pour les 25 ans de Tchernobyl par Michel Briand ©

Ce jeudi 9 juillet, les députés ont adopté en commission deux amendements au projet de la loi Macron. L’article Cigéo relatif au projet de création du centre de stockage géologique des déchets radioactif dans la Haute-Marne et la Meuse, à été réintroduit et présenté devant la commission spéciale de l’Assemblée nationale. Cigéo avait déjà fait l’objet de nombreuses controverses par les ONG et les verts.

Adopté au 49-3, et donc sans vote des députés, l’opposition avait 24h pour déposer une motion de censure contre les amendements, mais cette dernière n’a pas souhaité ralentir un gouvernement désireux de redynamiser l’économie. A quelques mois de la COP21, à l’heure où la France s’affirme comme pionnière d’une économie durable et pour la transition énergétique, « imposer Cigéo par le 49-3, c’est l’exact contraire de la démocratie environnementale appelée de ses vœux par François Hollande »,  s’indigne Denis Baupin, vice-président écologiste de l’Assemblée nationale, pour Libération.

Le manque de prise en compte des risques de l’énergie nucléaire et l’idée d’utiliser les sols comme « débarras » ne semblent pas être de bonnes mesures pour améliorer le futur de la planète. « La loi de 2006, qui fait suite au débat public de 2005 sur la gestion à long terme des déchets radioactifs, prévoit qu’une loi spécifique portant sur la réversibilité intervienne avant toute autorisation de création de Cigéo», rappellent les associations (toujours selon Libération). Il semble nécessaire, compte tenu des impacts d’utilisation du nucléaire, d’étudier avec une attention particulière les limites d’une telle industrialisation. Denis Baupin dénonce le fait que «Cet article est mal écrit, réintroduit au détour du 49.3 sans qu’on ait pu avoir un débat. Ce sont des conditions qui ne font pas honneur au Parlement». Lorsqu’on crée des projets d’envergure basés sur une économie circulaire, tels que le smartgrids, adopter un comportement reposant sur des principes capitalistiques et une économie linéaire paraît incohérent. Le but ? C’était de faire des déchets une matière première et non pas de les enfouir dans le sol !

Certes, l’affaire Areva a changé les perspectives du nucléaire dans la transition énergétique, car on a découvert ses capacités financières. Cependant, le débat sur les coûts de l’enfouissement des déchets s’ajoutent à la non prise en compte des limites de cette énergie.

Le nucléaire : une énergie controversée

Le gouvernement avait annoncé dans la loi pour la transition énergétique et la croissance vouloir développer les énergies renouvelables afin de faire contre poids aux failles des énergies fossiles sur la balance commerciale. Le problème repose toujours, pour les énergies renouvelables, sur la difficulté de la capacité de stockage.

La solution trouvée au problème de stockage de l’énergie nucléaire est d’enfouir les déchets dans des couches terrestres profondes. « La responsabilité de la Nation est de trouver une solution pérenne de gestion des déchets hautement radioactifs, sans quoi nous hypothéquerions l’avenir des générations futures. Cette question est indépendante de celle de la poursuite de l’exploitation nucléaire sur notre territoire : même si nous stoppions le fonctionnement de l’ensemble des centrales dès demain, nous devrions tout de même prendre en charge l’impact des dernières décennies », affirme le président socialiste de la commission spéciale, François Brottes, signataire de l’un des amendements de rétablissement pour actu-environnement. Protéger les générations futures en creusant dans les sols, pour ensuite enfouir des déchets, est un dessin antithétique aux fondements de la COP21, qui se déroulera à Paris fin 2015. Lorsque l’ADEME affirme que 2/3 des ressources doivent rester dans nos sols pour ne pas dépasser le seuil des deux degrés de réchauffement climatique, la France, elle, propose de laisser le choix aux futurs citoyens d’extraire les déchets pour les traiter grâce aux futures technologies. Autrement dit, la peur de la transition énergétique se traduit par une hypocrisie du système capitalistique laissant un avenir incertain se charger du problème.

« Cet article définit la notion de réversibilité, précise que l’exploitation de l’installation de stockage en couche géologique profonde doit débuter par une phase industrielle pilote – laquelle répond à l’une des principales attentes exprimées lors du débat public organisé en 2013 -, adapte la procédure d’autorisation des centres de stockage en couche géologique profonde et le calendrier du projet Cigéo, pour sécuriser sa réalisation dans le délai imparti», explique Jean-Yves Le Déaut (SRC – Meurthe-et-Moselle), cosignataire d’un deuxième amendement. Le nucléaire semble donc s’affirmer comme base de capitaux industriel qui permettra d’augmenter la croissance de l’économie française. Difficile d’admettre, que dans un contexte de développement durable, les capitaux industriels pèsent aussi fort sur la balance commerciale.

Pourtant, des fonds ont été accordés par l’UE pour développer les énergies renouvelables. 10 milliards d’euros ont été investi sur trois ans pour engager la transition énergétique. « Ces 10 milliards ne relèvent pas de la dépense publique.Ils ont vocation à alimenter des dispositifs incitatifs et joueront un effet de levier», assurait la ministre de l’écologie, en présentant fin juillet son projet de loi pour Le Monde. Le nucléaire est constamment sujet à débat car il impose de la sécurité économique mais connaît des limites destructrices. Cette énergie peut s’avérer être transitoire pour passer d’une économie linéaire à une économie circulaire, pourtant la question du traitement de ces déchets demeure une problématique rappelant ces limites et diverses catastrophes possibles.

 

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