Socomec électrise le futur !

Le groupe alsacien, bientôt centenaire, expert de la disponibilité, du contrôle et de la sécurité des installations électriques pour l’industrie et le tertiaire, a inauguré, à l’orée des années 2010, une nouvelle ère de son développement. C’est depuis son fief du Ried alsacien qu’il anticipe l’avenir, prépare ses réponses aux grands enjeux énergétiques, environnementaux et numériques et tient son rôle d’employeur majeur dans sa région natale.

Un millésime, 1922 ; un village, Benfeld ; une entreprise, la Société des ateliers de constructions électromécaniques du Bas-Rhin ; un fondateur, Joseph Siat. Ingénieur issu du textile, visionnaire, il a su percevoir le potentiel industriel de la fée électricité. Son entreprise conçoit des interrupteurs, des coupe-circuit, des sonnettes et même des rôtissoires ! Son décès brutal en 1945 ne remet pas en cause son œuvre, l’histoire familiale est en marche, ses deux fils, Pierre et Maurice, prennent les rênes et étoffent la gamme avec des inverseurs, des transformateurs. Socomec deviendra le nom définitif de l’entreprise en 1953. Bernard Steyert, le neveu entré dans l’entreprise en 1966, devenu président en 1990, souffle un vent nouveau, se lance dans les onduleurs et pousse ses pions à l’international. Les effectifs passent de 400 à 2 500 collaborateurs. Son fils Ivan, qui lui succède en 2010, hérite d’une entreprise bénéficiaire, « faiblement endettée, [qui] réinvestit tous les ans 75 % de ses résultats dans son développement », souligne Michel Krumenacker, directeur général délégué.

Michel Krumenacker directeur général délégué.
Michel Krumenacker directeur général délégué.

L’ADN du groupe, c’est en premier lieu son indépendance, mais pas seulement. Le capital, familial à 90 %, permet à l’équipe dirigeante, seule maître à bord, « de dégager une vision à moyen et long terme ». Autre principe intangible, le groupe ne se focalise que « sur des niches de marché avec des applications ciblées », et se différencie face aux géants du marché généralistes, « entre les pattes de l’éléphant, il y a toujours à manger ». Enfin, il y a l’innovation qui mobilise 8 % des effectifs et 10 % du chiffre d’affaires. À l’automne 2015, Socomec a inauguré à Benfeld son laboratoire d’essai, le « Tesla Lab ». Un million et demi d’euros pour s’offrir un outil prestigieux qui, de facto, le classe second laboratoire de tests de puissance en France et renforce sa capacité à innover et garantit son indépendance technologique.

Des investissements essentiels, car l’électricité a de beaux jours devant elle, « la raréfaction des énergies fossiles, la réduction des émissions de CO2, la révolution du numérique et ses quelque 80 milliards d’objets connectés d’ici 2020 seront nos relais de croissance ». Dans cet esprit, en 2013, Socomec a rejoint le consortium chargé de réaliser le premier démonstrateur européen de quartier solaire intelligent, le projet « Nice Grid », à Nice. L’objectif : intégrer les énergies renouvelables dans le réseau électrique. Mais lorsque aucune énergie n’est produite, qu’il n’y a ni vent ni soleil, il faut pouvoir la stocker et la distribuer en fonction de la demande. Ce projet doit démontrer la pertinence de cette technologie et sa fiabilité.

L’année précédente, en 2012, Ivan Steyert a initié une feuille de route ambitieuse, réaliser 550 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2017 et doubler ce chiffre à l’horizon 2020. Des changements, « fruit de la réflexion collaborative de l’équipe dirigeante », sont mis en place dès 2013 pour mettre le groupe en ordre de bataille. Qui se structure autour de quatre domaines d’expertise, le « Critical Power », disponibilité et stockage de l’énergie ; le « Power Control & Safety », protection des personnes et des installations ; « l’Energy Efficiency », le smart building ; et « l’Expert Services », nouveau service transversal à l’ensemble des activités – il intègre le service après-vente et les études en amont. L’offre est globale et répond aux besoins de l’industrie, du bâtiment (datacenters, hôpitaux), des infrastructures et des transports.

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Dans la foulée, les cœurs de métier, la coupure et les onduleurs, organisés jusque-là en deux entreprises quasi indépendantes, sont réunis. Les doublons sont supprimés, les compétences, commerciales, industrielles, R&D, marketing, sont réunies sous une chaîne de responsabilité commune, créatrices de synergies. En 2015, après deux années en demi-teinte, le chiffre d’affaires, en hausse de 9 %, à 467 millions d’euros, reflète la pertinence des changements opérés, « un chiffre à tempérer, qui s’explique en partie par l’effet de change ». En effet, 65 % du résultat se font à l’étranger. La proximité client passe « par la définition de la solution et de la mise en service collaborative », mais c’est aussi par une présence physique accrue. La marque est représentée dans 80 pays, via 25 filiales commerciales. La partie industrielle dispose de neuf sites dont cinq à l’étranger, pour les grandes séries, les produits standard et les marchés locaux. En tous les cas, « il ne s’agit pas de délocalisation, la création de ces sites ne se fait pas au détriment de l’emploi en Alsace ».

La croissance externe est un moyen de combler les vides dans l’offre ; la dernière acquisition en 2016 s’est faite à Zurich avec le rachat de UPS Technologie. En Alsace, région qui forge son identité, l’ETI maintient 1 200 postes pour assurer la fabrication des gammes à forte valeur ajoutée et des séries sur mesure. Le sur mesure, parce que les usines de Benfeld maîtrisent l’ensemble de la chaîne de production, la présence d’ateliers de tôlerie, de moulage ou de peinture en témoignent, « produire en Alsace est un atout, la région est devenue une marque synonyme de rigueur et de fiabilité ». Socomec, qui irrigue par une politique de mécénat son terroir, est un partenaire privilégié de l’Université de Strasbourg, l’une des seules en France à pouvoir s’enorgueillir d’avoir un prix Nobel entre ses murs.

Avec une offre produits renouvelée, « nouveau concept de mesure numérique appelé Digiware lancé en 2014, une nouvelle offre d’onduleurs modulaires adaptés et de produits de coupure baptisée Inosys (100-1200A) », Socomec a les moyens d’explorer de nouveaux territoires, réorganisés en trois zones export, EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique), Asie (qui inclut l’Inde) et l’Amérique du Nord, où les États-Unis sont une cible majeure. Présente sur ce marché depuis 6 ans, avec un CA de 20 millions d’euros, l’ETI entend bien confirmer ces chiffres prometteurs. En 2016 et au-delà, Socomec continuera de porter auprès de ses clients ses valeurs cardinales : « l’ouverture, la responsabilité et l’engagement ». Dans tous les cas, l’avenir est déjà en route, le groupe s’est porté acquéreur de nouveaux terrains, de quoi continuer à se développer…

Olivier Durand

Socomec en quelques chiffres

Les hommes

  • 3 200 collaborateurs dans le monde
  • 1 500 en France dont 1 200 en Alsace

La structure commerciale

  • 14 agences en France
  • 25 bureaux et filiales commerciales dans le monde, sur les cinq continents
  • La première filiale créée en 1974 en Belgique, le dernier bureau créé en 2015 en Côte-d’Ivoire

Les résultats financiers

  • 88 % du capital détenu par la famille, le restant par les collaborateurs.
  • Chiffre d’affaires 2015 : 467 M€
  • 35 % réalisés en France, 65 % à l’export

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