
L’hôtel Cures Marines, anciennement casino de Trouville, en Normandie, vient d’être rénové. Les concepteurs lumière ont opté pour une approche moderne qui respecte toutefois l’identité historique du bâtiment.
Aux alentours de 1830, deux peintres connus pour leurs marines, Eugène Isabey et Charles Mozin, découvrent un petit village de pêcheurs en Normandie, Trouville. Proche de la capitale par la route et par les rails, Trouville accède rapidement au rang de station balnéaire chic et très fréquentée. La construction de l’actuel casino, de 6 500 m², dont une partie était consacrée aux « Bains chauds », est confiée à l’architecte Durville et l’inauguration a lieu en juin 1912. Conçu pour être le plus grand d’Europe, le casino de Trouville subit la concurrence immédiate de celui de Deauville et du Normandy. Il devient musée municipal en 1937, jusqu’à la fin des années 1950, puis centre de cures marines, pour fermer ses portes à la fin des années 1990, le nouveau propriétaire renonçant à entreprendre les travaux de grande ampleur nécessaires à sa mise en conformité. Aujourd’hui, Cofinance (groupe Accor) et l’agence d’architecture Mercure Engineering et Consulting ont fait renaître l’établissement légendaire sous la forme de cet hôtel 5-étoiles de la collection MGallery. L’établissement comprend 103 chambres et 7 suites, un restaurant gastronomique et deux bassins d’eau de mer, sans compter les 33 cabines de soins.

Afin de conserver toute son authenticité et son histoire au bâtiment, les concepteurs, Akari-Lisa Ishii et Éric Michel, ont créé une mise en lumière extérieure qui en accentue le classicisme architectural tout en révélant une apparence qui le projette dans la modernité. Ainsi sont-ils partis du postulat d’inscrire le bâtiment dans son environnement naturel en jouant des trois éléments terre, eau, air, tout en révélant sa nouvelle identité, qui associe réception, raffinement, bien-être, rayonnement… et ce, en gardant à l’esprit les attentes des futurs clients. Ils ont notamment souligné la verticalité de l’architecture en utilisant trois températures de couleur différentes qui naissent au pied de l’édifice, en caressent la façade jusqu’à la toiture. La luminosité et la chaleur de la lumière diminuent de concert de façon à laisser le faîte du toit se fondre doucement dans le ciel étoilé, tandis que les colonnes et les éléments remarquables de la façade sont soulignés par des accents de lumière ponctuels. Les teintes chaudes au sol se refroidissent ainsi progressivement en s’élevant, pour illustrer le passage de la terre à la mer, puis au ciel. Dans le respect de l’environnement et d’éclairage durable, les concepteurs lumière ont défini une gestion de l’éclairage qui permet de commander et contrôler l’ensemble des luminaires installés sur la façade et en particulier de réduire le nombre de points lumineux après minuit.

Toutes les fixations sont dissimulées dans les détails architecturaux (balcon, derrière les pots, jardinières, etc.), non accessibles au public et aux visiteurs, mais faciles à maintenir, afin d’éviter à la fois l’éblouissement et le vandalisme. Compte tenu des contraintes budgétaires liées à la fois à l’investissement et à l’optimisation de l’efficacité énergétique, les concepteurs ont choisi deux technologies de sources, les LED et les lampes aux iodures métalliques. Les façades sont remarquablement mises en valeur par des lampes HID dotées d’un indice de rendu des couleurs élevé, tandis que la couleur bleutée des LED souligne parfaitement les ardoises noires du toit. Le prix IES (Illuminating Engineering Society) 2016 a récompensé Akari-Lisa Ishii et Éric Michel pour la mise en lumière de l’hôtel Cures Marines.