Simplification : gare à l’uberisation

Tout le monde partage le même constat qu’il faut simplifier le travail en France.

La loi ‘’Nouvelles opportunités économiques » (Noé) voulue par Emmanuel Macron, disparue, puis intégrée par Myriam El Khomri au projet de loi sur la réforme du droit du travail, a un objectif précis : déverrouiller l’embauche et mettre les jeunes au boulot.
Emmanuel Macron considère que trop de barrières à l’emploi freinent la liberté d’entreprendre. Dans son texte, il souhaitait notamment supprimer des qualifications. Il deviendrait ainsi possible de recruter un jeune électricien sans qualification. Pourtant, la loi Raffarin du 18 janvier 1992 venue renforcer la protection et l’information des consommateurs de produits et de services rappelle bien l’importance des effets de l’absence de formation sur la vie de tous les jours. Pour le métier comme pour le client. Dans une démarche de simplification, le ministre de l’Économie souhaite permettre à celles et ceux qui veulent créer une activité qui va avec la transformation numérique de le faire plus facilement.

« Quand on regarde le numérique partout dans le monde, il se développe en créant des opportunités pour les qualifications les plus faibles », avait expliqué Emmanuel Macron le 9 novembre 2015 dans son discours à Bercy. En France, « nous avons encore beaucoup trop de rigidités », comme l’obligation « d’avoir un local pour développer une activité de garde à domicile, par exemple, d’avoir tel diplôme alors que ce qu’on fait n’est pas couvert par ledit diplôme », avait-il détaillé.
Un assouplissement des qualifications nécessaires permettrait d’ouvrir l’accès à certains métiers du bâtiment ou de l’artisanat et, surtout, de mettre au travail des jeunes sans qualification en remplacement des travailleurs au noir qui pullulent sur les chantiers. Le ministre de l’Économie plaide là encore pour la simplification : « Il s’agit de faciliter le passage d’un statut à l’autre, de créer un parcours de croissance pour ceux qui ont des projets. C’est un enjeu fondamental, la majorité de ceux qui vont développer leur emploi est au chômage ou bien ils travaillent au noir. »

Reste le danger que cet assouplissement des qualifications ouvre la porte à l’uberisation. Avec pour conséquence la suppression pure et simple des qualifications pour accéder à un métier. Même si, à l’évidence, pour avoir une garantie décennale il restera nécessaire de justifier de la qualification adéquate. Mais quid de la défense du consommateur ? Quelles sont les garanties d’un ouvrier qui intervient chez des particuliers ? L’électricien peut-il rentrer dans ce projet quand il manipule un fluide potentiellement mortel ?

Du coup, pour faire face, l’artisan ne manque pas d’atouts. Il doit faire valoir les notions de proximité et de réactivité, de compétences, de qualification, et son savoir-faire. La difficulté va consister à faire comprendre au client final que les qualifications peuvent faire toute la différence pour obtenir le travail souhaité. Au final, le consommateur choisira la voie qui lui semble la plus adéquate par rapport à son besoin.

Est-ce réellement un mal pour l’artisan ?

Par David Le Souder

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