Supervision : un état de l’art

Exemple d'écran de supervision par zone. © Newron System

Avec l’arrivée de plus en plus forte des technologies IT et Internet dans le bâtiment, que devient la supervision ? Les besoins des utilisateurs de supervision ont-ils évolué ? Quelles sont les fonctions incontournables ?

2014 est pour beaucoup d’acteurs de la supervision une année record avec une croissance le plus souvent à deux chiffres. Ainsi pour Btib, Cap Technologie, Codra ou encore Newron System (groupe ABB) et en particulier pour le petit et moyen tertiaire ainsi que pour la supervision multisite. Comment peut s’expliquer cet engouement ? D’une part, par le taux d’équipements hors grand tertiaire qui est faible, de l’ordre de 25 %. D’autre part, les systèmes installés sont le plus souvent des GTB de première génération assez peu performantes et limitées à certains lots techniques. Or, la supervision d’aujourd’hui permet une mise en œuvre rapide, avec des fonctionnalités simples et une couverture étendue et multimétier.

Vers le plug and play, un constat partagé par tous les acteurs

Les clients finaux sont aujourd’hui nettement plus ouverts pour s’abonner à des services de type SaaS ou cloud. Ainsi, l’usage d’applicatifs SaaS se développe-t-il, en parallèle de travaux en cours chez presque tous les offreurs pour simplifier les mises en œuvre par le développement de systèmes « prêts à superviser » qui font rapprocher la GTB et la supervision des solutions pour le secteur résidentiel.

De plus, les superviseurs proposent une accessibilité permanente sur smartphone ou tablette, grâce en particulier à l’usage d’applicatifs basés sur HTML 5, mais aussi des solutions et scénarios verticalisés (hôtellerie, santé, commerces…) de plus en plus affinées et… rapides à installer.

Suivre mais aussi agir à distance

La GTB d’aujourd’hui est un système complet d’exploitation du bâtiment. « Mais il faut anticiper les interconnexions avec systèmes externes (par exemple gestion des énergies) qui devront pouvoir déclencher des actions à distance sur les installations techniques d’un bâtiment », souligne Teddy Caroni, directeur marketing de Btib.

Ces actions, ce sont des commandes vers les bâtiments pour effacer ou réduire les consommations, optimiser le fonctionnement des installations, déterminer des arbitrages sur la production d’énergie.

Avec des protocoles standard d’échange et de communication

Le constat est partagé par l’ensemble des acteurs. Certains soulignent que l’échange d’informations utilisant des protocoles standard ne garantit pas des données forcément compatibles entre applications et donc ensuite des évolutions aisées. « L’important est que le client final ait l’autonomie pour faire évoluer les paramétrages, et cela ne doit pas être plus compliqué que de changer une consigne », précise Franck Ferrari, de Cap Technologie

Enfin, dernière grande tendance, la supervision complète incluant notamment vidéosurveillance, sécurité incendie, contrôle d’accès et de nombreux échanges avec des systèmes externes, type management de l’énergie ou encore des applicatifs particuliers liés à certains métiers.

La supervision à coût de déploiement réduit

Pour Teddy Caroni, de Btib, les intégrateurs ont à cœur de délivrer des supervisions beaucoup plus ergonomiques et de standardiser leurs méthodes de programmation afin de réduire les temps d’intégration.

« Et de diminuer les coûts de la supervision de manière à mettre des supervisions partout : 5 000 m2, 5 000 € ! et donc réduire les coûts des licences ainsi que les temps de création de la supervision et appliquer le concept de Place de Marché / Marketplace pour les vues de détail et en assurer l’accès gratuit », ajoute Serge Le Men, de Newron System.


Btib

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Teddy Caroni, directeur marketing de Btib

«Les bureaux d’études abordent de plus en plus les projets d’un point de vue fonctionnel. Auparavant, de 2010 à 2014, les cahiers des charges étaient principalement décrits sous un angle technique (protocoles de communication, architecture système…) », indique Teddy Caroni.

Les bureaux d’études ont maintenant une approche de la GTB et de la supervision très orientées « Service ». L’objectif est de fournir à tous les acteurs du bâtiment (exploitants, propriétaires, occupants) les bons outils pour gérer au mieux le bâtiment. Pour illustration, il est de plus en plus courant que l’on nous demande de réaliser des rapports de synthèse automatiques pour le client final, ou de fournir à l’exploitant un accès rapide aux paramètres principaux des alarmes sans avoir à faire appel à un programmeur.

Souvent, les clients finaux demandent la possibilité d’avoir un connecteur Web Services pour remonter diverses informations à leurs prestataires spécialisés (gestion de l’énergie, gestion de l’occupation, gestion du confort, etc.).

Deux autres sujets deviennent incontournables :

  • La mobilité. Les exploitants sont parfois équipés de smartphone, voire de tablette et ils demandent souvent de bénéficier d’interfaces adaptées à ces terminaux (dernièrement, ce sont les utilisateurs finaux qui sont encore plus moteurs sur ce sujet).
  • La sécurité. Les informations sont très régulièrement externalisées des bâtiments, et des applicatifs externes peuvent parfois agir, déroger et piloter le bâtiment. Ainsi, l’intégrité du système est primordiale.

De plus, nous travaillons à créer pour nos partenaires intégrateurs des outils d’intégration plus puissants afin de réduire les temps de programmation sur les tâches courantes et de leur permettre de se focaliser sur des tâches à plus forte valeur ajoutée pour leurs clients (ergonomie, reporting, gestion énergétique, etc.), conclut-il.


 

CAP Technologie

« Pour nous, la réussite d’un projet de « Building Automation » passe par la maîtrise de leur système par les utilisateurs», considère Franck Ferrari, PDG de Cap Technologie.

Nous avons créé une suite de logiciels (GTB, suivi énergétique, sensibilisation aux comportements éco-citoyens) qui s’adresse à chaque type d’utilisateur : l’exploitant, le gestionnaire et la direction générale ont chacun une culture et une formation différentes. Nous devons donc concevoir des logiciels ad hoc. Nous utilisons notre capacité de R&D pour faire des logiciels que des non-spécialistes peuvent faire évoluer, seuls ou avec une aide externe, au gré des évolutions de leur bâtiment et de leurs besoins. Les systèmes doivent vivre !

Exemple avec la société Simah. Fabrice Simon, Services techniques, explique : « Au-delà de remplacer notre ancien système, nous souhaitions avant tout reprendre notre autonomie, réaliser nous-mêmes la mise en œuvre d’un nouveau système et avoir la capacité par la suite de faire évoluer, au gré de nos besoins, nos équipements. Sans effectif interne dédié aux applicatifs d’automatismes et de CVC, nous recherchions une solution simple et performante, laquelle, avec une simple formation, nous permettrait de réaliser en toute autonomie cette migration stratégique. »

Après une formation de cinq jours, Fabrice Simon a remplacé (câblé, paramétré) tous les automates CVC du site et réalisé toute la supervision. Aujourd’hui, il fait évoluer son site en toute autonomie avec l’assistance de Cap Technologie quand elle est nécessaire.

Un résultat concluant aussi avec une économie sur la facture fuel et électricité de plus de 30 % à l’issue de la première année d’exploitation.


Newron System (ABB)

Serge Le Men, président de Newron System.

« De plus en plus de demandes pour des applicatifs complets, incluant des fonctions énergétiques, mais aussi télécommandes virtuelles, facilités de recloisonnement… et une extension vers le suivi de tous les lots du bâtiment », mentionne Serge Le Men, président de Newron System.

Le groupe ABB lance avec la solution Newron une nouvelle méthode de création de la supervision. Outre le fait que ce soit en pur Web HTML5, la particularité de la solution est de générer en automatique les pages de supervision à partir de l’outil d’installation. Cette méthode est bien plus efficace que les méthodes traditionnelles car elle évite les imports/exports de base de données suite à l’intégration. La création de supervision est de fait plus rapide, mais surtout se fait sans erreurs dues à de mauvaises manipulations.

Autre particularité que nos clients demandent et apprécient : « Toute la structure de la supervision est en zone et non en produit. Ainsi la vue de détail n’est pas la vue de détail du produit (ventilo-convecteur …), mais de la zone qui peut inclure divers produits et divers sous-ensembles de produits. » La télécommande virtuelle fonctionne évidemment sur ce principe et pilote une zone et non un équipement. Elle est de surcroît compatible avec tout (re)cloisonnement. Et, bien sûr, une zone peut contenir d’autres zones déclinant ainsi le concept logique à l’infini.

« La convergence de l’usage du protocole IP aide aussi à étendre la couverture de la supervision, ainsi par exemple l’utilisateur peut aussi manipuler les caméras sur IP, les piloter, insérer des images à la volée dans des synoptiques. »


Siemens Building Technologies

« Passer de la supervision à l’hypervision, regrouper de façon native toutes les disciplines du bâtiment et superviser des ensembles de bâtiments, tel est l’objectif de Desigo CC », souligne André Le Bihan, directeur de la division Building Technologies pour Siemens France.

ROUE DESIGO FRLa plate-forme Desigo CC a été lancée il y a quelques semaines en France, et son objectif est clair : pouvoir appréhender dans une unique solution tous les métiers et disciplines du bâtiment intelligent.

Selon l’installation, la solution peut être utilisée pour superviser une discipline unique ou être étendue à l’ensemble des lots techniques du bâtiment. Par simple paramétrage, la suite logicielle procure la possibilité d’établir des scénarios qui mettent en service plusieurs métiers en même temps, permettant de nouvelles opportunités pour gérer l’efficacité du bâtiment et analyser le potentiel d’optimisation.

La suite possède toutes les applications nécessaires à la gestion de la sûreté (contrôle d’accès, détection d’intrusion, vidéosurveillance), de la sécurité incendie et du confort tout en garantissant l’efficacité énergétique et la performance optimale des installations. Partageant la même base de données, les disciplines peuvent facilement interagir.


Codra

Hôtel de la Cité (164 chambres sur 8 étages). Couplée au système de gestion de réservation de l’hôtel, la GTC a permis de réduire la consommation d’énergie du bâtiment et par conséquent les coûts d’exploitation de 20 %.
Hôtel de la Cité (164 chambres sur 8 étages). Couplée au système de gestion de réservation de l’hôtel, la GTC a permis de réduire la consommation d’énergie du bâtiment et par conséquent les coûts d’exploitation de 20 %.

« Il y a une nécessité exprimée par tous les acteurs d’acquérir des données de terrain de plus en plus nombreuses. Mesurer, valoriser, capitaliser et ce avec une démultiplication de l’origine des informations, ainsi que de multiples échanges avec d’autres applicatifs », mentionne Cyril Rolland, responsable marketing de Codra.

Pour nos clients, nous pouvons décliner trois points clés fonctionnels prépondérants :

  • La GTB et la supervision sont le noyau central incontournable de l’information dans le bâtiment. Il y a une tendance assez marquée vers des solutions d’hypervision, pour gérer des lots techniques très variés, mais aussi gérer à distance plusieurs sites.
  • L’information de la supervision doit pouvoir être accessible depuis n’importe où (tablette, smartphone, PC distant…), et la sécurité doit être parfaitement gérée.
  • Des fonctionnalités de reporting intégré dans la supervision sont aussi de plus en plus demandées (collecte des données, mais aussi calcul, traitement et présentation des informations à différentes mailles de temps et niveau d’agrégation).

« De plus en plus, nos clients utilisent également la supervision en outil de suivi multisite, notamment dans le cadre des CPE. » Ainsi pour l’un d’eux, Panorama supervise les bâtiments à piloter (écoles, collèges, gymnases…) ; cela permet de gérer les améliorations énergétiques successives et de suivre l’engagement d’économies à respecter de 30 % d’amélioration par rapport à la situation initiale. La société Cram, basée au Havre, a ainsi plus de 300 000 variables déclarées dans son superviseur qui est à la fois multisite et multiclient. D’autres prestataires comme Dalkia et Idex suivent le même schéma, la supervision est partie intégrante de leurs services.

Quelques chiffres : 9 CTA, 2 PAC géothermiques avec suivi de la conductivité de l’eau. Automatismes et intégrateur Sauter. (source Codra)

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