ISO 50 001, pour gérer ses énergies de façon pérenne

La certification à la norme ISO 50 001 est tout sauf une contrainte et s’adresse à tout type d’entreprise. Avec quels avantages ? Et quels retours d’expérience ? Illustrations.

89 % de satisfecit chez les certifiés ISO 50 001

« Deux possibilités s’offrent aux entreprises concernées par la loi Ddadue : mener un audit énergétique suivant la norme EN 16247 ou bien obtenir la certification ISO 50 001, qui exempte d’audit énergétique », introduit Catherine Moutet, responsable du pôle Afnor Énergies. Pour rappel, la norme ISO 50 001, issue de travaux collectifs de plus de 60 pays, est une norme dite volontaire qui vise la performance énergétique, mais n’établit pas de niveau de performance prédéterminée à atteindre. Il y a obligation pour l’entreprise à se fixer un objectif de résultat, un plan d’action et des moyens pour son atteinte. Concrètement, la norme ISO 50 001 fournit aux entreprises les clés d’une démarche collective de progrès leur permettant de faire rapidement des économies. La démarche de certification est d’ailleurs engagée massivement et avec succès en France depuis 2015, avec pas loin du millier d’entreprises certifiées en France, ajoute l’experte.

Avec à la clé des bénéfices financiers… mais pas seulement

Oui, le Système de management de l’énergie (ou SME) va aider à mieux identifier les zones de consommation d’énergie et être un réel levier pour améliorer marges et compétitivité. Il va permettre aussi de mieux négocier les achats d’énergie et faciliter les demandes pour des investissements. Pour Arnaud Gheysens, directeur de TEEO, « l’énergie devient une ressource stratégique visible avec le SME et notamment visible de la direction financière. Il ne s’agit alors plus d’une action isolée, une vraie vision est donnée avec des projets et des temps de retour sur investissement intéressants, avec le plus souvent plus de 50 % de rentabilité sur 5 à 8 ans ». Mais pas seulement : c’est aussi un vecteur de progrès dans la durée, de hiérarchisation d’actions stratégiques, de comparaison et de sensibilisation sur la performance énergétique et un formidable déclencheur d’innovations, que cela soit sur les procédés industriels ou les produits et services. Il procure également des avantages en termes de santé, sécurité et confort de travail pour près de 40 % des entreprises certifiées qui ont été interrogées (selon étude internationale sur les pratiques de management de l’énergie des sociétés certifiées ISO 50 001).

Une place pour tous à la compétitivité par la réduction et la maîtrise des consommations d’énergie

Pour 2016, le décret à paraître sur la rénovation du parc tertiaire va changer la donne. « Il est pour l’instant en consultations publiques, et va imposer une démarche d’amélioration de la performance énergétique de 25 % d’ici 2020 et de 40 % en 2030 pour les bâtiments tertiaires de plus de 2 000 m2 », précise Catherine Moutet. Ensuite, le décret 2016-141 paru le 14 février dernier oblige les entreprises ou les sites grands consommateurs d’électricité, nommés encore « consommateurs électro-intensif » à mettre en œuvre un système de management de l’énergie, et un plan objectif détaillé sur 5 ans. Les entreprises pourront alors bénéficier d’un abattement pouvant atteindre jusqu’à 90 % sur le Turpe (Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité), poursuit l’experte. Enfin, des aides vont vraisemblablement paraître en 2016, notamment au travers du dispositif des certificats d’économie d’énergie via un programme confié à l’ATEE ; nous estimons que près de 250 entreprises peuvent être aidées pour accéder à la certification ISO 50 001 par ce biais.

Les facteurs pour déclencher un projet de certification ISO 50 001 

Trois facteurs sont clés pour Arnaud Gheysens : « Le responsable Énergie ne doit pas agir seul, la direction doit être convaincue et s’engager complètement dans un projet d’entreprise mettant l’énergie au cœur de sa stratégie, et en tant que ressources critiques. Ensuite, la compréhension du projet est aussi essentielle, le SME apporte une valeur ajoutée dans la durée, et c’est une opportunité car son taux de rentabilité est excellent. Enfin, troisième critère déterminant pour avancer, ne pas s’attaquer maintenant à la facture énergétique, c’est prendre le risque de subir plus tard les réglementations qui vont obliger à le faire, et d’investir alors dans la précipitation tout en ayant laissé filer des économies qui auraient pu être effectuées plus tôt. » Alors, 5 à 20 % de pertes ou gaspillage annuels, cela ne vaut-il pas la peine d’investir quelques k€ pour structurer un plan d’action et d’économies, arrêter le fameux « on verra plus tard » et la limitation au strict minimum de l’audit exigible ?

2016, année du management de l’énergie ?

2016 change la donne avec les nouvelles contraintes réglementaires. Reconnaissons qu’en France c’est quand même ce qui fait évoluer, et que l’on est assez éloigné de la mentalité de certains pays nordiques qui anticipent et agissent avant d’y être obligés. On peut aussi espérer que les entreprises, mais également les collectivités territoriales qui avaient opté pour un simple audit énergétique afin d’être conformes, vont ressortir le rapport du placard et continuer à avancer dans un objectif de création de valeur au travers de l’efficacité énergétique basée sur une mesure plus poussée et une analyse plus fine des usages. « Et passer ainsi d’une logique de ‘RT’ à une logique d’usage du bâtiment, dans la durée », conclut Catherine Moutet.

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