
Lancé fin 2014 à l’initiative de Récylum, et mené par un réseau d’une quarantaine d’organismes, entreprises et administrations, dont le ministère de l’Écologie, le ministère de l’Économie et l’ADEME (principal financeur), DÉMOCLÈS est un projet visant à améliorer le recyclage des déchets du second oeuvre issus des chantiers de démolition/réhabilitation. Durant 18 mois, des données ont été collectées sur 19 chantiers et analysées par des groupes de travail composés de maîtres d’ouvrage, de gestionnaires de déchets, de maîtres d’oeuvre et d’entreprises de travaux. Hervé Grimaud, directeur général de Récylum, a présenté le projet et les premières conclusions en septembre dernier.
Alors que la filière bâtiment génère environ 10 millions de tonnes de déchets du second oeuvre chaque année, recyclés à moins de 35 % (source ADEME) en moyenne, le projet DÉMOCLÈS, lancé par Récylum, démontre que l’on peut recycler jusqu’à 80 % des déchets du second oeuvre sans surcoût, dès lors que cette problématique devient l’affaire de tous, depuis la maîtrise d’ouvrage jusqu’aux industriels du recyclage. Une perspective encourageante alors que des objectifs ambitieux ont été fixés par la loi de transition énergétique en matière de gestion des déchets issus du bâtiment : 70 % devront être recyclés dès 2020.
Tout à la benne vs dépose sélective
90 % (source IFEN) des déchets de réhabilitation sont collectés en mélange, le plus souvent en benne, ce qui représente un véritable frein au recyclage des déchets du second oeuvre.
• Certains déchets sont dangereux : équipements électriques, tubes fluorescents, lampes à économie d’énergie, bois traité… autant de déchets qui nécessitent un traitement spécifique et donc une collecte séparée.
• La qualité des déchets est dégradée s’ils sont mélangés dans une benne, ce qui rend impossible leur recyclage, par exemple le verre ou le plâtre brisé, le mercure provenant de tubes fluorescents, etc.
• Des taux de valorisation trop faibles et peu lisibles : selon l’ADEME, le taux de valorisation des déchets inertes en mélange (verre, faïence, carrelage, sanitaires…) n’est que de 35 %, et de 15 % pour les déchets non dangereux (plâtre, bois, revêtement de sol, isolants…). Ceux annoncés par les gestionnaires de déchets, souvent plus élevés, sont transmis par les platesformes de tri des déchets du BTP. Ils concernent l’ensemble des déchets qui y transitent, tous chantiers et types de déchets confondus, dont souvent des déchets hautement recyclables tels que les gravats. Les taux de valorisation transmis sont donc non représentatifs des déchets du second oeuvre.

Valorisation des déchets à périmètre économique constant
Il est nécessaire de collecter les déchets séparément dans des contenants adaptés. Avec la dépose sélective, nul tri à effectuer : les déchets sont mis directement dans les contenants dédiés dès leur dépose. Ces contenants, plus petits que les bennes, sont plus maniables et transportables depuis le poste de travail des opérateurs jusqu’à l’aire d’évacuation des déchets et permettent de limiter les manipulations.
Par ailleurs, l’utilisation de contenants séparés permet d’augmenter le taux de valorisation et d’avoir une estimation du taux de valorisation des déchets du chantier au plus proche du réel, car transmis par familles de déchets.
Une responsabilité collégiale
Dans les faits, la responsabilité de la gestion des déchets pèse sur les entreprises de travaux alors que, sur le plan juridique, il existe une notion de coresponsabilité qui commence dès la maîtrise d’ouvrage. Celle-ci doit mettre en place, via la maîtrise d’oeuvre, un réel pilotage de la gestion des déchets et exiger la traçabilité des déchets. Les entreprises de travaux doivent connaître les filières de valorisation et les gestionnaires de déchets doivent proposer des services adaptés aux caractéristiques de chaque chantier et aux objectifs de valorisation des déchets.

Les leviers de changement
• La maîtrise d’ouvrage doit exprimer ses attentes
• La maîtrise d’oeuvre doit préparer et suivre la gestion des déchets
• L’entreprise chargée du curage doit être un spécialiste
• Le gestionnaire de déchets doit être transparent
• La formation des acteurs coresponsables de la gestion des déchets. Les travaux du projet DÉMOCLÈS ont démontré que la gestion des déchets n’est pas connue, en particulier dans la phase de préparation des travaux. Il est nécessaire de former les différents intervenants, les MOE, diagnostiqueurs déchets, conducteurs de travaux, chefs d’équipe, gestionnaires de déchets.
• Optimiser l’exploitation des outils de suivi existants : diagnostic déchets, registre des déchets, SOGED… constituent autant d’outils pratiques qui permettent d’assurer le suivi des déchets. Une collecte séparée dans des contenants différents et adaptés divers types de déchets devrait permettre de les recycler à plus de 80 % et ce sans surcoût.