
Ces dernières années ont vu naître beaucoup de littérature sur la maîtrise de l’énergie en éclairage public. Les polémiques sur l’extinction partielle ou totale une partie de la nuit ont fait débat, à l’heure même où les technologies de gestion permettant d’abaisser le flux peuvent fournir d’importantes économies. Pendant ce temps, les installations vieillissent – 30 % d’entre elles auraient plus de 30 ans – et ces neuf millions de points lumineux, à défaut d’être remplacés, doivent être entretenus de façon régulière. Une maintenance la plupart du temps prise en charge par des syndicats intercommunaux.
Le terme de maintenance recouvre, si l’on se réfère aux Recommandations de l’Association française de l’éclairage, «les dépannages, les opérations ponctuelles d’entretien, mais aussi le maintien dans les meilleures conditions possibles des qualités initiales de l’installation, dont l’éclairement, le confort visuel et la sécurité électrique ». L’éclairage public en quelques chiffres (source : Syndicat de l’éclairage) :
- 9 millions de points lumineux composent le parc d’éclairage public français
- Consommation globale du parc : 7 TWh d’énergie par an
- 75 % des luminaires installés ont plus de 25 ans
- 48 % de la consommation d’électricité d’une collectivité
- 37 % de la facture d’électricité d’une commune
- 18 % de la consommation totale d’énergie d’une commune
- Rythme global des rénovations : entre 2 et 4 %
- Potentiel d’économie d’énergie : de 40 à 80 %

Après l’entrée en vigueur du règlement qui a banni du marché européen les lampes à vapeur de mercure, « ballons fluorescents », les communes se sont mobilisées pour activer la rénovation de leur parc d’éclairage public. Interdiction de mise sur le marché ne veut pas dire obligation de déposer le matériel, mais les stocks ne se renouvelant pas, le changement de ces lampes devenait problématique pour les responsables de la maintenance.
Entre rénovation et maintenance
L’ensemble des opérations de maintenance est réalisé par des entreprises qualifiées ou des services disposant de personnel habilité, seul garant de la sécurité et du respect des règles de l’art. La périodicité de ces opérations doit prendre en compte les durées de vie différentes des composants d’une installation. Toutefois, certains sites exposés (fortement pollués, bords de mer, etc.) peuvent justifier de suivis particuliers, à périodicité renforcée. Devant l’ampleur de la tâche et pour faciliter la gestion de leurs installations, les communes se regroupent en établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) afin de développer plusieurs compétences en commun, comme l’aménagement du territoire, la gestion de l’environnement ou l’éclairage public. Sont notamment des EPCI, les syndicats intercommunaux et les syndicats mixtes auprès de qui les communes transfèrent leurs compétences en matière de maintenance de l’éclairage public ; c’est le cas du Symielecvar qui gère 13 000 points lumineux pour 32 communes (sur les 130 rattachées au syndicat) pour des contrats renouvelables tous les deux ans. « Nous avons commencé par remplacer les ballons, les luminaires ouverts ainsi que les boules avant de définir les prestations liées à la maintenance, commente Philippe Icke, directeur du Symielecvar. Il est difficile d’envisager de maintenir une installation dès lors qu’on ne trouvera plus une partie des composants à moyen terme. »
Même constat pour François Maumy, chef de service éclairage public au Sydec qui gère 331 communes du département des Landes. « Nous sommes dans une période de transition technologique ; il est aussi compliqué d’entretenir des luminaires devenus obsolètes que de changer un driver sur des sources LED. Les pièces sont rarement interchangeables d’un fabricant à l’autre… » En ce qui concerne les ballons fluorescents, le Sydec a également entrepris le changement radical et a déjà procédé au remplacement de 90 % d’entre eux ces deux dernières années, alors que, en quinze ans, le taux de renouvellement n’avait été que de 1,5 % ! Il faut ajouter à cela des réseaux anciens peu ou pas adaptés à cette technologie. « En revanche, les rénovations importantes ou les travaux neufs mettent en oeuvre de plus en plus en souvent des luminaires LED qu’il faudra bien, tôt ou tard, inclure dans les opérations de maintenance qui ne concernent pas seulement les pannes », précise Philippe Icke.
Les points névralgiques
La dépréciation est due à un certain nombre de facteurs qui affectent les performances de l’installation : baisse progressive des flux lumineux, défaillance des lampes (lampes à vapeur de mercure, sodium haute pression, iodures métalliques), leur encrassement, celui des réflecteurs et des vasques et, tout simplement, le vieillissement des luminaires. Sur le plan électrique, des défauts de contact au niveau de l’alimentation, la dégradation des composants (ballasts, condensateurs, câbles, etc.) sont autant de paramètres qui contribuent à la détérioration de l’installation. Avant même de programmer les opérations de maintenance, le prestataire doit donc établir une analyse de l’existant afin de bien connaître le parc installé. « Ce diagnostic est indispensable lorsque l’entreprise intervient, il permet de disposer d’une cartographie des points lumineux à laquelle elle doit avoir accès pour déterminer quels types d’intervention il y a lieu de lancer », commente Philippe Icke. Outre la vérification des armoires et des boîtiers de connexion, le contrôle de l’installation de l’éclairage public consiste principalement à remplacer les lampes, à procéder au nettoyage des luminaires lors de ces opérations et à vérifier l’état des candélabres. Pour ce faire, le contrat de maintenance prévoit des visites à titre préventif ou curatif.

Une réactivité immédiate

La maintenance préventive sur le terrain, si elle existe toujours, a laissé la place au contrôle des installations via un logiciel qui permet aux responsables de voir l’état des matériels en temps réel. Tout y est répertorié : le nombre de points lumineux, leur emplacement, la date de leur mise en service, le type de lampes. Au Symielecvar, le contrat de maintenance est de trois ans ; le syndicat fait appel à des entreprises spécialisées et s’assure de la fiabilité du parc, du suivi des interventions et des prestations. L’entreprise prestataire a un accès à l’outil de gestion (Saga) qui attribue un numéro à cha que point lumineux. Soit l’entreprise effectue une tournée mensuelle, soit la panne est signalée (par la mairie via l’outil de gestion) et l’intervention doit avoir lieu dans un délai de 24 heures.
Au Sydec, le principe est sensiblement le même : à la différence près que le syndicat a ses propres équipes d’intervention. « Sur 250 personnes, 40 se consacrent aux travaux d’électricité dont 21 sont affectées à la maintenance, explique François Maumy. Nous gérons 105 000 points lumineux, soit un foyer pour quatre habitants ; ceci ne veut pas dire que nous sommes plus éclairés qu’ailleurs, mais que la densité est moindre, car nous comptons beaucoup de communes rurales. Nous bénéficions de trois dépôts de stock et de six camions nacelles prêts à intervenir. » Les visites nocturnes se déroulent une fois par mois pour les communes de plus de 1 000 habitants. Là aussi, le système de déclaration de panne s’effectue en ligne (logiciel Geolux) : en cas d’urgence, une équipe se rend dans l’heure qui suit sur le terrain, sinon dans un délai de deux ou trois jours. Et « si la LED constitue une technologie qu’on ne peut pas ignorer, comme le souligne Philippe Icke, elle ne marquera pas pour autant la fin des opérations de maintenance qui devront toutefois être adaptées afin de tenir compte de la spécificité des nouvelles sources et de leur durée de vie ».

Si les nouvelles technologies, les systèmes de détection de présence, de gradation sont de plus en plus souvent mis en œuvre dans le cadre de rénovations, certaines communes éteignent encore l’éclairage public pour faire des économies. Franchir le pas dans les installations neuves n’est plus un problème, mais dans les rénovations importantes, il s’agit aussi de refaire les réseaux, opérations qui ont un coût parfois trop élevé pour de petites collectivités. Dans les deux exemples cités, les lampes à vapeur de mercure ont été remplacées par des lampes sodium haute pression et des lampes aux iodures métalliques de dernière génération qui améliorent l’efficacité globale de l’installation de l’éclairage public et, même si les durées de vie n’atteignent pas celles des LED, diminuent également les coûts de maintenance.