
Entre travail d’orfèvre et minutie d’horloger, la conception de l’éclairage relie les espaces, tels les rouages de l’architecture du centre R & D d’EDF de Saclay. Des premières esquisses à la mise en oeuvre des luminaires en passant par leur fabrication, c’est toute une équipe d’experts – 8’18’’, Regent, Snef, aux côtés de Francis Soler – qui, avec une approche quasi artisanale, a imaginé, conçu, élaboré, développé et installé des luminaires uniques et sur mesure.
Situé sur le Plateau de Saclay, près de Paris, le Centre Recherche et Développement d’EDF est le plus grand centre de recherche au monde, réunissant plus de 1 500 chercheurs sur un seul site. Le projet rassemble quatre bâtiments circulaires, économes en énergie. Les façades associent de grandes baies vitrées coulissantes donnant sur une coursive décaissée et fermée sur toutes les circonférences par de grands lés de verre posés verticalement en alternance avec des vides de même importance.
« Ces séquences courtes, au dessin inédit, bâtissent l’écriture particulière et originale du centre. Elles diffusent et distillent, à l’intérieur des espaces de recherche, une lumière particulière, propre à la concentration », souligne Francis Soler qui a poussé sa réflexion jusqu’à dessiner les premières ébauches des luminaires.
« J’ai renoué ici avec la tradition du métier d’architecte qui consiste à tout dessiner, mais je n’avais jamais imaginé d’appareils d’éclairage auparavant. La lumière me fascine, elle accompagne l’architecture et, à Saclay, la magie opère dans les deux sens : de l’extérieur vers l’intérieur et vice versa. Le travail de conception de l’éclairage reste bien entendu une affaire de spécialistes, et c’est pour cette raison que j’ai fait appel aux concepteurs lumière de l’agence 8’18’’. »

Béton, métal et transparence
Tous les luminaires du centre EDF/Saclay ont été conçus par l’agence 8’18’’ et jouent avec les matières, reprenant les thèmes de l’architecture de Francis Soler : le béton le métal et la transparence, et tout particulièrement le luminaire fluorescent fabriqué par Regent. « Nous voulions rendre un objet technique beau, presque impudique, explique Rémy Cimadevilla, concepteur lumière associé, 8’18 ». L’alliance de l’acrylique et de l’aluminium ne présente pas une originalité en soi, c’est l’utilisation que nous avons faite de la transparence qui est un peu particulière : elle laisse voir la technicité du luminaire, le plus souvent dissimulée à la vue dans les appareils d’éclairage classiques. » Autre caractéristique, le diffuseur comporte des parties frontales qui sont fixées à l’aide de verrous fabriqués dans la même matière afin de conserver toute sa transparence à l’appareil. « Le luminaire devait aussi se fondre avec les éléments acoustiques, précise Mario Boellmann, chef du bureau d’études Regent, et ne pas gêner la climatisation. Au lieu de l’ouvrir par le bas, comme il est courant de le faire pour les appareils IP20, nous avons inversé et ouvert par le haut et avons adapté ses dimensions (150 x 80 mm) qui n’existent pas dans nos produits standard. » Une fois le design finalisé, restait aux concepteurs lumière de 8’18’’ à trouver un fabricant prêt à se lancer dans ce qui allait devenir, selon l’expression de Rémy Cimadevilla, un « bijou technologique ». Après une première sélection, trois prototypes ont été présentés au maître d’ouvrage qui a retenu celui de la société Regent. Un travail d’orfèvre a alors commencé car, dans cette aventure, tout, ou presque, devait être étudié sur mesure, puis fabriqué à 6 000 exemplaires, avec plus d’une vingtaine de déclinaisons différentes.

Des exigences énergétiques élevées
Le centre de la R & D d’EDF bénéficie d’une double certification environnementale, HQE et BREAAM, et du label Bâtiment basse consommation (BBC). Le programme était donc très contraignant en ce qui concerne l’efficacité énergétique de l’éclairage : 5 W/m², une uniformité de 0,7 dans 90 % des locaux et un niveau d’éclairement moyen de 350 lux. Principalement installé dans les bureaux et les salles de réunion (mais aussi dans les espaces de restauration, les circulations et quelques salles multifonctionnelles), le luminaire devait également répondre aux préconisations de la norme européenne EN 12464 et présenter un contrôle de l’éblouissement en conformité, soit un UGR <19, un rendement supérieur à 90 %, et une efficacité lumineuse élevée.

Quant à la source, surprise : là où tout un chacun s’attend à voir un éclairage LED, on découvre un luminaire 100 % fluorescent. Rémy Cimadevilla explique son choix : « Les tubes T5 n’ont pas leur pareil pour fournir un équilibre des luminances dans tout l’espace et ils éclairent à 360° ; ils offrent une efficacité lumineuse de 110 lm/W et une durée de vie de 25 000 heures. De plus, compte tenu de la quantité d’appareils, l’investissement était difficile à envisager avec des LED. Sans oublier que leur alimentation électronique permet d’obtenir les mêmes possibilités de gradation que ces dernières. » Point important puisque, dans les bureaux, l’éclairage est géré automatiquement et de façon centralisée, en temps réel. Pour autant, les utilisateurs peuvent, à tout moment, agir individuellement, si besoin.
Au centre de la recherche et développement
En tout, ce ne sont pas moins de vingt-deux modèles qui ont été développés avec la précision de rouages d’horlogerie dans le laboratoire de Regent, à Bâle. « Chaque pièce de l’appareil a été soigneusement étudiée, ajustée à chacune version : encastré, semi-encastré, luminaire linéaire, suspension, modèles pouvant intégrer des spots LED, détaille Mario Boellman. C’est grâce à une collaboration étroite entre toutes les équipes que nous avons pu écrire cette histoire. Nous avons été accompagnés en amont par les concepteurs lumière et en aval par l’entreprise d’installation. »

Ainsi, Snef a-t-elle a créé des pièces de fixation spécifiques au montage en plafond afin de gommer cinq petits millimètres d’écart. Les connexions mécaniques et électriques ont été intégrées avant la sortie d’usine de façon à pouvoir installer rapidement et en toute sécurité les appareils sur place. Le « bijou technologique » présente les propriétés d’un produit de haute facture : une efficacité lumineuse de 93,5 lm/W, un rendement de 0,9, un UGR <19, un flux lumineux de 2 600 lm, une température de couleur de 4 000 K pour un IRC supérieur à 80, et une gestion en DALI. Ne lui manque qu’une chose : un nom…
