
Saint-Cyprien, commune des Pyrénées-Orientales et troisième port de plaisance de France, s’est dotée d’une piste cyclable et piétonne qui relie le centre-ville à la plage. Comme le cheminement traverse à plusieurs reprises la voirie, se pose alors la question de la sécurisation des passages piétons. Issue d’une réflexion conjointe de la Communauté de communes Sud-Roussillon, de la mairie, de Concept éclairage et ABEL, une solution lumineuse a été développée.
En 2010, le maire de Saint-Cyprien, Thierry Del Poso, engage des travaux pour connecter le village à la plage principale : une piste de 1,5 km de long dédiée au cheminement piétons et cyclistes. «La piste traverse à trois reprises les voies de circulation automobile, raconte Pierre Saly, responsable Urbanisme de la Communauté de communes. Malgré la signalisation, les véhicules arrivaient trop vite sur les passages piétons, pourtant surélevés. Il fallait trouver le moyen de sécuriser les passages sans alourdir la signalisation existante.»
L’habitude, dans ces cas de figure, est de renforcer l’éclairage public, au sodium, en implantant des lampadaires supplémentaires aux endroits stratégiques et de les équiper de lampes aux iodures métalliques de 250 à 400 W.
Créer une barrière lumineuse au sol
Le « suréclairage » et la différence de couleur de lumière (orangé pour le sodium et blanc pour les iodures) constituent la solution basique et conventionnelle. Mais pour Thierry Lopez, adjoint au maire, délégation Travaux & Voirie, le résultat n’était pas probant, et ce, malgré la limitation de vitesse et les ralentisseurs. Pour l’adjoint au maire, c’est une évidence, il faut partir d’un marquage au sol lumineux. Après avoir éliminé l’idée d’encastrer des barrettes lumineuses perpendiculairement aux bandes blanches, car leur installation n’est pas sans poser quelques difficultés, il prend conseil auprès de Jacques Cathala, Concept éclairage, distributeur et prescripteur, qui connaît bien la configuration des lieux. Les deux hommes optent pour une solution constituée de potelets à LED, qui traceraient, d’une part, des lignes bleues au sol et, d’autre part, serviraient de signal en hauteur pour être visibles de loin par les automobilistes.

« Avec le matériel dont je disposais, nous avons fait réaliser des prototypes pour effectuer des essais in situ : nous nous approchions là de la réponse aux préoccupations de la mairie. Ce balisage traversant délimitait nettement le passage piétons, sans nuisance lumineuse ni pour les piétons et cyclistes, ni pour les véhicules. » Aguerri aux techniques de l’éclairage, Jacques Cathala n’est pas pour autant fabricant ; il se rapproche alors de la société ABEL, spécialiste de l’éclairage extérieur, qui relève le défi pour développer le concept. Avec Lionel Beaumichon, directeur commercial, ils étudient la faisabilité du produit et élaborent ensemble le design, conformément aux souhaits de l’adjoint au maire.
Le principe consiste à intégrer, dans un potelet parallélépipédique de 1,20 m de haut, deux LED de couleur bleue, l’une à faisceau étroit (6°) placée dans la base à 6 cm du sol et qui trace une ligne virtuelle d’environ 1,50 m sur la chaussée, perpendiculairement aux bandes blanches ; l’autre LED, bleue également, placée dans la tête du potelet, et orientée dans le sens de la circulation des voitures.
La borne S-Pass de ABEL

La borne S-Pass piétons à LED est
destinée aux zones urbaine, périurbaine ou
rurale (hauteur hors sol de 1 300 mm). Elle
a reçu le prix de l’Innovation 2015 (SMCL).
« Nous sommes passés ensuite à la phase fabrication, explique Lionel Beaumichon. Nous avons choisi l’aluminium pour une meilleure tenue dans le temps en fonction du lieu d’installation mais également pour une meilleure finition. Nous avons créé un moule et une filière spécifiques pour la tête et le corps de la borne. L’industrialisation a demandé huit mois de travail à notre équipe Recherche & Développement. Résultat : un système composé de quatre bornes, pour une consommation de seulement 16 W (4 x 4 W) par installation, un IP68 pour la base et un IK 10. Son nom : S comme sécurité et Pass comme passage piétons. »
Pour Jean-Marie Bousquet, responsable EP, Communauté de communes Sud-Roussillon, « si la mise en œuvre a posé quelques contraintes de positionnement au début, il s’est avéré relativement aisé de procéder à l’installation des autres S-Pass à Saint-Cyprien. Aucun câblage supplémentaire n’est nécessaire, puisqu’il est possible de raccorder les bornes aux lampadaires à proximité ».
L’allumage est déclenché par horloge astronomique, en même temps que l’éclairage public. Depuis la première installation, en 2014, la ville compte 11 passages ainsi éclairés, plus 14 qui sont en cours. Comme Thierry Lopez, les Cyprianencs et les visiteurs, nombreux l’été, peuvent désormais apprécier cette « sécurisation par la lumière, économe, efficace et novatrice ».
Et si Saint-Cyprien a été précurseur en la matière, « aujourd’hui, ABEL a fourni des S-Pass dans le Nord, le Calvados, les Pays de Loire, en région parisienne, des avant-projets au Maroc et en Belgique ». À noter que S-Pass a été lauréat au prix de l’Innovation 2015 et a été présenté au Salon des maires en mai 2016. D’autres versions se développent : modèles à tête clignotante, à changements de couleur, et le fabricant étudie également la possibilité d’intégrer un système de détection de présence des véhicules, côté chaussée.
Plus d’images :